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16 juillet 2010

ET UN DANGER DE PLUS

N° 618

PROPOSITION DE LOI 

Fixant la destination du Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie et relative à la mémoire des victimes de l'OAS (Organisation armée secrète), 

SÉNAT 

SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2009-2010

Enregistré à la Présidence du Sénat le 7 juillet 2010 

PRÉSENTÉE Par M. Guy FISCHER, Mmes Nicole BORVO COHEN-SEAT, Éliane ASSASSI, M. François AUTAIN, Mme Marie-France BEAUFILS, MM. Michel BILLOUT, Jean-Claude DANGLOT, Mmes Annie DAVID, Michelle DEMESSINE, Évelyne DIDIER, M. Thierry FOUCAUD, Mmes Brigitte GONTHIER-MAURIN, Gélita HOARAU, M. Robert HUE, Mme Marie-Agnès LABARRE, M. Gérard LE CAM, Mmes Josiane MATHON-POINAT, Isabelle PASQUET, MM. Jack RALITE, Ivan RENAR, Mmes Mireille SCHURCH, Odette TERRADE, MM. Bernard VERA et Jean-François VOGUET, Sénateurs (Envoyée à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement.)

EXPOSÉ DES MOTIFS 

Mesdames, Messieurs,

         Érigé à la demande des associations représentatives des anciens combattants en Algérie, au Maroc et en Tunisie, le Mémorial national présent sur la promenade piétonne du quai Branly à Paris (7e) a vocation à perpétuer le souvenir et à rendre hommage aux Morts pour la France durant les combats des guerres coloniales en Afrique du Nord.

C'est au terme d'une longue concertation avec les pouvoirs publics que ce monument a vu le jour, le 5 décembre 2002.

         Par arrêté du 3 mars 1998, le secrétaire d'État à la défense chargé des anciens combattants (M. Jean-Pierre MASSERET) avait mis en place un groupe de réflexion chargé de déterminer les modalités de création d'un mémorial national de la guerre d'Algérie. Ce groupe, présidé par M. Jean LANZI, journaliste et ancien combattant d'Algérie, était constitué de représentants d'associations d'anciens combattants, de directeurs de centres d'archives, d'historiens, des parlementaires rapporteurs du budget des anciens combattants dans chacune des assemblées et de personnalités qualifiées.

         À l'issue de dix réunions, la commission avait adopté quatre conditions à la construction du mémorial : le mémorial devait être édifié à Paris et dans un lieu prestigieux se prêtant à des cérémonies commémoratives ; il devait porter les noms de tous ceux qui sont morts pour la France entre 1952 et 1962 en Algérie, en Tunisie et au Maroc ; une inscription devait rappeler le souvenir de tous ceux, supplétifs en particulier, ayant disparu après le cessez-le-feu ; les noms devaient être inscrits par année de décès et dans l'ordre alphabétique sans autre mention supplémentaire que le prénom du soldat. Il avait également et surtout été décidé que seuls les noms des combattants dont l'acte de décès était revêtu de la mention réglementaire « Mort pour la France » entre 1952 et 1962 en Algérie, en Tunisie et au Maroc figureraient sur le mémorial.

         En l'absence de toute consultation préalable des associations, historiens et personnalités ayant participé à la définition de ces principes fondateurs, le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants, M. Hubert FALCO, a annoncé, le 5 décembre dernier, que la colonne centrale du Mémorial serait, à partir du 26 mars 2010, dédiée à la mémoire des victimes civiles de la fusillade ayant tragiquement conclu, rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962, une manifestation à caractère insurrectionnel à laquelle l'OAS avait appelé et que les autorités civiles et militaires avaient interdite.

         Cette annonce a été suivie d'effet : le 26 mars 2010, au cours d'une cérémonie officielle, en présence d'un représentant du secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants, il a été procédé à une seconde inauguration du monument dont la colonne centrale a été dévoilée dans sa nouvelle présentation, faisant apparaître les noms et prénoms, issus d'une liste privée, de victimes civiles des événements en question.

         Que ces victimes aient été enrôlées ou simplement manipulées par l'OAS, elles n'en ont pas moins obéi en toute connaissance de cause à un mot d'ordre émanant d'un mouvement séditieux dont l'objectif consistait à faire obstacle, par les armes et la terreur organisée, par le massacre collectif ou l'assassinat individuel, par l'attentat aveugle ou ciblé, à l'application des accords d'Évian, majoritairement approuvés par les Français, et empêcher, par conséquent, l'accès de l'Algérie à l'indépendance.

         Si, de toute évidence, le respect est dû par la collectivité nationale à l'ensemble des victimes de la guerre d'indépendance de l'Algérie, sans exclusive d'aucune sorte, celles de la fusillade intervenue le 26 mars 1962 à Alger ne peuvent en aucun cas être assimilées aux Morts pour la France, appelés du contingent, supplétifs, militaires de carrière, membres des forces de l'ordre tombés sous les coups notamment de l'OAS.

         La mémoire de ces victimes de la rue d'Isly est, en tout état de cause, déjà collectivement visée par le message contenu sur une stèle latérale édifiée le 5 décembre 2006 sur le site du quai Branly. Elle est également honorée par le monument dit de la butte du Chapeau rouge, dans le 19e arrondissement de Paris. De surcroît, leurs noms sont gravés sur des plaques individuelles à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes), près de la statue de Notre-Dame d'Afrique.

         Les auteurs de la présente proposition de loi estiment que l'initiative prise par le secrétariat d'État à la défense et aux anciens combattants constitue à la fois un détournement de la vocation du Mémorial national du quai Branly et une offense aux Morts pour la France en Afrique du Nord. Ils y voient la marque d'une soumission, lourde de conséquences, aux thèses révisionnistes développées par des organisations extrémistes.

         Pour preuve : certaines d'entre elles se sont, pour la première fois, opposées frontalement au déroulement, le 19 mars dernier, des commémorations du cessez-le-feu en Algérie, provoquant, localement, incidents et troubles à l'ordre public.

         De la même façon, la multiplication des injures publiques faites à la mémoire du Général de Gaulle et l'émergence tant de diffamations visant les victimes de l'OAS que de menaces à l'égard des personnes qui en défendent le souvenir démontrent combien la falsification de l'histoire, tolérée voire entretenue par l'État, peut déchaîner la violence du discours et combien celle-ci peut se traduire dans les actes : en atteste le développement actuel des procédures dont les cours et tribunaux sont saisis par les victimes de ces comportements.

         L'indignation du monde combattant est d'autant plus vive que l'État français, bienveillant à l'égard des anciens factieux dont il accepte toutes les formes d'héroïsation, s'est toujours montré hostile à la reconnaissance pleine et entière du sacrifice des quelque 2 200 victimes de l'OAS, en Algérie comme en France, qu'il s'agisse de civils, de militaires, de magistrats, de policiers, d'enseignants, de fonctionnaires, défenseurs des institutions de la République.

