Canalblog Tous les blogs
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
popodoran
Publicité
popodoran
Newsletter
Catégories principales
Archives
16 mai 2009

POUR QUI LA REPENTANCE

Document transmis par J. F. Paya 

Du docteur Jean-Claude PEREZ Adhérent du Cercle Algérianiste de Nice et des Alpes Maritimes

Auteur du livre « ATTAQUES ET CONTRE-ATTAQUES » Aux Editions Dualpha  - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 12 BIS L'ETUDE SUIVANTE

POUR QUI LA REPENTANCE ?

8 MAI 1945 DANS LES HAUTS-PLATEAUX SETIFIENS ET A GUELMA

            Comme tout un chacun j’ai entendu parler, en mai 2005, du 8 mai 1945.

            Comme tout un chacun j’ai entendu évoquer des « massacres » : ceux de Sétif du 8 mai 1945.

            Comme tout un chacun j’ai appris qu’il s’agissait de massacres subis par des berbères musulmans affamés, qui s’étaient rebellés contre des Français affameurs.

            Comme tout un chacun j’ai entendu parler de repentance : celle que la France devait exprimer à la suite de ces « tueries ».

            Comme tout, un chacun j’ai enregistré la timidité, la passivité, plus encore la couardise, ne craignons pas la vigueur des mots, manifestées par certains de nos médias Pieds-noirs dans leur riposte geignarde.

            Comme tout un chacun j’ai ressenti un désespoir atroce né du manque de détermination de la part de notre communauté à se défendre avec force, avec violence, avec passion, contre l’accusation de génocide portée contre elle et contre notre armée, à l’occasion de cette horrible tragédie du 8 mai 1945.

            Comme tout un chacun enfin, j’ai pris acte, d’une attitude coupable : le refus de connaître la signification véritable de ce drame car, lors de cette émeute, à, travers les seins coupés et les ventres ouverts des femmes françaises violées par des Berbères fanatisés, c’était la France, « l’Alma Mater », la Mère Patrie française que l’on  éventrait  dans un vacarme de youyous, aux cris de «  Jihad »  et de « qatlan ensara », «  tuez » les chrétiens !

            Oui, j’ai enregistré tout cela et j’éprouve, aujourd’hui, un sentiment de honte à l’égard de ceux qui, parce qu’ils sont ignorants des faits, parce qu’ils se vautrent dans cette ignorance qui leur sert d’excuse et d’alibi, se taisent en refusant d’opposer la Vérité à ce séisme accusateur et diffamatoire.

            La vérité, c’est-à-dire l’identité réelle des événements du 8 mai 1945, qui à l’évidence n’intéressent personne, à l’exception de nos frères et soeurs des Hauts-Plateaux sétifiens qui ont subi l’événement.

            Et pourtant combien de fois, avons-nous insisté sur l’origine de ce 8 mai 1945, combien de fois avons-nous écrit et proclamé que ce 8 mai 1945, dans les Hauts-Plateaux sétifiens et à Guelma, illustrait le début militaire de la guerre d’Algérie, le début de la nouvelle Révolution Mondiale telle que nous la connaissons dans sa phase actuelle !

Révolution mondiale ?

« Pauvre abruti » m’a-t-on répliqué,   « mais, de quelle révolution  mondiale parles-tu ? »

Avec pitié, plus qu’avec dédain et mépris, je leur ai répondu : « la révolution mise en place par les stratèges de l’anti-Occident, qui ont su utiliser l’islamisme fondamentaliste algérien pour enclencher cette nouvelle dialectique ultime, c’est-à-dire cette nouvelle contradiction, qui illustre l’histoire du monde actuel : l’Islamisme, contre l’Occident chrétien. L’islamisme, arme révolutionnaire actuelle, contre ce qui reste de la pauvre civilisation occidentale, capitularde, geignarde, pour ne pas dire soumise. »

Mais, aujourd’hui, parce que l’urgence l’impose, mon attitude s’est radicalement modifiée.

Halte à la rancoeur ! Halte au mépris !

Ce qu’il faut, c’est d’abord savoir, puis faire savoir.  Et pour savoir, il faut regarder l’histoire. Mais dans un combat regarder ne sert à rien si l’on n’est pas capable de voir. Et pour être capable de voir il ne faut plus se piquer de cette vanité commune, à quelques Pieds-noirs : celle de tout savoir.

