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18 avril 2013

HOMMAGE A LA LEGION ETRANGERE

Le 30 Avril 1863… Il y a 150 ans : CAMERONE

Sur la terre imprégnée du sang des légionnaires, le soleil ne se couche jamais

« Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde

   Mais qui marchaient toujours et n’ont jamais plié…

   Nous sommes cette église et ce faisceau lié

   Nous sommes cette race éternelle et profonde…

   Nos fidélités sont des citadelles » (Charles Péguy)

 

             Bien loin de la France et de l’Algérie française, berceau de la Légion étrangère, un conflit se déroulait au Mexique. Ce pays avait acquis son indépendance en 1821, après onze ans de guerre contre l’Espagne. A partir de cette date, il était ravagé par une guerre civile où s’opposaient le parti conservateur et religieux (catholique) de Félix Zuloaga et  le parti libéral anticlérical de Benito Juarez qui rêvait d’une république fédérative à l’image des États-Unis.

             Le premier installa son gouvernement à Mexico, le second à Vera Cruz. Après sa reconnaissance par les États-Unis (6 avril 1859) et sa victoire de Calpulalpam, Juarez contrôlait l’intégralité du pays à la fin de l’année 1860. Cette période de troubles ayant épuisé les finances du pays, il décida de confisquer les biens de l’Église et de suspendre le paiement de la dette extérieure. A cela s’ajoutait le fait que durant cette guerre civile, les ressortissants des pays occidentaux avaient été dépouillés de leurs biens et même massacrés. Santa-Anna, l’un des chefs de parti, entama, dès 1854, des négociations avec plusieurs familles régentes européennes pour obtenir qu’un de leurs membres acceptât de devenir empereur du Mexique.

            En 1861, l’archiduc d’Autriche Ferdinand Joseph Maximilien, accepta de porter la couronne impériale mexicaine après avoir reçu de Napoléon III l’assurance qu’il l’aiderait à établir et protéger la monarchie du Mexique. En outre, Benito Juarez, président du Mexique, décida, à la fin des années 1850, de supprimer pendant deux ans le paiement de la dette due aux nations étrangères. Ainsi, la France, l’Angleterre et l’Espagne conclurent une convention, le 31 décembre 1861, à Londres, par laquelle elles s’engageaient à envoyer des corps expéditionnaires au Mexique.

            Napoléon III, malmené par une opposition politique active, saisit cette opportunité pour entreprendre une nouvelle aventure extérieure, propre à affermir un pouvoir vacillant. Et ce fut le Mexique où le poussaient aussi les amitiés de l’impératrice Eugénie et l’envie d’établir une grande monarchie catholique et latine pour faire contrepoids aux États-Unis protestants et anglo-saxons. C’est ainsi que l’empereur forma le projet de renverser le président mexicain afin de réaliser son ambition.

            Le 13 janvier 1862, les troupes alliées constituées de 700 royal marines britanniques, 6000 Espagnols et 2500 Français débarquèrent à Vera Cruz. Cependant, la plupart de ces hommes furent aussitôt frappés par la fièvre jaune. Dans ces conditions, il était impossible d’entreprendre quoi que ce soit…

            Lors des négociations qui s’ouvrirent sur le règlement de la dette, la France maintint sa demande de recouvrement, alors que les deux autres pays avaient compris que cela ne servait à rien. La réunion d’Orizaba du 9 avril 1862 se solda par un échec. Les troupes anglaises et espagnoles rembarquèrent aussitôt… tandis que 4000 soldats français supplémentaires arrivèrent sous le commandement du général de Lorencez. Le lendemain, le commandement français déclarait les hostilités ouvertes, officiellement en raison des déprédations causées par les troupes juaristes.

            Les troupes françaises enlisées dans un pays hostile s’essoufflaient. La Légion n’avait pas été retenue pour participer à l’expédition. Ses officiers adressèrent à l’empereur une pétition pour solliciter son engagement. Si cette violation de la voie hiérarchique leur causa quelques désagréments, elle porta néanmoins ses fruits. Le 19 janvier 1863, ordre fut donné à la Légion stationnée en Algérie, de mettre sur pied deux bataillons.

            En février 1863, ils s’embarquèrent à Oran après avoir défilé pour la première fois au rythme d’un hymne qui fera le tour du monde, « le Boudin » écrit par M. Wilhelm. Ils débarquèrent au Mexique le 28 mars 1863.