         La représentation nationale est en droit de s'inquiéter et a le devoir de réagir face à un désordre mémoriel générateur de transgressions de la vérité historique et de divisions entre les Français.

         La proposition de loi sur laquelle il lui est demandé de se prononcer aura pour effet, si elle est adoptée, de permettre au Gouvernement de restaurer son image de garant des valeurs républicaines et de prévenir les initiatives, nationales ou locales, susceptibles, à deux ans du cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, de nuire à la réconciliation des mémoires et à l'apaisement des rapports entre la France et l'Algérie.

         Dans cette perspective, cette proposition de loi :

1°) consacre, en la légalisant, la vocation originelle du Mémorial national des Morts pour la France en Afrique du Nord, en sorte que ce monument retrouve et puisse conserver son aspect antérieur à la date du 26 mars 2010 et qu'il soit préservé de tout risque de voie de fait ;

2°) porte reconnaissance par la France des crimes de guerre commis par l'OAS ou en son nom, quelles qu'en aient été les victimes, en Algérie comme en France, et favorise la mise en oeuvre des poursuites pénales à l'encontre des auteurs ou complices du délit d'injure ou diffamation dirigée contre la mémoire desdites victimes ;

3°) tend à restreindre le périmètre des cérémonies commémoratives ayant pour objet de glorifier les auteurs d'agissements inacceptables, même en temps de guerre, commis par l'OAS ou en son nom, et dont l'apologie publique, plus ou moins explicite, est de nature à porter atteinte, d'une part, aux principes du respect dû aux familles de victimes et de la nécessaire sauvegarde de l'ordre public, et, d'autre part, aux règles de décence et de neutralité applicables aux lieux où elles se déroulent.

PROPOSITION DE LOI 

Article 1er 

Le Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (quai Branly à Paris) accueille sur ses colonnes les noms des seules personnes dont l'acte de décès est revêtu de la mention « Mort pour la France » attribuée à titre militaire.

Article 2 

La France reconnaît les souffrances subies par l'ensemble des victimes des crimes de guerre et attentats commis par l'Organisation armée secrète (OAS) ou en son nom, en Algérie et en France, de 1961 à 1962.

Par dérogation aux dispositions du premier alinéa de l'article 34 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, toute injure ou diffamation dirigée contre la mémoire d'une victime de l'OAS expose son auteur à la mise en oeuvre des sanctions prévues en application, selon le cas, des articles 31, 32 ou 33 de la loi précitée, que celui-ci ait eu ou non l'intention de porter atteinte à l'honneur ou à la considération des héritiers, époux ou légataires universels vivants.

Article 3 

Sont interdits les hommages publics à l'OAS lorsqu'ils prennent la forme d'inscriptions, images, effigies, plaques, stèles ou monuments dédiés, sur le domaine public, à l'organisation ou, nominativement, à l'un ou l'autre de ses membres, vivants ou décédés.

Sont également interdites les cérémonies honorant la mémoire des membres de l'OAS lorsqu'elles se déroulent devant les monuments aux morts, à l'intérieur ou aux abords de cimetières et en d'autres lieux publics et qu'elles s'accompagnent de prises de parole tendant, soit à ériger les membres de cette organisation en martyrs et héros de l'Algérie française, soit à valoriser les actes dont ils se sont rendus coupables.

La sanction applicable à toute personne ayant participé ou prêté son concours à la réalisation d'une infraction aux dispositions du présent article est celle prévue au cinquième alinéa de l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. 

Retour 26 mars 1962.  

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15 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS" 7

Pierre Salas- CHAPITRE 7-

LA  GUERRE D’ALGERIE.(1954 à 1962)

         Ce retour à la vie civile fut bref et  ne dura pas longtemps car quelques mois après, les événements se précipitant, nous fumes rappelés en même temps que certaines classes de métropole et versés dans des Compagnies Rurales pour ratisser les djebels à la recherche de fellaghas pas encore  très nombreux.

         Avec des gars de chez nous et des environs de notre département, nous sommes versés dans une Unité d’intervention et envoyés non loin de la frontière marocaine, à Nemours joli port de pêche de l’ouest oranais.

         Notre mission principale consistait en la protection 24 heures sur 24 d’une grosse carrière de la région.

C’est là où nous avons été confrontés pour la première fois à cette guerre larvée et sournoise dans toute son horreur, en déplorant l’assassinat barbare de l’un de nos copains, le Caporal-chef Soriano ( ?), enlevé, égorgé et pendu à un figuier.

         L’enlèvement de ce copain, originaire de Mercier Lacombe, eut lieu  au  retour d’une permission, pendant qu’il attendait le bus devant l’amener à notre campement.

         Une opération de ratissage est aussitôt montée mais bien évidemment, ces assassins, avait quitté les lieux depuis longtemps.

         Ce premier contact avec la mort  nous rend  particulièrement nerveux, suspicieux et vigilants. Le danger est là, autour de nous. Invisible il  nous entoure et  notre moral est ébranlé. Nous savons maintenant que nous affrontons un ennemi, invisible et insaisissable et l’avenir nous confirmera ce que nous pensions tous déjà de cette guerre.

         Nous ne restons que trois mois environ à Nemours et nous ne sommes pas fâchés de quitter cet endroit devenu sinistre pour nous, pour nous diriger non loin de là, à Béni-Saf, autre port de pêche et  haut  lieu de villégiature bien connu de l’Algérie heureuse d’avant.

         Là, au bout de quatre mois de crapahutage, éreintant et inutile, certains d’entre nous sont affectés à d’autres compagnies rurales ou dans des services hospitaliers.

         Cette guerre, pudiquement appelée “Opération de maintien de l’ordre” et qui ne veut pas avouer  son nom, existe bel et bien et nous devons affronter un ennemi insaisissable et que nous croisons probablement chaque jour au sein même de nos unités; en disant cela je ne peux m’empêcher et de me référer au massacre de Sebabna, entre Nemours et Nedroma (région de Tlemcen) où dans la nuit, le camp de Tralimet à 4 heures du matin, fut attaqué par des rebelles avec la complicité de rappelés musulmans sous la conduite d’un caporal-chef félon nommé Soudani, qui leur ouvrirent les barrières de barbelés.

         Dés la première attaque, le Lieutenant Fournier et une vingtaine de ses hommes surpris par cette attaque inattendue, furent abattus ou égorgés sans pouvoir se défendre. Les rebelles et leurs complices s’enfuirent avec armes et bagages en direction de la frontière Marocaine distante d’une quinzaine de kilomètres.