Et que voit-on dans l’historique et la genèse du 8 mai 1945 ?

Ceci et pour l’amour du ciel regardez, mais surtout voyez !

En 1931, se réunit à Jérusalem le Congrès mondial de l’Islam, à la convocation d’Asmine El Husseïni, le mufti de Jérusalem, sous l’égide des services secrets britanniques.

En réalité il s’agit d’installer un dispositif de guerre dans le but, d’interdire la naissance de l’état d’Israël. Les Anglais, reniant les engagements de Lord Balfour, veulent s’opposer à la naissance de l’état Juif, dans l’espoir d’assurer la sauvegarde d’un oléoduc destiné à transporter le pétrole d’Irak au port d’Haïfa en traversant la Jordanie. Ils ont donc besoin des « Arabes » et ils jouent leur va-tout sur Asmine El Husseïni.

Mais celui--ci pour accomplir la mission dont il est investi doit s’appuyer sur la complicité de notables musulmans en renom du Proche-Orient. Tout particulièrement sur les animateurs de la « Nahdah ».La nahdah, c’est la renaissance de l’islam, un mouvement islamiste spécifiquement arabe, qui est né en Egypte au lendemain de la victoire des Pyramides, remportée par Bonaparte.

Or, en 1931 la nahdah bénéficie du concours d’un animateur de prestige, d’un grand homme de l’Islam.  Il s’agit de l’émir Chekib Arslan. C’est un Druze libanais né en 1870, journaliste puis parlementaire à la Chambre ottomane. Avant toute chose, il s’agit d’un religieux profond, animateur principal de la nahdah, précisons-le encore et encore. C’est un homme doté d’une immense culture, mais avant tout c’est un fanatique du Panarabisme. Il est membre du parti Union et Progrès fondé en Turquie au XIXème siècle.  En 1915, il participe activement à la campagne exigeant le génocide arménien.  Plus tard, en 1931, au moment du congrès de l’Islam de Jérusalem, il est devenu, depuis 9 ans, un farouche ennemi de la France.

En effet, en 1922 il n’a pas accepté les décisions du traité de San Remo par lequel, la Société Des Nations (SDN) attribue à la France le mandat d’administrer la Syrie et le Liban. Alors que l’Angleterre reçoit le mandat d’administrer  l’Irak, la Transjordanie et la Palestine. Très vite, sous la pression du Roi Pétrole, le nouveau veau d’or du monde moderne, les Britanniques vont accorder l’indépendance à l’Irak, faire naître le royaume de Jordanie et assurer les Palestiniens musulmans de leur détermination à interdire la naissance d’Israël. Car les Anglais ont besoin du port d’Haïfa, pour garantir la rentabilité de ce fameux et théorique oléoduc.

Dans cette perspective il faut une caution islamiste, un appui spirituel, qui va soutenir dans le sens antijuif et antisioniste l’action du mufti de Jérusalem Asmine El Husseïni. Qui va, personnaliser cette caution islamiste ?  C’est l’émir Chekib Arslan, le Druze libanais, l’homme qui a réclamé le génocide arménien, l’animateur principal de la nahdah, expression religieuse du panarabisme.

Mais entre-temps pour les Britanniques Chekib Arslan offre une autre appréciable qualité : il est devenu un ennemi de la France, depuis le traité de San-Remo, comme nous l’avons précisé antérieurement. Il déclare la guerre à la France… en 1925. Il va prendre part à la révolte des Druzes syriens déclenchée cette année-là. De  furieux combats seront livrés par l’armée française contre les rebelles. Au cours de cette révolte un officier subalterne français, est sévèrement blessé. Il s’appelle : Raoul Salan. En 1926 un tribunal militaire français le condamne à mort par contumace.

