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15 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS" 7

Pierre Salas- CHAPITRE 7-

LA  GUERRE D’ALGERIE.(1954 à 1962)

         Ce retour à la vie civile fut bref et  ne dura pas longtemps car quelques mois après, les événements se précipitant, nous fumes rappelés en même temps que certaines classes de métropole et versés dans des Compagnies Rurales pour ratisser les djebels à la recherche de fellaghas pas encore  très nombreux.

         Avec des gars de chez nous et des environs de notre département, nous sommes versés dans une Unité d’intervention et envoyés non loin de la frontière marocaine, à Nemours joli port de pêche de l’ouest oranais.

         Notre mission principale consistait en la protection 24 heures sur 24 d’une grosse carrière de la région.

C’est là où nous avons été confrontés pour la première fois à cette guerre larvée et sournoise dans toute son horreur, en déplorant l’assassinat barbare de l’un de nos copains, le Caporal-chef Soriano ( ?), enlevé, égorgé et pendu à un figuier.

         L’enlèvement de ce copain, originaire de Mercier Lacombe, eut lieu  au  retour d’une permission, pendant qu’il attendait le bus devant l’amener à notre campement.

         Une opération de ratissage est aussitôt montée mais bien évidemment, ces assassins, avait quitté les lieux depuis longtemps.

         Ce premier contact avec la mort  nous rend  particulièrement nerveux, suspicieux et vigilants. Le danger est là, autour de nous. Invisible il  nous entoure et  notre moral est ébranlé. Nous savons maintenant que nous affrontons un ennemi, invisible et insaisissable et l’avenir nous confirmera ce que nous pensions tous déjà de cette guerre.

         Nous ne restons que trois mois environ à Nemours et nous ne sommes pas fâchés de quitter cet endroit devenu sinistre pour nous, pour nous diriger non loin de là, à Béni-Saf, autre port de pêche et  haut  lieu de villégiature bien connu de l’Algérie heureuse d’avant.

         Là, au bout de quatre mois de crapahutage, éreintant et inutile, certains d’entre nous sont affectés à d’autres compagnies rurales ou dans des services hospitaliers.

         Cette guerre, pudiquement appelée “Opération de maintien de l’ordre” et qui ne veut pas avouer  son nom, existe bel et bien et nous devons affronter un ennemi insaisissable et que nous croisons probablement chaque jour au sein même de nos unités; en disant cela je ne peux m’empêcher et de me référer au massacre de Sebabna, entre Nemours et Nedroma (région de Tlemcen) où dans la nuit, le camp de Tralimet à 4 heures du matin, fut attaqué par des rebelles avec la complicité de rappelés musulmans sous la conduite d’un caporal-chef félon nommé Soudani, qui leur ouvrirent les barrières de barbelés.

         Dés la première attaque, le Lieutenant Fournier et une vingtaine de ses hommes surpris par cette attaque inattendue, furent abattus ou égorgés sans pouvoir se défendre. Les rebelles et leurs complices s’enfuirent avec armes et bagages en direction de la frontière Marocaine distante d’une quinzaine de kilomètres.

         Il y eut bien une opération de ratissage montée dans les heures qui suivirent, mais il était trop tard et elle s’avéra négative.

         Dans l’après-midi du même jour, les malheureuses victimes furent dirigées vers la morgue de l’hôpital militaire de Tlemcen et ce soir-là, j’étais de permanence au secrétariat.

         Il était dix-neuf heures quand nous fûmes prévenus par radio de l’arrivée imminente du GMC transportant les dépouilles de nos malheureux compagnons d’arme, et chargés d’effectuer les formalités inhérentes à leur accueil.

         L’estomac au bord des lèvres,  j’aidais les infirmiers de la morgue, à descendre mes infortunés camarades et à les déposer sur des tables en ciment destinées à cet effet.

         Quelle ne fût pas ma stupeur catastrophée de reconnaître parmi eux, un ancien camarade de  lycée André Picard, originaire d’Oran, comme presque toutes les autres victimes. Le destin cruel me faisait le retrouver gisant inerte et ensanglanté devant moi. Il portait une alliance à son auriculaire gauche. J’étais tellement ému que je ne fus pratiquement plus d’aucune utilité. C’était une circonstance  affreuse pour moi et un drame horrible que je  vivais en cet instant et  je pensais à ses parents, à  sa jeune veuve que je ne connaissais pas  et aussi peut-être à ses enfants orphelins de  père maintenant, imaginant quelle serait leur douleur en apprenant  cette tragédie dont les journaux ne manqueraient pas d’en faire état.

         J’étais plein de rage impuissante à l’encontre de cette guerre qui ne reculait devant rien. Le plâtre des murs de ma chambre garda jusqu’à mon départ l’empreinte des phalanges de mes poings

         Deux mois plus tard, nous étions libérés et  rendu à la vie civile mais avec affectation à une unité territoriale, où dans notre ville avec d’autres camarades nous étions chargés d’assurer des permanences hebdomadaires de garde et de surveillance des édifices publics, et cela dura encore cinq ans de plus jusqu’à l’indépendance.

         Le reste du temps nous vaquions à nos occupations professionnelles habituelles.

         Ce climat d’insécurité permanente, de crainte de l’attentat, de suspicion  envers tout le monde,  nous l’avons vécu jusqu’à l’exode en Juillet 1962.

          Etait-ce une bonne chose d’avoir instauré une territoriale composée exclusivement d’Européens ? On ne le saura jamais, peut-être était-ce voulu et prémédité mais c’est ainsi que la scission entre les communautés, commença.

         Les drames éclatèrent au grand jour.

                   A partir de cette période, les affaires en général, commencèrent à se dégrader.