         Il y eut bien une opération de ratissage montée dans les heures qui suivirent, mais il était trop tard et elle s’avéra négative.

         Dans l’après-midi du même jour, les malheureuses victimes furent dirigées vers la morgue de l’hôpital militaire de Tlemcen et ce soir-là, j’étais de permanence au secrétariat.

         Il était dix-neuf heures quand nous fûmes prévenus par radio de l’arrivée imminente du GMC transportant les dépouilles de nos malheureux compagnons d’arme, et chargés d’effectuer les formalités inhérentes à leur accueil.

         L’estomac au bord des lèvres,  j’aidais les infirmiers de la morgue, à descendre mes infortunés camarades et à les déposer sur des tables en ciment destinées à cet effet.

         Quelle ne fût pas ma stupeur catastrophée de reconnaître parmi eux, un ancien camarade de  lycée André Picard, originaire d’Oran, comme presque toutes les autres victimes. Le destin cruel me faisait le retrouver gisant inerte et ensanglanté devant moi. Il portait une alliance à son auriculaire gauche. J’étais tellement ému que je ne fus pratiquement plus d’aucune utilité. C’était une circonstance  affreuse pour moi et un drame horrible que je  vivais en cet instant et  je pensais à ses parents, à  sa jeune veuve que je ne connaissais pas  et aussi peut-être à ses enfants orphelins de  père maintenant, imaginant quelle serait leur douleur en apprenant  cette tragédie dont les journaux ne manqueraient pas d’en faire état.

         J’étais plein de rage impuissante à l’encontre de cette guerre qui ne reculait devant rien. Le plâtre des murs de ma chambre garda jusqu’à mon départ l’empreinte des phalanges de mes poings

         Deux mois plus tard, nous étions libérés et  rendu à la vie civile mais avec affectation à une unité territoriale, où dans notre ville avec d’autres camarades nous étions chargés d’assurer des permanences hebdomadaires de garde et de surveillance des édifices publics, et cela dura encore cinq ans de plus jusqu’à l’indépendance.

         Le reste du temps nous vaquions à nos occupations professionnelles habituelles.

         Ce climat d’insécurité permanente, de crainte de l’attentat, de suspicion  envers tout le monde,  nous l’avons vécu jusqu’à l’exode en Juillet 1962.

          Etait-ce une bonne chose d’avoir instauré une territoriale composée exclusivement d’Européens ? On ne le saura jamais, peut-être était-ce voulu et prémédité mais c’est ainsi que la scission entre les communautés, commença.

         Les drames éclatèrent au grand jour.

                   A partir de cette période, les affaires en général, commencèrent à se dégrader.

         L’économie  se ressentait de cette crise dans laquelle se débattaient les différentes communautés et la peur de l’autre commença sournoisement à s’installer.

         Pour assurer la survie de nos entreprises et de notre personnel, nous étions obligés d’accepter des chantiers dangereux en pleines zones interdites et d’insécurité et pour leur  réalisation  nous agissions sous  protection militaire  pendant nos déplacements et la durée des travaux.

         C’est dans ces conditions difficiles, que furent construites dans toute l’Algérie, des bordjs pour les SAS, des casernes de gendarmerie aux frontières et le long de la ligne Maurice, s’étendant d’Oujda (Maroc)  jusqu’au delà de Colomb- Bechar.

         Notre entreprise réalisa plusieurs casernes de gendarmerie et des bordjs pour les SAS.

Nos deux derniers chantiers se situaient à Beni-Ounif et Khenadza, dans les environs de Colomb-Béchar, elle-même distante de 600 Kms de chez nous.

         Les seuls modes de locomotion étaient, soit l’avion, un DC3 à hélices, assurant hebdomadairement la liaison à partir d’Oran vers Bechar, soit par la route avec des véhicules appropriés au désert comme la 2CV Citroën ou la Dina Panhard, seuls véhicules capables de supporter le mauvais état des pistes et la température caniculaire. (Refroidissement par air)

         Et encore dans ce dernier cas, il était prudent et vital de se glisser dans un  convoi militaire, la route étant incertaine car minée du fait des bandes de fellaghas pullulant dans la région.

         Malgré tous ces problèmes, les chantiers se déroulaient quand même  et nous avions beaucoup de mérite à respecter à quelques semaines prés les plannings de travaux.

Ces derniers se déroulaient sous la protection de l’armée et certaines nuits, sous les tirs échangés entre fellaghas et nos militaires depuis Figuig (Maroc) et Beni-Ounif (Algérie) juste en face, à cinq ou six kilomètres de distance.

         Sur ces chantiers exposés et dangereux, il était vital et impératif de construire à vitesse accélérée, les sous-sols, protégés par une dalle en béton de 20 centimètres d’épaisseur. Dans ces locaux en dur, nous pouvions installer notre popote de chantier et  nos lits picots.

         La proximité de l’armée chargée de veiller sur notre sécurité était pour nous un gage de sécurité.

         Arriva le 13 Mai 1958 et l’époque des promesses d’une Algérie Française, fraternelle et prospère. Promesses faites par Charles De Gaulle, que nous avions aidé à mettre en place, pour nous inciter par son porte-voix  dans le cadre du fameux plan de Constantine à investir à outrance en Algérie car elle resterait “Française de Dunkerque à Tamanrasset jusqu’à la fin des temps”   Nous n’avions aucune raison de douter de sa parole et de son “je vous ai compris “ sur la place du Forum d’ Alger et.... nous avions tellement envie de croire en  ses déclarations qui nous paraissait sincères , avec ces  trémolos dans la voix. Trémolos qui n’étaient en fait que les signes précurseurs de sa haine envers ces Pieds-noirs qui avaient eu l’audace de mettre en doute son action en 1941. Pauvres naïfs que nous étions de prendre pour parole d’évangile ses discours aussi démagogiques et fallacieux que ceux d’un camelot marchand d’élixirs  à l’époque du Far West. Mais eux, on pouvait les lyncher.

         Quelle escroquerie ! Et comment  avons nous pu être crédules et naïfs à ce point ?

On aurait dû se  rappeler que parfois avec nos prétendus défenseurs ou amis, nous n’avons surtout pas besoin d’ennemis.

         Certains, à la désapprobation générale mais comme on le verra par la suite à juste titre, peu convaincus des promesses gouvernementales s’empressèrent de mettre leurs  avoirs  en lieu sûr, et d’autres (la grande majorité, dont nous faisions partie), avec l’aide de l’état et l’encouragement de ses banques investit en l’achat de terrains et en la  construction d’immeubles en co-propriété, car en vertu de ce fameux plan de Constantine, la population européenne et algérienne avait repris confiance et l’essor factice fût spectaculaire.