Chekib Arslan s’installe alors, à Genève où il organise un comité suprême pour la « libération » de l’Afrique du Nord Française. Mais fidèle à la nahdah, qu’il continue d’animer, il fonde une revue « el Ouma », « la Nation Arabe » A partir de Genève, de l’Egypte et des territoires non français du Proche-Orient, il prêche le jihad contre la France. Il est en contact permanent avec les grands indépendantistes berbères d’Algérie qu’il avait connus antérieurement, avant la guerre de 1914, lorsque ces derniers étaient venus accomplir des stages de formation au Hedjaz et dans tout le Proche-Orient. En particulier, il va connaître Abdelhamid Ben Baddis, Berbère de Constantine, et El Bachir El Ibrahimi, un Berbère du Constantinois, des Hauts-Plateaux sétifiens, né en 1889 à Tocqueville, Ras-El-Oued, pas loin de Sétif et Borj-Bou-Arreridj. Ce dernier détail est d’une importance cruciale pour comprendre la genèse du 8 mai 1945. Ces deux hommes ont fait partie en 1920, à l’échelon directionnel, de la première organisation religieuse fondamentaliste algérienne, anti-française, peu connue, mais dont le rôle sera déterminant, fondé par un Berbère, Omar Smaïl.

1920 ? Pourquoi, 1920 ? Parce que c’est l’année qui suit 1919. Que s’est-il passé, en 1919 ?

C’est le 4 février, de cette année-là qu’ont été publiés dans le journal officiel les décrets d’application d’une nouvelle loi. La loi du 4 février 1919.

Elle reprend les données du sénatus-consulte de Napoléon III du 14 juillet 1865, concernant l’accession des musulmans d’Algérie à la citoyenneté française, mais en simplifiant considérablement la procédure d’accession. Il suffira désormais de passer par le bureau d’un juge de paix, de satisfaire à un questionnaire, et la citoyenneté française est octroyée à celui qui la demande. C’est donc une loi de très grande importance qui engage évidemment, mais on l’ignore à cette époque, l’avenir de l’Algérie française, celui de la France, de l’Europe et aussi l’avenir de l’Occident tout entier. Mais le sait-on à cette époque ? Non,  soulignons-le une fois de plus. Car, onze semaines après l’armistice, à la fin à l’imbécile boucherie de 14-18, qui est préoccupé, en France de l’accession ou de la non-accession des musulmans à la citoyenneté française? Personne.

En France on panse les plaies subies par la Patrie et par notre peuple, et surtout on aspire à la paix. Les Arabes d’Algérie ? Ca n’intéresse personne à ce moment-là. En réalité nous nous inscrivons parmi ceux qui considèrent avec conviction, plus encore avec une certitude absolue, et nous le démontrons dans notre nouvelle conférence, que cette loi illustre une astucieuse et savante provocation. Elle a pour but réel de déclencher une réaction en Algérie dans la perspective de voir s’édifier sur cette terre, un appareil de riposte à partir duquel va se structurer progressivement un organe de guerre, dans le but de provoquer l’expulsion de la France d’Algérie.

Dans cette nouvelle optique, Omar Smaïl, un négociant berbère, islamiste convaincu, réunit en 1920 des oulémas, berbères comme lui, dans une toute nouvelle et première association tout à fait légale. C’est-à-dire conforme aux exigences de la loi de 1901 sur les associations, la très célèbre loi de Waldeck-Rousseau. Des oulémas, nous voulons dire des imams, des muftis et des cadis. Ce sont les Cénacles, ainsi s’appelle cette nouvelle association. Dans le cadre de ces Cénacles, en observance des statuts, Omar Smaïl va demander deux choses à ces oulémas, et pas une de plus.

1°/ Imperméabiliser la communauté des croyants à l’égard des effets possibles de la francisation et de l’assimilation. Et il ajoute, contre toute logique : protéger aussi la communauté des croyants contre l’évangélisation ! Comme si le gouvernement de la  IIIème République était préoccupé de la christianisation des Musulmans ! C’est d’autant plus aberrant, en apparence seulement, que les conversions collectives sont interdites par la IIIème République.

Aberrant, en apparence seulement, avons-nous dit. Pourquoi ? Parce que cette illogique et inutile recommandation va permettre à Omar Smaïl et aux oulémas des cénacles, de forger, dès cette époque, l’arme maîtresse de la guerre d’Algérie.

