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20 avril 2016

LE DÉPART DES PIEDS-NOIRS ESPAGNOLS VERS L'ESPAGNE DU 26 JUIN AU 1 JUILLET 1962

           Du héros français de la Libération (ce que pour ma part je réfute) au monstrueux dictateur espagnol, l'Histoire n'est pas toujours aussi simple, et encore moins aussi manichéenne... Encore faut-il accepter de se défaire de schémas figés... et confortables.

             Les salauds d'un côté et les preux chevaliers de l'autre... c'est facile... pourtant la frontière qui sépare les deux est bien perméable...

            À préciser aussi avant la lecture de ce témoignage (dont tous les faits sont vérifiables) que nombre de Républicains espagnols rejoignirent Oran en 1939. Ceci afin d'éviter encore une fois les schémas faciles, notamment en lisant la fin et l'enthousiasme des personnes sauvées. Tout n'est jamais tout noir, et tout n'est jamais tout blanc… (LVD)

Une page de notre Histoire…

Oran, le 30 juin 1962

            Les péripéties de ce départ sont peu connues et pourtant on frôla l'incident international. Le consulat général d'Espagne à Oran avait prévu un rapatriement direct sur la péninsule, et la communauté de ce pays avait été prévenue de ce possible départ. Aussi, la dernière semaine de juin 1962, les Espagnols résidant dans les villages de la province d'Oran firent route sur la capitale en convois protégés, avec leurs voitures chargées au maximum, camionnettes et camions bourrés de ballots, de caisses, de meubles, de petites machines agricoles, etc., bref, tout ce qui pouvait être emporté sans pourtant avoir la certitude de parvenir à l'embarquer. D'autres, partis individuellement, n'arriveront jamais, car ils auront été arrêtés sur les routes, détroussés, voire égorgés par des bandes " incontrôlées " qui faisaient déjà régner leur loi à l'intérieur des terres.

            Aux arrivants s'ajoutent leurs compatriotes de la ville, et bientôt près de 3.000 personnes s'agglutinent près de l'usine thermique du port d'Oran, sur des terrains vagues vite transformés en véritable camp de refugies où l'on dort dans les voitures où à même le sol, des couvertures servant de parasol, vue la chaleur du mois de juin.

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            La, il n'y a pas d'eau, pas de buvette, et il faut se déplacer vers les zones d'embarquement, déjà surpeuplées, afin de s'approvisionner au minimum, ou bien aller jusqu'au vieux quartier de la Marine pour obtenir certains aliments, surtout pour les plus petits. Une véritable entraide s'établit immédiatement entre tous, mais un profond sentiment d'inquiétude s'amorce aussi, pour ne pas dire de la peur, sur ce que l'avenir peut réserver. Tous ont préparé une valise par personne au cas où les autorités les empêcheraient d'emporter tous leurs autres biens, les obligeant alors à abandonner tout le reste sur les quais du port où les véhicules se comptent déjà par centaines. Et cela sera perdu à tout jamais.

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juillet 1962, le port d'Oran et ses voitures abandonnées (source Popodoran)

            Dans un climat aussi tendu, on craint la non-venue des bateaux espagnols et de se retrouver ainsi a la date fatidique du premier juillet sur le port, livrés sans aucune protection a la merci des bandes de vandales qui déferleront surement sur la ville. C'est angoissant et on craint le pire à la veille de cette indépendance qui fait trembler.

Mardi 26 juin

            La nouvelle a couru comme une traînée de poudre : les navires arrivent, en effet, en fin de journée. Du boulevard Front de Mer on peut les apercevoir, immobiles au large, en eaux internationales où ils doivent attendre l'autorisation d'entrer au port. Dès lors, l'ambiance a viré de bord : la peur se transforme en espoir. Mais ce sera, hélas, pour bien peu de temps.

Mercredi 27 juin

            Les deux bateaux, le " Victoria " et le " Virgen de Africa ", en provenance des Baléares et frétés par l'Etat espagnol, demeurent toujours ancrés au large.
            Mais que se passe-t-ii donc ? Eh bien les autorités françaises, sur ordre de Paris, refusent l'accès aux deux navires ! La France avait déjà rejeté les aides américaine, italienne, grecque et espagnole pour faciliter l'évacuation, mais là, l'Exécutif français est intransigeant : "pas de panique ", la France estime pouvoir assurer toute seule ces départs de vacanciers " (sic), et ii ne faut surtout pas donner l'impression d'une fuite généralisée, d'un sauve-qui-peut face à la peur à cause d'une politique qui, en vérité, ne garantit plus rien.