A suivre………

Pour commander l’ouvrage

Mail: salas-pierre@bbox.fr

Tel: 04 68 52 08 99 et 06 63 53 98 55
18 Rue Edouard Bourdet. 66100 PERPIGNAN
Prix 25.00€ + 3.5€ de frais de port.

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15 juillet 2010

14 JUILLET A ORAN

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FM a- 066- Bd Front de mer

Merci à Georges Vieville.

DEFILE DU 9èm HUSSARDS LE 14 JUILLET 1958-1959 AU TELAGH EN ORANIE

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Retour photos A.F.N. 

14 juillet 2010

26 MARS 1962

14 juillet 2010

UN DVD POUR L'HISTOIRE

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Du 26 mars 1962, rue d’Isly à Paris au 26 mars 2010, quai Branly à Paris

         On ne dira jamais assez notre reconnaissance à Nicole Ferrandis (seule rescapée miraculée de sa famille lors du massacre du 26 mars 1962 à Alger). Avec une opiniâtreté de Mère Courage, elle a réussi – malgré l’incompréhension (version charitable de dire les choses) de certains maximalistes qui confondent tchatche et efficacité – à imposer que les noms des assassinés de la rue d’Isly figurent sur un monument national, quai Branly, en plein centre de Paris.

         Des années de démarche, des négociations sans fin, des reculs, des avancées, des espoirs trahis, des paroles données puis reprises et, au bout, le 26 mars 2010, une cérémonie de réparation, avec piquet d’honneur présentant les armes, dépôt de gerbes, sonnerie aux morts, drapeaux inclinés.

         Un DVD existe pour raconter ces années de combat et cette cérémonie du quai Branly. Réalisé par Michel Barsky, c’est un document pour l’Histoire. Nicole Ferrandis, qui a laissé sa santé dans ce combat où elle fut souvent bien seule, explique :

         — Ce DVD réunit les moments forts des cérémonies organisées depuis sa création par l’Association des familles des victimes du 26 mars 1962. C’est ainsi que des extraits de Souvenez-vous, c’était le 26 mars 1962 à Alger, vidéo réalisée en 1999, du Bateau de la mémoire et du recueillement, vidéo réalisée en 2003, et du Cimetière des innocents, vidéo réalisée en 2007, jalonnent le chemin parcouru. Semé d’obstacles et d’embûches, ce chemin nous a conduit jusqu’au Mémorial national de la guerre d’Algérie, quai Branly, à deux pas de la Tour Eiffel, à Paris. Une succession de moments, remplis d’émotion, souvenirs précieux de chacune de ces cérémonies et, au final, le témoignage bouleversant de blessés

lors de cette tragédie, atteints dans leur chair et aussi dans leur âme. Quelques victimes vous attendent au terme de cette vidéo. Allez jusqu’à elles, à leur rencontre. Croisez leur doux regard, contemplez la bonté de leur sourire. Désormais, elles sont toutes « présentes ».

         Cette victoire – mémorielle et filiale – de Nicole Ferrandis a, faut-il le dire, déclenché les grandes manoeuvres de la FNACA et du PC. Mais celles, aussi, de deux sales types, Nicolas Dupont-Aignan et Patrick Balkany qui, gaullistes haineux (pardon pour la redondance), demandent au gouvernement que les noms de nos morts soient chassés du Mémorial du quai Branly. C’est pourquoi, faut-il le dire, il faut rester vigilant.

         Ajoutons que ce DVD est, de surcroît, un instrument utile à montrer (quitte à le leur offrir) aux édiles imbéciles qui, par idéologie ou affolés par les pressions de la FNACA, ont imposé dans leurs villes des rues du 19-Mars 1962.

         • Association des victimes du 26 mars 1962, BP 20027, 95321 Saint-Leu-la-Forêt Cedex. Tél. : 01 45 74 09 91. Prix : 21,50 euros. Durée : 1 h 30.

Article extrait du n° 7135 de Présent, Alain Sanders du Mercredi 14 juillet 2010

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Retour 26 mars 1962. 

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14 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS"

CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

CHAPITRE 3 

CHAPITRE 4

CHAPITRE 5 

CHAPITRE 6

CHAPITRE 7 

CHAPITRE 8

CHAPITRE 9

CHAPITRE 10

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10 juillet 2010

PROPOSITION DE LOI

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 29 avril 2010.

Visant à établir la reconnaissance par la France des souffrances subies par les citoyens français d’Algérie, victimes de crimes contre l’humanité du fait de leur appartenance ethnique, religieuse où politique.

RECONNAISSANCE des SOUFFRANCES des Fançais d'Algérie

            Au Sujet du  projet de Loi déposé le  29 Avril 2010 par des Députés UMP biens intentionnés

RAPPEL :

Les Accords d’Evian de 1962 prévoyaient :        (Extraits du texte)
– L’indépendance.
– Le retrait des autorités françaises des trois départements français, Alger, Oran et Constantine.

En réalité, il ne s’agissait pas d’accords au sens juridique du terme, le mot ne figurant nulle part dans le texte. Il ne s’agissait que d’une déclaration d’intention qui ne définissait pas les droits et obligations des deux parties ni ne prévoyait de sanction si les « intentions » n’étaient pas suivies des faits. D’ailleurs, le GPRA (Gouvernement provisoire de la République d’Algérie), réuni à Tripoli, refusa d’entériner ce texte   

                                                                                                                                                      

Commentaire à débattre :

         Comme dit dans ce projet de loi ces "accords" ne prévoyaient pas "l'indépendance" mais un référendum il est vrai que rien n'était dit si le résultat avait été négatif ? Le texte à donc bien été entériné de facto en Algérie comme en France par plus fort que les gouvernements où pseudos au regard du droit international (c'est un fait et non une sentence) Mais ce n'est qu'un point de vue. En tout cas le manque supposé "de validité juridique" ne gène pas ceux qui ne l'on pas respecté c'est à dire le FLN et abonde dans leur sens ! En atténuant  la responsabilité de ceux qui n'auraient pu le faire appliquer faute d'un appui technique juridique ! (Je crains que se soit la démarche objective de nos députés)

JF Paya  http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1808


         Au sujet des remarques sur le préambule du projet de loi déposé par des députés UMP (en toute bonne intention)

Réponse à certaines critiques légitimes :

J'ai bien lu les critiques sur Evian mais d'autres aussi notamment sur le dépôt à l'ONU. En tout cas entérinés par 2 référendums (contestables mais reconnus sur le plan international de facto!) ces "accords" ont fait l'objet de décrets qui nous régissent encore en droit privé état civil, etc… j'en ai plusieurs volumes. En tout cas, tout débat et controverse sont bon mais si le FLN n'avait aucune obligation :amnisties, indemnisations, etc... il a eu raison d'agir à sa guise et notre gouvernement président en tête est d'autant plus coupable et il faut alors le proclamer  dans ce préambule.