Guerre d’Algérie qui est en train de se mettre en place cette année-là. Une arme révolutionnaire que, plus tard, nos grands spécialistes de la guerre subversive et de la guerre psychologique ignoreront totalement dans leur souci de “chinoiser” à outrance la guerre d’Algérie. Il s’agit tout banalement de l’arme de la malédiction divine. Car ce que veut exprimer Omar Smaïl c’est ceci : « la France veut faire de vous, des citoyens français, mais ce qu’elle prétend en réalité c’est faire de vous des chrétiens et vous subirez en temps voulu les effets de la malédiction divine ». La malédiction divine, voilà la menace brandie contre ceux qui refuseraient de suivre la Révolution algérienne.

2°/ Mais Omar Smaïl demande aux oulémas des cénacles une seconde chose : « il vous appartient dorénavant d’exercer votre action en faisant un usage exclusif de la langue arabe littérale »

Il s’adresse à des oulémas presque tous, Berbères comme lui. Il exige d’eux qu’ils s’expriment en arabe littéral. Mais il sait que cela ne pose aucun problème à ses interlocuteurs, étant donné le niveau culturel exceptionnel des hommes auxquels il s’adresse.

En prenant cette décision il recherche et obtient un double résultat :

- il impose la nouvelle arabité de l’Algérie pour faciliter le combat contre la France, la fameuse « arabité rénovée » sur laquelle nous sommes très peu nombreux à insister.

- il incorpore ainsi ce combat dans les exigences culturelles de la nahdah, dont l’émir libanais Chekib Arslan est le principal animateur, nous le savons déjà.

Cette action des cénacles dure cinq ans et en 1925 il peut se permettre d’aller plus loin. Il fonde une deuxième association : le « nadi at taraqui », « le cercle du progrès ».

Dans cette nouvelle association, il attribue au statut personnel des musulmans d’Algérie une valeur de plate-forme révolutionnaire ultime, sur laquelle la France finira par se casser les dents.

En 1931, enfin, il créée  une troisième et dernière association, au cours de deux cérémonies solennelles :

- la première le 5 mai 1931 : il fonde ce jour-là l’association des oulémas d’Algérie, le conseil supérieur des docteurs de la foi coranique.

- la seconde le 7 mai : il fait élire, à la présidence de l’association Abdelhamid Ben Baddis, mufti de Constantine et à la vice-présidence un autre Berbère des Hauts-Plateaux sétifiens, l’homme de Tocqueville-Ras El Oued, El Bachir El Ibrahimi ou Ibrahim Bachir Cheikh.

Or ces deux Berbères, comme tous les autres de l’association, sont depuis longtemps sous l’influence spirituelle de l’émir Cheikib Arslan, le Druze ennemi de la France depuis 1922, condamné à mort par contumace en 1926, qui a milité ouvertement pour le génocide arménien en 1915, et qui dirige depuis l’étranger le combat islamiste contre la France.

Après la déclaration de guerre (septembre 1939), Ben Baddis est astreint à résidence surveillée dans un camp de concentration français. Il y meurt le 23 avril 1940. El Bachir El Ibrahimi, le vice-président de l’association, l’homme des Hauts-Plateaux sétifiens, bien qu’assigné à résidence dans la petite ville d’Aflou, près de Tiaret, devient le président “de facto”. Astreint à résidence certes, mais libre de ses mouvements et de ses contacts dans les limites de cette ville.

Pendant le déroulement du conflit mondial, le mufti de Jérusalem, Asmine El Husseïni, rejoint Adolphe Hitler à Berlin. L’émir Chekib Arslan le suit très peu de temps plus tard. Il va participer, par la voix radiophonique allemande, à la préparation d’un soulèvement des musulmans d’AFN. Il est fait prisonnier par les alliés à la fin de la guerre, en même temps qu’Asmine El Husseïni devenu depuis son séjour en Allemagne le grand mufti de Jérusalem. On les “laisse” s’évader et Chekib Arslan donne le signal de l’insurrection le jour de la capitulation effective de l’armée allemande, c’est-à-dire le 7 mai 1945.

Nous avons apporté, par ce parcours très schématique et nécessairement incomplet, une explication au « pourquoi » de la date du 8 mai. Il fallait que l’insurrection se déclenchât alors que l’essentiel de l’armée d’Afrique se trouvait encore en Allemagne, ou répartie dans des centaines de garnisons de France, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Il ne restait dans le Constantinois qu’un effectif de forces militaires classiques extrêmement restreint. Donc le 8 mai, c’était vraiment la date limite favorable à l’insurrection, avant le rapatriement d’effectifs militaires plus conséquents, habitués au combat depuis 1943.