            C'est l'échec total des fameux Accords d'Evian, c'est l'échec absolu des prévisions de l'Homme " providentiel " qui a fini par agir en démolisseur de l'Empire Français.

            Pendant ce temps, toutes les démarches du consulat, ainsi que du ministre espagnol des Affaires Etrangères, sont vaines. Il leur est répondu qu'aucun navire étranger ne pénètrera dans un port d'Algérie pour embarquer des " réfugiés ".

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Jeudi 28 juin

            Les bateaux espagnols, toujours à l'horizon depuis trois jours, demandent la permission d'envoyer un canot afin de ramener du ravitaillement pour des équipages venus simplement pour un aller-retour immédiat, vue la pénurie de vivres survenue a bord. Celle-ci est accordée, et le canot reviendra du port avec l'aide essentielle du consulat pour ce maintien en eaux internationales.

            Entretemps, le moral des réfugiés sur les quais est au plus bas, l'espoir faisant place au découragement. Toutes ces familles n'arrivent pas a comprendre ce refus aussi incohérent qu'inhumain, puisque ce départ pour l'Espagne ne peut en rien gêner la politique de la France.

Vendredi 29 juin

            La France vient de refuser à nouveau l'entrée des bateaux au ministre espagnol des Affaires Étrangères qui, à son tour, transmet à son gouvernement la position de Paris, tout en soulignant le danger que peuvent encourir ces milliers de personnes dépourvues de toute garantie de sécurité. Face à cet état de fait, Madrid décide l'envoi immédiat d'une protection pour ses ressortissants, sachant que dès le 30 juin à minuit, la France n'assumera plus l'ordre et renoncera à son autorité sur tout l'ensemble du territoire algérien.

            C'est ainsi que deux navires de guerre partent ce même jour du port militaire de Carthagène, cap sur Oran (1), tandis qu'en même temps le branle-bas de combat est déclenché dans les bases aériennes de San-Javier (Murcie) et d'Albacete. Des appareils sont armés et prêts à décoller pour appuyer la Marine si nécessaire.

Samedi 30 juin

            A Paris, le gouvernement est déjà informé de l'arrivée des navires de guerre espagnols en eaux internationales, en face d'Oran, ainsi que l'alerte donnée aux forces aériennes espagnoles. Il y a risque de créer un grave incident le 1er juillet, compte tenu de la détermination du chef de l'État espagnol d'alors, le général Franco, d'aller si nécessaire à une intervention militaire afin d'évacuer ses ressortissants.

            À 10 h du matin, le permis d'accoster est enfin accordé (peut-être après avoir consulté les autorités algériennes ?). Les deux bateaux de passagers s'approchent, et c'est la joie, presque la liesse, qui éclate dans le " campement de réfugiés ".

            À 13 h, les deux navires sont enfin à quai. Ce sont des " kangourous " qui font habituellement le trajet Barcelone - Palma de Majorque. Ainsi, le " Virgen de Africa " et le " Victoria " pourront embarquer les voitures, et sans limite de bagages. Après cette semaine de mauvaises nouvelles, un autre monde s'ouvre devant nous. L'embarquement commence donc, mais il faut encore subir les fouilles des bagages par les bons soins d'une compagnie de CRS, et si ces bateaux doivent se diriger sur l'Espagne, personne ne comprend ce qu'ils peuvent bien chercher avec autant de zèle.

            A 15 h 30. Tout le monde est déjà monté à bord, c'est-à-dire 2.200 passagers, 85 automobiles et un camion. Ainsi, avec une importante surcharge par navire, les quais sont désormais restés vides. Cependant, tout ne semble pas terminé. En effet, un officier des CRS et deux unités tentent de monter à bord du " Victoria ", mais le capitaine Sanchez Blasco, en haut de la passerelle, s'y oppose résolument : Ce navire tient lieu de territoire espagnol - affirme-t-il - et vous n'y avez aucune autorité - ajoute-t-il. La situation est tendue, et l'officier français demande alors des instructions par radio. Finalement les CRS se retirent. Selon eux, il "paraitrait" que des membres de l'OAS seraient montés à bord.

            A 16 h. Au moment où les deux bateaux larguent enfin les amarres, un vif échange de propos s'engage entre les passagers et les forces de l'ordre restées à quai dont, par bienséance, je ne reproduirai pas les termes ici, mais que l'on peut aisément imaginer.