Maintenant ce n'est qu'un simple avis de citoyen

Cordialement J-F Paya

SOURCES

Pour l’enregistrement  à l'ONU:

         «Les déclarations du 19 mars communément désignées (sic) sous le nom »d’accords d’Evian« constituent une convention internationale », affirma-t-il, en raison d’une part de l’échange de lettres entre le Président de la République française et le Président de l’exécutif provisoire algérien et d’autre part du fait de leur enregistrement du 24 août 1964 au Secrétariat général des Nations unies (réponse du ministre des Affaires étrangères au Conseil d’Etat - mars 1968).

Remarque: seul "l'exécutif provisoire est considéré comme autorité légitime en Algérie après  l’indépendance dans l'attente d'élections prévues par le texte d'Evian. (Toujours le formel)

         Pour l'utilisation Juridique (et il y en a d 'autres) France, il est impossible de parler de victoire, à moins de considérer que le seul but des accords d’Evian était de la débarrasser du boulet algérien à tout prix. On comprend aisément qu’une grande partie des rapatriés continuent à les juger illégitimes dans leur principe. Mais il n’était pas nécessaire de croire à la possibilité d’intégrer l’Algérie dans la France pour les juger avec sévérité, comme l’a fait Maurice Allais, partisan d’une véritable autodétermination qui aurait respecté les droits des minorités : d’après-lui, c’était moins les accords d’Evian que l’absence de garanties réelles, de sanctions contraignantes contre leur violation prévisible, qui était condamnable [texte de Pervillé].

         Mais quoi que puissent en penser les rapatriés, il n’en est pas moins vrai que les accords d’Evian sont la meilleure base légale pour toute action de nature juridique ou judiciaire qu’ils voudraient entreprendre pour la défense de leurs intérêts matériels ou moraux: ils auraient tort de se priver de leur meilleur argument.

Guy Pervillé Historien.

Pour la période transitoire  dans l'attente d'un gouvernement Algérien:

Extrait

         "Les règles énoncées par la présente déclaration générale et les déclarations jointes entreront en même temps en vigueur. L'Exécutif provisoire organisera, dans un délai de trois semaines, des élections pour la désignation de l'Assemblée nationale algérienne à laquelle il remettra ses pouvoirs "

         Sauf  que le délai durera plus de 2 Mois vu les luttes Algériennes internes ce qui théoriquement rallongeait les pouvoirs de l'exécutif  et le statut prévu notamment en matière de maintien de l'ordre (couverture possible pour les autorités Françaises "non utilisée" pour défendre leurs ressortissants et supplétifs)

LES GARANTIES ETAIENT LA ! IL FALLAIT LES PRENDRE sans compter LE ROBINET  FINANCIER

         Mais en plus de la Base Militaire de Mers El Kébir le sujet primordial pour la Bombe du général (terminer les essais: base d'un "Deal " possible dés le 5 Juillet avec ceux qui vont prendre le pouvoir et qui ont critiqué  le texte d'Evian.

"La France utilisera pour une durée de cinq ans les sites comprenant les installations d'ln Ekker, Reggane et de l'ensemble de Colomb-Béchar-Hamaguir, dont le périmètre est délimité dans le plan annexé, ainsi que les stations techniques de localisation correspondantes. Les mesures temporaires que comporte le fonctionnement des installations à l'extérieur de celles-ci, notamment en matière de circulation terrestre et aérienne, seront prises par les services français en accord avec les autorités algériennes".

J-F PAYA

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4 juillet 2010

NOTRE VIE "LA-BAS" 6

Pierre Salas- CHAPITRE 6-

Prologue à la guerre d’Algérie.

(de 1953 à 1955)

         Comme bon nombre de mes contemporains, un beau jour, je fus convoqué au bureau militaire de recrutement afin de passer le conseil de révision, en vue d’une prochaine incorporation dans l’armée et accomplir mon service militaire, dans l’année qui venait.

         Je recevais deux mois plus tard, ma feuille de départ pour le 41° RT, à Fès (Maroc) où quelques jours après, j’étais incorporé.

         Quand on est un bleu, et pied-noir (c’est là où j’ entendis ce mot pour la première fois et j’en fus assez vexé d’ailleurs), les premiers jours sont durs à supporter car on est l’objet de  petites tracasseries tant par les sous-officiers  pour des corvées dont on n’a pas alors la moindre idée  si ce n’est par  les “anciens” qui se font un malin plaisir de bizuter les nouveaux arrivés comme nous, lors des festivités du Père Cent (100 jours avant la quille) par exemple..

         Le problème pour ces derniers, c’est que nous possédions bien quelques excellents rudiments de bagarres de rues, comme le coup de boule (dont nous revendiquons la paternité, et qui maintenant est passé dans le domaine public) par exemple, que nous avions bien retenu parfois à nos dépens, et  bon nombre d’entre eux se trouvaient passablement choqués lorsqu’ils tombaient sur des gaillards capables de se défendre .On avait droit au respect général ensuite.

         Dés notre arrivée en caserne, nous devions subir cette horreur de vaccination appelée T.A.B.D.T, qui nous immobilisait, tordus de douleur sur notre lit de camp. Cette série de quatre piqûres nous était administrée  le vendredi matin et nous restions consignés sanitaires jusqu’au lundi, la torture étant renouvelée tous les 15 jours.

         Au cours d’un stage de sélection, certains d’entre nous ayant obtenu de bonnes notes, furent envoyés à l’Ecole Militaire Annexe des Transmissions (EMAT/ AFN), à Ben Aknoun.....département d’Alger.

         Après tout, Alger était une grande ville avec une bonne desserte voies ferrées en toutes les directions d’Algérie.

Nous fûmes affectés à un peloton d’élèves sous-officiers et comme pour nous donner le coup de grâce, nous apprenions que nous n’étions qu’en transit et que notre vraie destination était, une petite ville de garnison située à 180 kms au sud d’Alger appelé Aumale sur la route de Bou-Saada à la lisière du Sahara.

         Ce fût le coup de grâce pour certains d’entre nous qui avions nos fiancées dans d’autres villes, distantes de 400 à 600 kms et la perspective de ne pas pouvoir les revoir à notre gré, à cause de l’éloignement, se rétrécissait comme une peau de chagrin.

       Toutes les bonnes résolutions de notre part, s’effondraient comme un château de cartes.

De ce fait, les uns décidaient de voir venir et de  subir leur temps d’armée. Les autres en prirent leur parti et s’accommodèrent de leur mieux à leur sort.

Les premiers n’accordaient aucune attention aux cours de “lecture au son” et autres techniques militaires au désespoir de leurs instructeurs.

Les autres plus malléables ou plus visionnaires suivirent leurs cours de  peloton.