            L’armée française assiégeait Puebla. La légion avait pour mission d’assurer, sur cent vingt kilomètres, la circulation et la sécurité des convois. Le colonel Jeanningros, commandant le Régiment Étranger, apprit, le 29 avril 1863, qu’un gros convoi emportant trois millions en numéraire, du matériel de siège et des munitions était en route pour Puebla. Le capitaine Danjou, son adjudant-major, le décida à envoyer au-devant du convoi une compagnie. La 3ème compagnie du 1er Bataillon du  Régiment Étranger fut désigné mais elle n’avait pas d’officier disponible. Le capitaine Danjou en prit lui-même le commandement et les sous-lieutenants Maudet, porte-drapeau, et Vilain, payeur, se joignirent à lui volontairement.

            Le 30 avril, à 1 heure du matin, l’unité, forte de trois officiers et soixante-deux hommes, se mit en route. Elle avait parcouru environ vingt kilomètres, quand, à 7 heures du matin, elle s’arrêta à Palo Verde pour faire le café. A ce moment, l’ennemi se dévoila et le combat s’engageât aussitôt. Le capitaine Danjou fit former le carré et, tout en battant en retraite, repoussa victorieusement plusieurs charges de cavalerie, en infligeant à l’ennemi des premières pertes sévères.

            Arrivé à la hauteur de l’auberge de Camerone, vaste bâtisse comportant une cour entourée d’un mur de trois mètres de haut, il décida de s’y retrancher pour fixer l’ennemi et retarder ainsi le plus possible le moment où celui-ci pourrait attaquer le convoi.

            Pendant que les hommes organisaient à la hâte la défense de cette auberge, un officier mexicain, faisant valoir la grosse supériorité du nombre, somma le capitaine Danjou de se rendre. Celui-ci fit répondre : « Nous avons des cartouches et nous ne nous rendrons pas ». Puis, levant la main, il jura de se défendre jusqu’à la mort et fit prêter à ses hommes le même serment. Il était 10 heures. Jusqu’à 6 heures du soir, ces soixante hommes, qui n’avaient pas mangé ni bu depuis la veille, malgré l’extrême chaleur, la faim, la soif, résistèrent à deux mille mexicains : Huit cents cavaliers, mille deux cents fantassins.

            A midi, le capitaine Danjou fut tué d’une balle en pleine poitrine. A 2 heures, le sous-lieutenant Vilain tomba, frappé d’une balle au front. A ce moment, le colonel mexicain réussit à mettre le feu à l’auberge.

            Malgré la chaleur et la fumée qui venaient augmenter leurs souffrances, les légionnaires tinrent bon, mais beaucoup d’entre eux furent frappés. A 5 heures, autour du sous-lieutenant Maudet, ne restaient que douze hommes en état de combattre. A ce moment, le colonel mexicain rassembla ses hommes et leur dit de quelle honte ils allaient se couvrir s’ils n’arrivaient pas à abattre cette poignée de braves (un légionnaire qui comprenait l’espagnol traduisait au fur et à mesure ses paroles). Les mexicains allaient donner l’assaut général par les brèches qu’ils avaient réussi à ouvrir, mais auparavant, le colonel Milan adressa encore une sommation au sous-lieutenant Maudet ; celui-ci la repoussa avec mépris.

            L’assaut final fut donné. Bientôt il ne resta autour de Maudet que cinq hommes : le caporal Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin, Léonhard. Chacun gardait encore une cartouche ; ils avaient la baïonnette au canon et, réfugiés dans un coin de la cour, le dos au mur, ils faisaient face. A un signal, ils déchargèrent leurs fusils à bout portant sur l’ennemi et se précipitèrent sur lui à la baïonnette. Le sous-lieutenant Maudet et deux légionnaires tombèrent, frappés à mort. Maine et ses deux camarades allaient être massacrés quand un officier mexicain se précipita sur eux et les sauva. Il leur cria : « Rendez-vous ! » - « Nous nous rendrons si vous nous promettez de relever et de soigner nos blessés et si vous nous laissez nos armes ». Leurs baïonnettes restaient menaçantes.

« On ne refuse rien à des hommes comme vous ! » répondit l’officier.

             Les soixante hommes du capitaine Danjou avaient tenu jusqu’au bout leur serment. Pendant 11 heures, ils avaient résisté à deux mille ennemis, en avaient tué trois cents et blessé autant. Ils avaient, par leur sacrifice, en sauvant le convoi, rempli la mission qui leur avait été confiée.