            Tandis que les navires atteignent leur vitesse de croisière, les scènes à bord sont sans doute semblables à celles des départs de ces derniers jours : des sanglots et des larmes, et cette dernière image de la ville au pied de Santa-Cruz s'incrustant à jamais dans nos rétines.

            Dans un coin, appuyée sur la rambarde, une dame à moitié voutée, et toute de noir vêtue à la façon des femmes de l'époque dans les villages, pleure esseulée. Je m'approche d'elle pour l'aider à passer ce mauvais moment. 
Vous êtes seule, sans famille ? " Elle hoche négativement la tête. " Vous êtes veuve ? " " Pas encore ! "
            Sa réponse m'intrigue. J'insiste. " Mon mari est resté à Dublineau. Les propriétaires sont partis. La ferme est abandonnée, mais lui n'a pas voulu partir. Il y a quarante ans, c'est lui qui a planté tous les orangers, les citronniers, et depuis nous vivions dans cette ferme. Pour lui, c'est comme ses enfants, il n'a pas voulu les abandonner. Ils vont le tuer, mais lui soutient qu'il est ami de tous".

            J'ai rejoint le capitaine du " Victoria ", j'ai des biberons à faire chauffer et avec gentillesse un membre de l'équipage s'en charge. Pendant ce temps, je lui montre les deux bateaux de guerre qui, depuis notre départ, nous escortent. L'autorisation est arrivée juste à temps ! - lui dis-je. "Oui, cela m'a ôté une grande responsabilité, car nous avions ordre d'entrer au port dès le lever du jour du premier juillet, et embarquer tout ce monde sous leur protection, on ne sait jamais, cela risquait de tourner très mal".

            Il était clair que Madrid avait prévu la protection de ses ressortissants, par la force si nécessaire (comme il se doit !). Je n'ose imaginer ce qu'aurait été le 5 juillet avec tout ce monde désarmé et sans aucune sécurité sur le port.

            A plusieurs reprises, l'aviation espagnole nous survole. Une fois la nuit tombée, et déjà tout près d'Alicante, les lumières des escorteurs s'éloignèrent.

1er juillet

            À 2 h, les bateaux pénètrent dans le port d'Alicante. Tous les quais sont éclairés afin de faciliter l’accostage de nuit. La ville est prise encore dans le tourbillon de ses fêtes de la Saint-Jean. Dès notre arrivée, les membres de la Croix-Rouge montent à bord avec des boissons, des sandwiches, etc., et nous portent les bagages, tandis que les infirmiers s'occupent des enfants. Tout a été prévu : contrôles d'identité sans tracas et aide pécuniaires immédiate si nécessaire. Nous constatons ainsi que la ville a tout fait pour nous recevoir au mieux. De plus, croyant bien faire en guise de bienvenue, la mairie prend soudain l'initiative d’allumer un long chapelet de pétards, une "traca" qui fait sursauter tout le monde, tant cela rappelait les impitoyables mitrailleuses "12.7" et les détonations des "plastics".

            Désormais, une vie nouvelle allait commencer. Après avoir séché ses larmes, il fallait retrousser ses manches et se préparer à souffrir car, pour beaucoup, l'avenir semblait bien noir. Plus de cinquante ans sont passés depuis, et il me semble que c'était hier quand la bonne ville d'Alicante nous accueillait.

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Note : (1) l'embarquement de l'infanterie de Marine à bord de ces navires n'a pu être confirmé.