         Le peloton terminé, les premiers se retrouvèrent 2° classe, 1° classe ou Maîtres ouvriers.

Les seconds devinrent fort justement au moins caporal, jusqu’à sergent et furent mutés quelquefois suivant leur choix.

Faisant partie du groupe des récalcitrants 2° classe, mais compte tenu de ma formation civile, je fus affecté au bureau de l’instruction comme dessinateur d’abord, comme aide-comptable ensuite, chargé des analyses caloriques des menus et de  la paye des hommes de troupe.

         Les jours  s’écoulaient lentement quand subitement le mardi 2 Novembre 1954 nous apprenions par les journaux qu’une série d’attentats avait été perpétrée  la veille de la Toussaint et à la même heure en divers points du pays faisant huit victimes dont deux jeunes instituteurs (seule la jeune femme survécût) lors de l’attaque d’un autobus assurant la liaison Biskra-Arris.

         C’était un plan mûrement réfléchi mais qui devait suffisamment alerter l’opinion internationale pour que chacun comprenne que la guerre d’Algérie venait de commencer.

         Ce fût le début des événements avec au petit bonheur la malchance, leur cortège de misère,de mort et de souffrances pour toutes les communautés . Dieu et Allah, nous laissaient livrés à nous mêmes.

         Après mes deux années contractuelles, je fus maintenu sous les drapeaux trois mois de plus  et rendu enfin à la vie civile.

A SUIVRE…………….

                                                                  

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29 juin 2010

ORAN

5 JUILLET 1962 - LE GENOCIDE

Par José Castano

« J’écris dans ce pays que le sang défigure qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies, une halle à tous vents que la grêle inaugure, une ruine où la mort s’exerce aux osselets. » (Louis Aragon - « François la Terreur »)

         Ce jeudi 5 juillet ne paraissait pas devoir être, à Oran, une journée plus angoissante que les autres. Comme depuis cinq jours, les Oranais s'éveillaient dans les rumeurs d'une foule qui avait déjà envahi la rue, ivre de promesses et de rêves. On allait enfin connaître le bien être, le monde allait changer de face, le pactole allait couler. Et la fête continuait... tandis que les Français qui étaient encore là bouclaient leurs valises ou attendaient, écrasés de soleil et de misère, un bateau sur les quais ou un avion aux abords de l'aérogare.

            Un soulagement pourtant se faisait jour parmi ces Français-là. Tous avaient redouté la date fatidique du 1er juillet (référendum) et plus encore celle du 3 juillet qui avait vu défiler sept katibas de l'ALN dans Oran. Or, rien de ce qu'on avait craint ne s'était passé. Les enlèvements se succédaient, certes, les attentats sournois au coin des rues, aussi, mais il n'y avait pas eu de déferlement de la masse musulmane et le chef de détachement des unités de l'ALN, le Capitaine Bakhti avait déclaré aux Européens : « Vous pourrez vivre avec nous autant que vous voudrez et avec toutes les garanties accordées par le GPRA. L'ALN est présente à Oran. Pas question d'égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure que celle que vous connaissiez auparavant ! » 

            De plus, le général Katz, en personne, avait estimé qu’il avait pris toutes les dispositions nécessaires pour que les manifestations du 5 juillet à Oran se passent dans le calme le plus absolu. Avec le Capitaine Bakhti, il s’était engagé à ce que les réjouissances algériennes ne débordent pas en ville européenne. Pourquoi dans ce cas là s'inquiéter plus que de coutume ? La fête marquant la célébration de l'indépendance  algérienne pouvait commencer...

            Cependant, dès l'aube, le village nègre (quartiers arabes) se mit en mouvement et contrairement à ce qui avait été promis, ce furent des milliers de Musulmans qui déferlèrent vers la ville européenne, s'étourdissant dans les cris, les chants, les you-you des femmes. Rien ne laissait encore prévoir le drame qui allait se passer. Pourtant de nombreux Européens constatèrent que certains avaient une arme à la main et que beaucoup d'autres tentaient de dissimuler soit un revolver, un couteau, un fusil, une hache ou un gourdin. Le doute n'était plus permis. Alors les plus avertis se barricadèrent et on essaya de prévenir par téléphone les amis et la famille de ses craintes.

            Place Jeanne d'Arc située devant la cathédrale, une Musulmane, après avoir poussé une série de you-you stridents, grimpa sur le socle de la statue équestre de la pucelle d'Orléans. On lui tendit un drapeau vert et blanc qu'elle accrocha à l'épée que Jeanne d'Arc pointait vers le ciel. Une immense clameur accueillit cette action. Survoltée par sa prouesse, la mégère entreprit, toujours juchée sur le socle, une danse du ventre endiablée, supportée en cela par des milliers de mains qui claquaient au rythme de la danse. Il n'y avait plus de France en Algérie, il n'y avait plus de pucelle Française. L’Algérie appartenait aux Algériens !

            A midi moins dix, devant le théâtre municipal où s'était rassemblée la foule, un silence incompréhensible s'établit soudain. Des responsables du FLN, étaient là, encadrant la meute et semblant attendre un signe. Puis quatre coups de feu isolés se firent entendre. C'était le signal ! Ce fut alors que plusieurs hommes, semblant mettre à exécution un plan mûrement réfléchi, partirent en courant dans toutes les directions, criant : « C'est l'OAS, c'est l'OAS qui nous tire dessus !» entraînant par là même la foule qui se mit également à courir en criant « OAS, OAS, OAS ! »

            De ce rassemblement qui se devait - aux dires de Katz - être pacifique, émergèrent soudain des hommes en armes qui, pour affoler les gens, tirèrent dans toutes les directions - y compris sur la foule - aux cris de « OAS assassins ! Sus à l'OAS ! »

            Bientôt le feu fut dirigé sur les sentinelles françaises en faction devant la mairie, le Château-Neuf (là précisément où se tenait l'état-major de Katz) et l'hôtel Martinez qui hébergeait les officiers français. Après un moment d'hésitation, les soldats français ripostèrent à leur tour avant de se barricader. Ce fut là le point de départ du plus grand pogrom anti-européen que l’Algérie n’eût jamais connu.

            Ce qui va se passer ce 5 juillet à Oran, sera insoutenable à voir. Toutes les limites de l'horreur seront franchies. Des centaines d'Européens seront enlevés ; on égorgera, on émasculera, on mutilera pour le plaisir, on arrachera les tripes des suppliciés, on remplira les ventres de terre et de pierraille, des têtes d'enfants éclateront contre les murs comme des noix, des hommes seront crucifiés, brûlés vifs ; des femmes seront violées puis livrées à la prostitution ; le sang se répandra en nappes tandis qu'au village nègre, les Européens encore vivants seront suspendus par le palais aux crochets d’abattoir.