Mais pourquoi cet appel dont le résultat, bien que sanguinaire, fut un fiasco complet, s’est-il révélé efficace sur le territoire des Hauts-Plateaux sétifiens et à Guelma ? Et sur ces territoires seulement ?

Pour deux raisons sur lesquelles d’une part nos accusateurs et d’autre part nos défenseurs, à la combativité ramollie, ne veulent pas insister.

Première raison : le 23 avril 1945 se déroulent dans le Constantinois des manifestations destinées à commémorer d’une façon spectaculaire le cinquième anniversaire de la mort de Ben Baddis, décédé en 1940 dans un camp de concentration français. “Assassiné” par les Français, vont dire les organisateurs de cette commémoration. Et c’est, dans un climat passionnel tout à fait exceptionnel, d’une extrême violence, que va se dérouler cette célébration.

Si l’on ne veut pas connaître et retenir cette phase préalable de l’événement, il est inutile de prétendre à défendre notre peuple pied-noir contre les attaques dont il est l’objet. A plus forte raison, il est impossible, dans l’éventualité de ce comportement, de contre-attaquer sur le drame du 8 mai 1945.

Au cours de ces cérémonies, la haine de la France fut non seulement proclamée mais, surtout elle fut psalmodiée : c’est-à-dire qu’elle fut chantée, modulée en cadence au nom de Dieu, accompagnée du rituel balancement latéral et rythmé de la partie supérieure du corps. La haine connut ainsi, une expression physiologique, sous la forme d’une transe collective ressentie biologiquement par une foule littéralement envoûtée. Les scouts musulmans ont joué un rôle décisif dans la transmission des mots d’ordre et dans la préparation psycho-religieuse de l’action. C’était   le « cantique des cantiques de la haine et du sang ».

Deuxième raison : tout cela se déroulait sur la  terre de l’exécuteur en chef, le cheikh El Bachir El Ibrahimi, né à Tocqueville-Ras El Oued, président en fonction à cette époque de l’association des oulémas. C’est-à-dire qu’en lui s’illustrait le père spirituel et militaire de la révolte. “qatlan ensara”, « tuez » les chrétiens, voilà le cri de guerre psalmodié en cadence.

Le jour de la manifestation du 8 mai 1945, autorisée par le gouverneur général Chataigneau dans toute l’Algérie bien qu’il fût informé par son bureau militaire du déclenchement d’une insurrection le jour même de la capitulation allemande, tout était prévu pour, qu’au premier incident, quel qu’il fût, se déclenchât le massacre.

Un massacre non pas localisé dans la ville de Sétif, mais répandu sur le territoire des Hauts-Plateaux avec une extension à Guelma. Pour les déclencheurs, une généralisation à l’ensemble du territoire était espérée.

Nous avons dit qu’El Bachir El Ibrahimi était à Aflou. Mais il y résidait librement. De la même manière que Messali Hadj était assigné à résidence à Revel-Chelala à l’ouest d’Alger. Il ne porte aucune responsabilité personnelle dans le déclenchement de l’émeute. Au contraire, à Aflou, le président de l’association des oulémas recevait des messagers et transmettait depuis la fin avril les consignes émanant de l’émir Chekib Arslan, soutenu lui-même par Asmine El Husseïni, qui depuis son ralliement  à Hitler était devenu le Grand Mufti de Jérusalem. Prisonnier des alliés depuis quelques semaines il s’est évadé. Il se rend à Genève et sera plus tard remis aux autorités françaises. Après un séjour confortable au château de Rambouillet il s’évadera une fois de plus pour rejoindre d’autres sites plus accueillants dans le but de continuer son combat contre les Juifs et contre la France, car pour lui c’est le même combat. Beaucoup plus tard, en octobre 1962, il assistera à Alger aux cérémonies commémoratives du 45ème anniversaire de la révolution bolchévique et on le photographiera en train de serrer la main de l’ambassadeur soviétique. De Hitler aux soviets il y avait un petit pas à franchir et ce pas passait par Sétif, les Hauts-Plateaux, par nos concitoyennes violées et massacrées, nos frères écharpés, tout cela sous l’indulgence béate des ennemis de l’Algérie française d’hier et d’aujourd’hui.