De Jo Torroja paru dans L'ÉCHO DE L'ORANIE 358. Mai-Juin 2015

Retour à l'Espagne de Franco et les pn Espagnols

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Commentaires
Y
Quelqu'un à connu la famille labrador à Oran au alentour des années 1930 svp
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D
au fait les "idiots utiles" a commencer par toi!!! quand on ne connait même pas l'histoire social de son pays ou celui d'un autre , mais vue que tu n'a pas préciser ou se trouve ton paradis donc j'en déduis que cela est en France ...va te cultiver un peu...
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D
au fait l'insulte c'est quand on ne sait plus quoi dire ..donc j'ai raison tête de con...
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D
ben apparemment tu ecris bien le français!!! et comme tu ne sais pas quoi dire vu que tu vie en France mais que tu ne l'aime pas bien qu'elle a donner du travail a tes ancêtres en Algérie (oui je te rappelle abrutis hypocrite que si tes ancêtres sont partis en Algérie c'est parce que les français y etait et il esperaient en cela vie meilleur!!! ) idem pour les français de souche ducon!!! apparemment tu n'est pas parti ailleurs d'ailleurs tu veux aller ou? en Angleterre connard? 500 000 anglais sont venu s'installer dans le grand-sud-ouest parce que chez eux...ben c'est trop violent quand a l'espagne pas un mec ou fille de marégion sont partis vivre en espagne alors qu'ils ont les origines et qu'ils ont de la famille là-bas!!! tu est un gros connard dans le paradoxe..on aime pas la France!! mais on y est bien quand même tu est aussi con et raciste que les arabes sac a merde !!!
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G
tu comprends rien semble t il et tu sais pas où je suis né ! lèches encore le cul de ce pays ton q va être jaloux de ta bouche
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D
Guy Julien ben non!!! les congés payés cela n'existe pas partout !!! et je crois que l'idiot c'est un peu toi là..et pour la sécu non plus quand au reste même pas en rêve!! ah pour le Canada il faut attendre 10 ans pour avoir 4 semaine de congés payés!!! hé oui!! et a condition de ne pas changer d'entreprise sinon tout est a recommencer...faudrait que tu sorte de la France de temps en temps ou t'interresser un peu plus a l'Histoire du pays ou tu est né
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D
ton blog est bourré de virus...il faut que tu fasses le menage....parce que c'est dommage....
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D
le fait que Franco et toute sa clique de monarchiste (ulterieurement) nous avez pousser en Algérie alors française etait pour se debarrasser des pauvres au profit des grands propriétaire terrien qu'est que tu crois qu'on foutaient en Algérie alors ...le coup de coeurs? sérieux !!! l'Algérie n'etait pas (et ne sera jamais) la Californie ... mais plutôt un pays assez pourris a ou il y avait des épidémies de malaria (revois ton Histoire au lieu de ta propagande d'idiot) d'ailleurs ma mère l'avait chopper quand elle etait gamine...et ton Franco n'etait qu'une pourriture de fasciste qui a massacrer des milliers de femmes pendant et d'homme dans son propre pays sans compter les enlevement forcé de bébés pour les revendrent les a des familles plus aisé... Franco n'a sauver que les plus privilégier laissant les autres espagnoles dans la merde...TOUS les pied-noirs qu ils soient Espagnol, Italien Maltais et même Sépharade sont venu en France...malgré le mauvais accueil les français par la suite nous ont tous integrer contrairement au Espagnol qui encore dans les années 60 etaient très antisémite (va voir l'Histoire des Marranes) et les lecture du prof, . Albert Benssousan...d'ailleurs TON Espagne a bien été incapable de re-integrer les espagnol venu en France durant tous le siecle...même après l'ouverture sur l'Europe tous les espagnol d'origines sont rester en France ainsi que les pied-noirs...au fait ...gauchiste...gauchiste...tu vis en France non? tes enfants et petits enfants n'ont pas cracher sur: les congés payés..la sécurité social....la retraite..les allocations familiales...la prime prénatal..le congé maternité...la medecine du travail..le paiement des heures supplementaires.. le salaire minimum ..le repos hebdomadaire ..sans compter les prudhommes qui permettrons que ton fils ou ta petite fille ne soient traiter comme des chiens parce que salariés le jour ou ils seront virer.....
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D
c'est bizarre cet empressement de la part de franco pour sauver ces "ressortissant" déjà français alors que depuis 1830 on les poussaient a partir d'Espagne, les espagnoles ne sont pas arriver en Algérie parce qu'ils ont eu un "coup de coeur" mais parce qu'ils etaient dans une misère noir et la France etait le seul pays qui pouvaient leurs assurer une avenir meilleurs d'ailleurs une majorité de pied-noir espagnol viendront en France
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A
Je suis d'une familles de pied noirs espagnole Bernal je suis victimes de massacre 5 juillet 1962 a Oran je porte le mon algérien c'est une longue histoire
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G
J'apprends l'histoire de l'Algérie que j'ai quittée à l'âge de 8 ans, de Bône. Ce site est parfait. On ne peut pas tout apprendre, sinon notre cerveau exploserais, mais ceux qui le peuvent doivent témoigner. Je pense que 2Gols voulaient un maximum de morts pour qu'il n'y ait plus de témoins, justement.
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L
HONTE àLA FRANCE
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L
Triste période pour nos compatriotes d'origine espagnole. Impossible à oublier ce passé douloureux.
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G
Merci au GENERAL FRANCO qui sauva des milliers de nos compatriotes et MERDE aux discours ANTI FRANQUISTE des partis politiques de l époque allant de l UNR ( gaullistes ) aux communistes complice des tueurs du FLN.
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