            Comment pardonner, 48 ans après l’horreur de ce sang pleurant des viandes… ces bouts de cadavres que l’étal tenait suspendu à ses crochets ? Le crime est bien trop grand pour que nous n’en perdions jamais le souvenir !

            Très vite, les Européens qui ne s’attendaient pas à ce déferlement de violence furent pris en chasse et bientôt ce ne fut qu’horreurs et abominations.    Les cris de terreur trouvaient leur écho dans toutes les gorges des victimes pourchassées. Il ne subsistait plus le moindre sang froid, plus le moindre germe d'humanité... Ce n'était plus qu'une avalanche de démence et de terreur. Le carnage était sans précédent. La puanteur uniforme de la mort avait remplacé les odeurs multiples de la vie.

            Pendant ce temps, l'armée française se barricadait dans les postes de garde en position de surveillance. Un hélicoptère survola la ville. A son bord, le Général Katz essayait d’apprécier la situation. D'après le rapport des sentinelles, sur la seule place d'Armes, il y avait au moins vingt cadavres d'Européens affreusement mutilés. Mais du haut de son appareil, le « boucher d'Oran » - ainsi l'avaient surnommé les Oranais - crut pouvoir conclure que la ville semblait calme (!). Tout était, apparemment, rentré dans l'ordre ! Il valait mieux éviter un affrontement avec le FLN, pensa-t-il !... et le drapeau français fut amené pour ne pas exciter davantage la multitude.

            Chaque Européen était devenu proie, gibier face à la foule terrible, acharnée à sa joie, déchaînée, et quand ils apercevaient des véhicules de l'armée française, en proie à la terreur, tentaient d'y grimper… ils y étaient la plupart du temps repoussés à coups de crosse.      C'était l'épouvante parmi eux. « Mais que fait l'armée, que fait l'armée ? » disaient-ils. Ils entendaient encore les hauts parleurs des camions militaires promener dans toute la ville, le lancinant et rassurant appel : « Oranais, Oranaises, n'écoutez pas ceux qui vous mentent (sous-entendu, l'OAS). L'armée est ici et restera pendant trois ans pour vous protéger. ». C'était, les 26, 27 et 28 juin 1962 !

            Des hommes en tenue de combat, rutilantes de neuf, « les valeureux soldats de la libération », et d'autres civils armés se déversaient dans les immeubles et en ressortaient des files d'Européens, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ces malheureux « convois de la mort » prenaient la direction d'Eckmuhl, du Petit Lac et de la Ville Nouvelle, mains sur la tête, sous les sarcasmes, les crachats, les injures, les coups et les huées de la populace. Pour eux, c'était la fin, ils le savaient et ils priaient pour que la mort vînt les prendre le plus vite possible et les arracher aux supplices qui les attendaient. Avec amertume ils se remémoraient les paroles de Fouchet : « La France n'oubliera jamais l'Algérie. Sa main sera toujours là pour l'aider»... « Comment pouvez-vous croire que la France puisse vous abandonner ? Vous avez la garantie d'un traitement  privilégié ».

            Il  est vrai que le Ministre n'avait pas précisé de quel traitement il s'agirait !... Et aujourd'hui, la ville toute entière leur paraissait une tombe : la leur. Aucune aide de personne à attendre. Crier, appeler au secours, tout était inutile. C'était le colonialisme et la génération nouvelle qu'on allait détruire, voilà tout. Alors, qu'importait qu'on saignât les enfants et qu'on ouvrît le ventre des mères, qu'on arrachât les tripes des suppliciés et qu'on les pendît par les pieds au-dessus de braises incandescentes...

            A dix sept heures, enfin, le bruit caractéristique d'un convoi de camions se fit entendre. C'était la gendarmerie mobile, l'âme damnée du Général Katz qui prenait position. Dès cet instant, comme par miracle, la manifestation prit fin et la populace disparut... mais il était trop tard.

            Des centaines de cadavres jonchaient les rues, le sang avait maculé trottoirs et rigoles, les appartements étaient dévastés, les magasins pillés, les disparitions ne se comptaient plus, la ville avait pris le visage de l'apocalypse.

            Pourquoi cette intervention s'était-elle produite si tardivement ? Avait-on décidé de faire payer aux Oranais leur folie, leur passion pour l'Algérie française, leur trop grande fidélité à l'OAS ?

            Où était passé le Capitaine Bakhti, l'homme fort, l'homme de confiance de Katz, qui avait déclaré le 3 juillet qu'il n'était pas question d'égorgement ?

            La réponse est simple : Paris, qui, grâce à ses renseignements, s'attendait à cette explosion de folie furieuse, avait ordonné à Katz « de ne pas bouger, de laisser faire ». Et Katz, grosse brute bornée qui tirait vanité de sa servilité - même quand il s'agissait d'assassiner ou de laisser assassiner des Français ! - à la recherche constante d'une nouvelle étoile, obtempéra aveuglément. Ceci est une certitude.  Les preuves matérielles foisonnent en ce sens. Ce qui est incontestable, c'est que l'ordre de Paris, capté à la poste centrale vers 16 h 30, de faire cesser la tuerie eut instantanément son effet. A 17 heures, tout était fini et la ville abasourdie était plongée dans un silence de mort, de cette mort qui pendant six heures s'était abattue sur elle. Katz quant à lui, pouvait être fier : Il avait obéi aux ordres et une quatrième étoile allait récompenser sa fidélité.

           Cependant dans la cité meurtrie, l'angoisse étreignait les survivants. Chacun tremblait pour les siens, les gens se cherchaient, beaucoup demeuraient encore cachés de peur de voir la tornade s'abattre de nouveau. Le nombre des disparitions augmentait d'heure en heure, aggravant le tourment des familles. La morgue était pleine à craquer et une odeur fétide s'en dégageait. On en refusa bientôt l'entrée et les corps entassés, mutilés, étaient méconnaissables.

            Dans la ville arabe et au Petit Lac, le tas des tués était plus incohérent et plus dense. Il s'échappait une odeur fétide, insupportable, une épouvantable pestilence. L'on pouvait voir, trempant dans des bains répugnants, les viscères des malheureuses victimes et sur un mur, tracé d'une main maladroite, l'on pouvait lire : « Les boyaux des Français »... Et toujours cette liesse, et toujours ces cris « Mort aux Chrétiens ! »... Et toujours cette foule frénétique, fanatique, cette même foule qui, quelques mois plus tard, n'obtenant rien des promesses invoquées tout au long de la guerre et réduite soudain à la famine, émigrera en France avec une mine attristée et des yeux de douleur, dans cette Patrie qu'ils auront eu plaisir à humilier et dont ils auront persécuté avec délice ses enfants.