Le début des massacres de Sétif, des Hauts-Plateaux et de Guelma fut d’une atrocité obscène. En quelques heures, sur tout ce territoire des hommes furent littéralement lynchés par dizaines, des enfants tués et disons-le une fois de plus des femmes violées collectivement avant d’être éventrées et d’avoir les seins coupés.

Le « fait de tuer » avait été sublimé, en quelque sorte « consacré », par les incantations et les psalmodies des jours précédents. C’est-à-dire pendant la période du 23 avril au 8 mai 1945 et les quelques jours qui ont suivi.

C’est au nom de Dieu que l’on a voulu humilier les Français d’Algérie de toutes confessions, comme si l’on avait voulu projeter une malédiction sur un peuple de Français d’Algérie qui, depuis toujours, avait établi d’excellentes relations avec les Berbères. Et je fais partie de ceux qui attribuent aux malheureuses femmes violées le rang de saintes martyres de notre terre.

Aucune justification sociale, économique ou tout banalement humaine ne pouvait être invoquée. C’était encore une époque coloniale certes, mais tout à fait légitime et légale, au cours de laquelle les relations entre les peuples étaient déterminées par des règles différentes des règles modernes, qui ont vu le jour par la suite. Règles imposées par la logique et par la raison. Et auxquelles nous avons adhéré.

Mais rien ne justifiait une fureur animale de cette envergure. En particulier on ne pouvait invoquer « la faim ». Car il s’agissait de terres à blé et les populations qui y vivaient étaient les mieux nourries d’Algérie. C’est au nom de Dieu, au cri de jihad que fut déclenché le massacre de notre peuple français. Le génocide amorcé des Français avait été l’expression choisie de la foi en Dieu.

Il fallait arrêter le massacre. Donc il a fallu riposter. La riposte fut terrible. Oui. C’est vrai. 4 000 morts, chiffre le plus vraisemblable. Et heureusement. Pour être efficace elle se devait d’être violente, cruelle même, en tout cas spectaculaire. Car en quelques heures il était devenu nécessaire de se comporter en égorgeurs pour ne pas être égorgés ! Au diable la timidité, les fausses pudeurs, la lâcheté et les manifestations méprisables de pitié a posteriori. Le moment était une terrible tragédie.

Il fallait la réduire à sa plus faible durée. Il fallait survivre d’abord, ensuite protéger la vie de nos concitoyens menacés de mort, de lynchage, de dépeçage et de viols.

Une question, la dernière, doit être posée. Qui est responsable de l’explosion de l’islamisme fondamentaliste en Algérie française ? Qui est responsable de l’intronisation, c’est-à-dire de la consécration laïque de l’association intégriste des oulémas dont le rôle fut déterminant dans cette émeute ? Dans ces horreurs ?

C’est le général De Gaulle lui-même qui, en 1943, en tant que Président du CFLN (Comité Français de Libération Nationale) depuis le mois d’août de cette année-là, autorise plus tard Ferhat Abbas à déposer les statuts de son nouveau parti l’AML. C’est-à-dire l’Association du Manifeste de la Liberté. Statuts rejetés par le général Giraud au printemps 1943.

Il officialisera ainsi cette organisation révolutionnaire née de la réunion tactique de quatre partis politiques :

1° - le PCA (Parti Communiste Algérien),

2° - le PPA (Pari du Peuple Algérien),

3° - le premier parti de Ferhat Abbas, “le manifeste algérien de la Liberté,

4° - enfin l’association des oulémas, qui existe depuis le 5 mai 1931 et qui en 1943 est présidée par El Bachir El Ibrahimi, l’homme des Hauts-Plateaux sétifiens depuis la mort de Ben Baddis le 23 avril 1940. Il transmettra l’ordre du Jihad qui aboutira au drame du 8 mai 1945.

Dans la continuité de son action El Bachir el Ibrahimi, le jour de la Toussaint Rouge, c’est-à-dire le 1er novembre 1954, dont je ne veux pas évoquer ici la manière indigente dont le 50ème anniversaire a été évoqué par nos médias et nos associations en 2004, El Bachir El Ibrahimi donc, réfugié au  Caire depuis 1952, proclame ce jour-là que le combat est engagé pour « le triomphe de l’arabisme et de l’Islam ».