 

            Après l’héroïque sacrifice de la Légion étrangère à Camerone, l’armée française enleva Puebla, le 17 mai, et entra à Mexico le 7 juin 1863. Le mois suivant, une junte conservatrice vota l’établissement d’un empire mexicain et légua la couronne à Maximilien qui ne l’accepta qu’après avoir obtenu de Napoléon III l’assurance d’un soutien prolongé de l’armée française.

            Dès la fin de la guerre de Sécession (avril 1865), les États-Unis, qui n’avaient pas reconnu Maximilien, se montrèrent résolus à imposer au Mexique le respect de la doctrine de Monroe, Président des E.U. de 1817 à 1825, qui consistait à repousser toute intervention européenne dans les affaires de l’Amérique et de l’Amérique dans les affaires européennes.

            Ne voulant pas courir le risque d’un conflit avec les Américains, dès le mois de janvier 1866, Napoléon III entama, au mépris des engagements qu’il avait pris à l’égard de Maximilien, un retrait progressif du corps expéditionnaire français affaibli par la fatigue, la fièvre jaune et les désertions.

            Ce mouvement fut accéléré par l’aggravation des tensions en Europe, provoquée par l’affrontement entre la Prusse et l’Autriche. Les dernières troupes françaises quittèrent le Mexique en mars 1867.

            L’armée impériale mexicaine, pourtant forte de près de 30 000 hommes ne put alors empêcher la victoire des troupes Juaristes en quelques semaines. L’empereur Maximilien refusa d’abdiquer et se réfugia à Querétaro. Trahi par ses propres hommes, il fut capturé le 14 mai 1867 et exécuté le 19 juin. Juarez retrouva un poste de président qu’il garda jusqu’à sa mort en 1872.

            L’échec de l’expédition du Mexique altéra gravement le prestige du second Empire. Cependant, Napoléon III décida que le nom de Camerone serait inscrit sur le drapeau du Régiment Étranger et que, de plus, les noms de Danjou, Vilain et Maudet seraient gravés en lettres d’or sur les murs des Invalides à Paris. En outre, un monument fut élevé en 1892 sur l’emplacement du combat. Il porte l’inscription :

 

Ils furent ici moins de soixante

Opposés à toute une armée,

Sa masse les écrasa.

La vie plutôt que le courage

Abandonna ces soldats français

Le 30 avril 1863.

A leur mémoire la Patrie éleva ce monument.

 

Depuis, lorsque les troupes mexicaines passent devant le monument, elles présentent les armes.

            Des combats comme celui de Camerone, la Légion étrangère en livra des centaines. Celui-là prit une valeur dramatique en raison de la disproportion des forces et de la fin tragique des défenseurs  qui choisirent de respecter jusqu’au bout le serment fait à leur chef de ne jamais se rendre et de résister jusqu’à la mort.

 

José CASTANO e-mail : joseph.castano0508@orange.fr

 

« La mémoire n'est pas seulement un devoir, c'est aussi une quête » (Commandant Hélie de Saint-Marc - " Les champs de braises ")

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Cet article sera publié dans la revue « Être et Durer », fin Mai 2013, éditée par le Cercle Nationaldes Combattants.

Cercle National des Combattants

Anciens combattants d’Algérie et des OPEX, adhérez au C.N.C

(Président : Roger HOLEINDRE, grand résistant de l’Algérie française)

Lien : http://www.cncombattants.org/ 

e-mail : cerclenationalcombattants@orange.fr

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- Paroles et musique « Le Boudin » - Cliquez sur : Le Boudin - Musique Militaire

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Cet article est extrait du livre « Et l’Algérie devint française… »

Pour en savoir plus, cliquez sur :   -Ma Bibliographie –

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Pour revoir tous les articles de José CASTANO,

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Commentaires
S
La légion étrangère ? J'ai passé ma vie de pied-noir à leur coté de 1933 (année de ma naissance) jusqu'au 29 Juin 1962, jour de mon exil forcé pour raisons de survivance et de ma plongée dans le monde nouveau qu'est celui des indésirables sur le sol de leur propre pays, notre mère LA FRANCE. <br /> <br /> En Algérie,. Mon père et moi étions dans le BTP et nos derniers chantiers à Sidi-Bel-Abbès, furent: la maison de retraite des anciens légionnaires à la cité Bellat et l'église ND de Fatima au Mamelon. Deux fleurons qui furent vite arabisés. J'espère que le jour de notre parution devant l'éternel, ce dernier dans sa grande mansuétude nous absoudra de nos erreurs pour lesquelles nous avons chèrement payé face à ces trous du cul qui nous gouvernaient avec à leur tête, le grand salopard de Colombey.<br /> <br /> Amen.
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