José CASTANO (joseph.castano0508@orange.fr)


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28 juin 2010

EN MARGE D'UNE CONTROVERSE

Sur les Causes du Massacre d'Oran du 5 juillet 1962

Pour info et piste de recherche dans la mesure ou pour une fois Meynier à Raison, alors qu’il ne voudra pas polémiquer avec Monneret.
"DEAL"  De facto ALN / Pouvoir Gaulliste

         Difficile de prouver le "deal" mais tout se passe comme si les effets justifiant la cause et en histoire cela compte (L'ordre de consigner les troupes arrive la veille alors que Katz avait prévu dans une directive 99 du 20 Juin l'intervention possible des troupes "en cas de légitime défense de nos ressortissants"après l'indépendance)
         Besoin de l’accord des putchistes d 'Oujda opposes à Evian pour garder les bases militaires d'essais: Jean  Monneret et d'autres ne donnent aucune raisons spécifiques a Oran, si non des généralités valables pour toute l'Algérie pour un massacre "spontané"(alors que le film de JP Lledo nous apprend qu'aucun ne le fut !) Sur des questions ponctuelles ou il ne répond pas. aucun texte valable dans ses annexes sauf un du 17/5/61 antérieur au 5 juillet (il avait avance  une quantité  d'archives /même pas référencés des fameux JMO sur "les enlèvements " signalés  à certaines unités et pas des "disparus"ce qui est plus large signalés a Oran et en France pour les isolés ;(familles parties) P111 il suggère responsabilités des Oranais Donc si la provocation de la foule est admise de toutes façons (Deal ou pas) dans ce contexte nous avons raison et certains avertissements ont  circulés la veille ! Mais aller sur  notre site et plus loin les cahiers du Révérend Père Delaparre négligés par les "historiens"

ORIGINE DES COUPS DE FEU  ET DE LA PROVOCATION INITIALE
          Certains historiens disent" origine des coups de feu inconnue " laissant planer un doute sans donner tous les éléments pour juger. Coups de feu initiaux vers 11 h 15 place karghenta et boulevard Joffre sur le défilé FLN structure qui venait de "la ville nouvelle" on en est pratiquement sûr par divers témoignages tant algériens que PN et militaires ( commandant du service social des armées et sa secrétaire placés sur la terrasse de leur villa Boulevard Joffre "venant d"un grand immeuble situé plus haut film Pathé )  Capitaine Gaston cité par Général Katz vu des tirs venant de la maison de l"agriculture place Karghenta témoignages d"ATO touches et scouts musulmans aussi  Bien Katz conclu sans preuves bien sur "desperados OAS"

         C’est ce que les meneurs de l"émeute crient en bas "C’est l’OAS"  Mais il faut dire que pas un seul tireur européen n’a été trouvé autours de ces immeubles cerné par les miliciens FLN en armes qui ont envahis les étages et fouillé par tout et quoi de plus ressemblant dans la confusion totale à un musulman armé qu’un autre musulman armé qui fait semblant de chercher aussi ! Personne ne pouvait supputer le tir des uns sur les autres ! Et pas beaucoup n"étaient au courant des divergences Oujda GPRA même nos services ont mis le temps à le comprendre voir dans mes archives le document classifié du 2ém bureau Oran qui vient de découvrir 15 jours après l’Ordre Du Jour du 5 juillet de l’EMG d Oujda, qui prévoyait prémonitoirement "qu’il faudra protéger la minorité européenne et que le GPRA n’était pas capable de maintenir l’ordre ni de gouverner l’Algérie !
         A mon avis les historiens en ne donnant pas tous ces éléments se réfugient dans une fausse neutralité qui nuit a la recherche de la vérité. Maintenant il ne s’agit la que de logique pour ma part j’ai eu coté informateurs algériens d’autres certitudes quant à la provocation montée par l’EMG du Maroc et même des auteurs qui sont loin d’être favorables aux PN en ont convenus,voir mes textes   NOTE SUR LE CHIFFRAGE DES VICTIMES

         Pour la période transitoire  dans l'attente d'un gouvernement Algérien / Facile de dire à posteriori  que l ALN du Maroc n'avait pas besoin d'un prétexte pour prendre le pouvoir à Oran sans connaitre les réactions de la France? D'autre part il fallait éviter une trop grande concentration d'européens à Oran, leur faire peur, et s'affirmer comme force d'intervention devant l'armée Française (mais cela nous l'avons dit mille fois!) Quant à la division du FLN à Oran une délégation était même rendue à Alger contacter le GPRA (colloque de Jussieu par F Soufi et d'autres).

Etudes Coloniales   Débat  causes des massacres d'Oran du 5 Juillet 1962

http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2010/05/30/18052308.html#c35042373

         Extrait «les règles énoncées par la présente déclaration d Evian générale et les déclarations jointes entreront en même temps en vigueur. L'Exécutif provisoire organisera, dans un délai de trois semaines, des élections pour la désignation de l'Assemblée nationale algérienne à laquelle il remettra ses pouvoirs » sauf  que le délai durera plus de 2 Mois vu les luttes Algériennes internes ce qui théoriquement  rallongeait  les pouvoirs de l'Exécutif  et le statut prévu notamment en matière de maintien de l'ordre  (couverture possible pour les autorités Françaises "non utilisée" pour défendre leurs ressortissants et supplétifs)

         LES GARANTIES ETAIENT LA ! IL FALLAIT LES PRENDRE sans compter LE ROBINET  FINANCIER / CI DESSOUS " ORIGINE DU POUVOIRALGERIEN "

sources algériennes négligées par certains comme ce témoignage

Journal d’un Prêtre  en Algérie ORAN  1961 – 1962  Michel de Laparre

         Laissant les politiques se charger des négociations d'Evian, et après la sortie des cinq historiques de prison, l'état-major général sous Boumediene trouve le moment propice pour actionner le coup d'Etat contre le GPRA. (Initié par la provocation d'Oran le 5 juillet). Pour donner du poids à ce coup de force, il fallait une couverture politique via un des historiques. Seul Ben Bella, animé aussi par l'amour du pouvoir, accepta l'offre de l'EMG. En légalistes, Aït Ahmed et Boudiaf refusèrent de cautionner le putsch. “L'armée de Boumediene avait un double atout considérable: sa force et son unité favorisées par un long travail d'endoctrinement. Mais elle n'avait que peu de répondants dans la société algérienne et son leadership était rejeté par plusieurs wilayas. Il fallait à Boumediene de bien faire jouer le prestige de Ben Bella pour s'implanter politiquement (opposition Algérienne )

Si cela permet le débat ? Pourquoi pas ...

PAR JEAN FRANCOIS PAYA   cercle Algérianiste du Poitou

RETOUR JEAN FRANCOIS PAYA ORAN 5 JUILLET 1962

 

 

 

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