         L’économie  se ressentait de cette crise dans laquelle se débattaient les différentes communautés et la peur de l’autre commença sournoisement à s’installer.

         Pour assurer la survie de nos entreprises et de notre personnel, nous étions obligés d’accepter des chantiers dangereux en pleines zones interdites et d’insécurité et pour leur  réalisation  nous agissions sous  protection militaire  pendant nos déplacements et la durée des travaux.

         C’est dans ces conditions difficiles, que furent construites dans toute l’Algérie, des bordjs pour les SAS, des casernes de gendarmerie aux frontières et le long de la ligne Maurice, s’étendant d’Oujda (Maroc)  jusqu’au delà de Colomb- Bechar.

         Notre entreprise réalisa plusieurs casernes de gendarmerie et des bordjs pour les SAS.

Nos deux derniers chantiers se situaient à Beni-Ounif et Khenadza, dans les environs de Colomb-Béchar, elle-même distante de 600 Kms de chez nous.

         Les seuls modes de locomotion étaient, soit l’avion, un DC3 à hélices, assurant hebdomadairement la liaison à partir d’Oran vers Bechar, soit par la route avec des véhicules appropriés au désert comme la 2CV Citroën ou la Dina Panhard, seuls véhicules capables de supporter le mauvais état des pistes et la température caniculaire. (Refroidissement par air)

         Et encore dans ce dernier cas, il était prudent et vital de se glisser dans un  convoi militaire, la route étant incertaine car minée du fait des bandes de fellaghas pullulant dans la région.

         Malgré tous ces problèmes, les chantiers se déroulaient quand même  et nous avions beaucoup de mérite à respecter à quelques semaines prés les plannings de travaux.

Ces derniers se déroulaient sous la protection de l’armée et certaines nuits, sous les tirs échangés entre fellaghas et nos militaires depuis Figuig (Maroc) et Beni-Ounif (Algérie) juste en face, à cinq ou six kilomètres de distance.

         Sur ces chantiers exposés et dangereux, il était vital et impératif de construire à vitesse accélérée, les sous-sols, protégés par une dalle en béton de 20 centimètres d’épaisseur. Dans ces locaux en dur, nous pouvions installer notre popote de chantier et  nos lits picots.

         La proximité de l’armée chargée de veiller sur notre sécurité était pour nous un gage de sécurité.

         Arriva le 13 Mai 1958 et l’époque des promesses d’une Algérie Française, fraternelle et prospère. Promesses faites par Charles De Gaulle, que nous avions aidé à mettre en place, pour nous inciter par son porte-voix  dans le cadre du fameux plan de Constantine à investir à outrance en Algérie car elle resterait “Française de Dunkerque à Tamanrasset jusqu’à la fin des temps”   Nous n’avions aucune raison de douter de sa parole et de son “je vous ai compris “ sur la place du Forum d’ Alger et.... nous avions tellement envie de croire en  ses déclarations qui nous paraissait sincères , avec ces  trémolos dans la voix. Trémolos qui n’étaient en fait que les signes précurseurs de sa haine envers ces Pieds-noirs qui avaient eu l’audace de mettre en doute son action en 1941. Pauvres naïfs que nous étions de prendre pour parole d’évangile ses discours aussi démagogiques et fallacieux que ceux d’un camelot marchand d’élixirs  à l’époque du Far West. Mais eux, on pouvait les lyncher.

         Quelle escroquerie ! Et comment  avons nous pu être crédules et naïfs à ce point ?

On aurait dû se  rappeler que parfois avec nos prétendus défenseurs ou amis, nous n’avons surtout pas besoin d’ennemis.

         Certains, à la désapprobation générale mais comme on le verra par la suite à juste titre, peu convaincus des promesses gouvernementales s’empressèrent de mettre leurs  avoirs  en lieu sûr, et d’autres (la grande majorité, dont nous faisions partie), avec l’aide de l’état et l’encouragement de ses banques investit en l’achat de terrains et en la  construction d’immeubles en co-propriété, car en vertu de ce fameux plan de Constantine, la population européenne et algérienne avait repris confiance et l’essor factice fût spectaculaire.

A suivre………

Pour commander l’ouvrage

Mail: salas-pierre@bbox.fr

Tel: 04 68 52 08 99 et 06 63 53 98 55
18 Rue Edouard Bourdet. 66100 PERPIGNAN
Prix 25.00€ + 3.5€ de frais de port.

Retour tous les chapitres.

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Commentaires
P
Chers amis de là-bas et d'ici<br /> Comme vous le savez, les 20,21 et 22 Aout prochains, le prochain SALON du SAVOIR-FAIRE PIED- NOIR organisé par USDIFRA se tiendra à PORT BARCARES au Mas de l'Ille .<br /> Profitons de la treve des vacances pour nous refaire une santé et acquérir un moral d'acier qui nous sera indispensable avant les nuages et les orages qui se préparent pour la rentrée de Septembre, car pieds noirs ou metros, les vacances sont la période ou chacun tente d' oublier ses soucis mais tenons nous sur nos gardes, car cette rentrée risque d'être pénible, et sans vigilence de notre part, certains d'entre les notres risqueraient fort de tomber de haut. Que chacun adopte l'attitude du suricate et scrute l'horizon politique trés attentivement et ne nous décontractons pas trop tôt.<br /> Pour l'instant, concentrons-nous sur le salon et faites le plus de pub possible pour attirer non pas des exposants ( tous les stands sont complets), mais des visiteurs, dont la présence sera pour nous un gage du succés que nous attendons et que nous espérons.<br /> Merci de faire paraître cet encart sur nos supports.<br /> Trés amicalement votre<br /> PIERRE
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