A NOS JEUNES AMIS DE FRANCE
Retour sur l'histoire de France il y a 50 ans
Jeunes amis de France, vous assistez, aujourd’hui, à des révoltes sanglantes dans le monde arabe. Et vous êtes indignés par les atrocités que ces chefs d’Etat, présidents ou rois, font subir à leurs peuples.
Vous avez raison de vous émouvoir car nous sommes tous très attachés à la Défense des Droits de l’Homme.
Nous l’avons été, aussi, en notre temps, lorsque la « révolution algérienne » s’est manifestée par les actes terroristes du FLN. Quatre années de souffrances et de massacres que les gouvernements français de l’époque avaient peine à juguler…
Jusqu’à un certain 13 mai 1958.
Lorsque, sa patience et son civisme, durement mis à l’épreuve depuis des années par la terreur, le peuple Français d’Algérie, musulmans et européens unis, descendit dans la rue pour demander le départ des gouvernants incapables de faire régner la paix dans le pays.
Jusque là, vous en conviendrez, il n’y a aucune différence entre les manifestations de rues des tunisiens, des égyptiens,des algériens, des libyens ou des yéménites, aujourd’hui et les français d’hier, en Algérie française, qui réclamaient le changement dans la politique menée par leur président. Non… ne dites surtout pas : « oui, mais là-bas, c’était différent ».
Le peuple - n’importe quel peuple - ne se révolte que pour de bonnes raisons. Et, dans les pays arabes d’aujourd’hui, c’est la tyrannie, la dictature, dans lesquelles ils sont plongés, qui font descendre les peuples dans la rue. Ce qui vous choque et vous inquiète, avec raison, c'est la réponse des autorités, par les répressions sanglantes dont ils sont les victimes pour oser se révolter contre « le Pouvoir de leurs chefs d’Etat ».
Aujourd’hui, de tous les gouvernements occidentaux, partent des condamnations envers ces despotes qui osent faire tirer sur les peuples désarmés. Ils ont raison, bien sûr.
Mais, comme vous n’avez jamais vécu en Algérie Française, il nous faut vous expliquer que ces tyrans arabes ne font que reprendre, à la lettre, les mesures répressives employées, en son temps, par « notre » général De Gaulle, président de la République française, lorsqu’il faisait tirer, en 1960 - 1961 - 1962, sur les civils Français qui manifestaient dans les rues d’Alger ou d’Oran, pareillement à ces populations en colère qui manifestent dans les rues de Tunis, du Caire, de Sanaa, de Manama ou de Tripoli.
Y aurait-il une différence entre les actes odieux et criminels d’un Kadhafi, d’un Ben Ali, d’un Bouteflika, d’un Moubarak et les actes odieux et criminels de De Gaulle ? Lorsqu’il a fait tirer au canon et par l’aviation, contre les populations de Bâb el Oued, qu’il a sciemment encerclées et affamées parce qu’il pensait que la résistance à sa politique indépendantiste partait de ce quartier d’Alger.
Lorsqu’il a donné l’ordre à l’armée française - NOTRE armée - de tirer dans les rues de France, à Alger, sur des manifestants pacifiques et désarmés, hommes femmes et enfants, qui demandaient que l’Algérie restât à la France.
Lorsque les combats de rues engageaient l’armée française, autorisée à ouvrir des feux nourris d’armes lourdes contre les contestataires de la politique algérienne du gouvernement que nous appelons les « résistants ».
Lorsque les half-track de la gendarmerie française, sillonnaient les rues dans les villes du pays, pointant leurs canons sur les populations sans défense et que les gendarmes français enlevaient les retardataires qui se trouvaient, malheureusement, sur leur passage pour les remettre aux terroristes sanguinaires du Fln.
Lorsque les tortures, aujourd’hui encore décriées par droit de l’hommistes et imputées à l’armée française, ont été pratiquées sur leurs frères français dont le seul crime était de vouloir résister à la politique du chef de l’Etat, De Gaulle.
Et, de loin, l’acte le plus ignoble de ce tyran fou est d’avoir interdit, sous peine de graves sanctions, aux chefs militaires de rapatrier, en France, les Harkis -militaires français- que l’armée avait enrôlés pour combattre les terroristes pendant huit années.
Ces mêmes harkis, qui, grâce à certains officiers supérieurs révoltés par cette mesure et contrevenant aux ordres de De Gaulle, avaient été embarqués dans un bateau vers la métropole, mère patrie, pays des Droits de l’Homme, bateau qui fut interdit d’accostage dans les ports de France et renvoyé en Algérie où ils se firent tous massacrer, dès leur arrivée, par les indépendantistes assoiffés de vengeance.
La même ignominie se répéta pour les quelque 3000 européens français qui, restés au pays comme le leur conseillait le président De Gaulle, furent massacrés, à Oran, par les algériens, sous les yeux de l’Armée française qui avait reçu l’ordre de l’Etat de ne pas intervenir pour les protéger.
Voyez-vous, dans ces actes terrifiants, l’ombre d’une démocratie ?
A-t-on condamné ce tyran, ce despote, ce fou, pour crimes contre l’humanité ?
A-t-on entendu ces gouvernants US ou Allemands ou Anglais ou d’autres, s’élever contre le despotisme, la tyrannie, les crimes, de ce général-président de la France qui faisait tuer ses propres citoyens français, son peuple au désespoir, parce qu’il osait s’élever contre la décision du Pouvoir, « son » Pouvoir ?
Nous n’avons rien entendu. Pourtant, les faits narrés ci-dessus sont vérifiables dans tous les livres d’historiens écrits par d’honnêtes français, civils et militaires, traitant de cette période de l’Histoire de France, sous la Vème République de De Gaulle.
Jeunes amis de France, si vous aviez vécu sous ce régime, diriez-vous que De Gaulle était un dictateur ? Certainement. Qu’il était à l’image d’un Bouteflika, d’un Kadhafi ou d’un Ben Ali, certainement.
Parce qu’il a usé des mêmes moyens que ceux-là, sans, pourtant, jamais avoir été ni condamné ni même critiqué par l’opinion publique.
Au contraire, la presse qu’il contrôlait, qu’il censurait, la presse du Pouvoir, ne diffusait que les informations (la désinformation) qui allaient dans son sens, confortant sa politique et cachant généreusement les exactions de son président.
Oui, Jeunes amis de France, le général De Gaulle était un dictateur.
Pourrez-vous, maintenant, comprendre les actes de résistances qui se sont manifestés contre les répressions sanglantes dont nous avons été les victimes sous le régime gaulliste ?
Comprendrez-vous que nous demandions, depuis cinquante ans, de l’Etat français, qu’il reconnaisse sa responsabilité dans tous les crimes commis sur la population française, par le président de la France, au nom de la France, de 1958 à 1962 en Algérie ?
Admettrez-vous, qu’aujourd’hui, nous nous gaussions d'un président de la République française, Nicolas Sarkozy, se réclamant du gaullisme, prêt à envoyer son armée avec celles des américains et des anglais, investir la Libye pour protéger le peuple opprimé par le dictateur Kadhafi ?
Certes, au nom du Droit à la Liberté des peuples à décider d’eux-mêmes, ces populations n’ont pas à subir les crimes dont elles sont les victimes.
Mais, si la France daignait balayer devant sa porte, avant que de se mêler des affaires des pays voisins opprimés, elle gagnerait en crédibilité et certainement à la sérénité et à l'apaisement de tous les Français.
Louis Des Issambres