Il définit ainsi à cette occasion, pour ceux qui sont capables de comprendre, la projection extra-africaine de la Révolution algérienne.

Aujourd’hui encore cette proclamation définit l’identité de cette nouvelle révolution qui se développe progressivement au niveau des trois sites géopolitiques qui nous intéressent, parce qu’ils sont prioritaires : la France, l’Europe et l’Occident.

Pour le « triomphe de l’arabisme et de l’Islam », voilà la nouvelle formulation de l’actuelle  Révolution Mondiale.

En Algérie, en 1945, nous étions encore en situation de riposter. Protéger notre peuple partout, c’était difficile. Mais en toutes circonstances nous étions en mesure de punir les agresseurs, ceux qui osaient lyncher nos anciens et violer nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles. Par la suite le pouvoir capitulard s’emploiera à nous priver des moyens de riposter. La dernière riposte, traduction de la vigueur de notre peuple, s’est illustrée à Philippeville le 20 août 1955. Après le massacre odieux de Français sans défense la punition fut rapide, terrible et collective.

Puis revint le général De Gaulle qui s’emploiera à nous amputer des moyens de riposte, soumettant ainsi notre peuple à la violence libérée des ennemis de la France, de l’Europe et de l’Occident.

Privés de moyens de nous défendre nous subirons l’assassinat collectif du 26 mars 1962 à Alger, les massacres d’Oran du 5 juillet 1962, les enlèvements de nos concitoyens.

Nous ne pouvions plus nous défendre, car nous étions désarmés et abandonnés de nos concitoyens de la métropole, qui ont envisagé notre génocide avec une quiétude… surprenante. Il fallait partir d’une terre qui avait changé d’identité.

Je prends acte de la mort de l’Algérie française et je n’éprouve aucune envie de la retrouver dans l’Algérie d’aujourd’hui.

Mais la vérité doit être enseignée. C’est notre combat.

Fin

Ce texte a été publié dans un numéro spécial du « Pieds-noirs d’Hier et d’Aujourd’hui » n° 173 – Avril 2009

Références de l’Auteur : « l’Islamisme dans la guerre d’Algérie » du docteur Jean-Claude PEREZ - publié en 2004 par Dualpha-Diffusion - B. P 58 - 77522 COULOMMIERS CEDEX - Tél./Fax : 01 64 65 50 23.

« ATTAQUES ET CONTRE-ATTAQUES » chez le même éditeur : 39 € + 6 € de port.

RETOUR JEAN FRANCOIS PAYA ORAN 5 JUILLET 1962

ou RETOUR Dr JEAN-CLAUDE PEREZ 

ou RETOUR NOS LECTURES 

Retour "Tous les articles"

 

 

Publicité
Commentaires
E
c'est de la desinformation pure.un peu d'ethique envers ceux qui vous ont lu ou vont vous lire et ignorants des faits.c'est du cynisme sans nom.les oulamas n'ont rien a voir avec la revolution.ou vous ignorez totalement l'Histoire ou vous etes un champion de la falcification;dans un comme dans l'autre ce n' est pas a votre honneur.
Répondre
M
Allahu Akbar<br /> <br /> <br /> <br /> Connexion<br /> <br /> 20 AOÛT 1955 : MASSACRES À OUED ZEM<br /> <br /> <br /> <br /> Photo : Le Dr Serre à l'hôpital de Khenifra, qu'il a créé et où il a longtemps exercé.<br /> <br /> <br /> <br /> (+ diaporama au bas de la page)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> 20 AOÛT 1955 : MASSACRES À OUED ZEM<br /> <br /> <br /> <br /> En 1955, des révoltes éclatent en plusieurs points du Maroc. Le film « Le Capitaine Cassou » évoque celle d’Imouzzer Marmoucha. On y entend l’explication d’un des responsables marocains, Mohammed Oukassou. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais les événements les plus meurtriers se déroulèrent à Oued Zem où (sources variables) plusieurs dizaines de Français (70 ? 100 ?) et plusieurs centaines de Marocains (200 ? 400 ?) ont perdu la vie.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur cette page, il sera intéressant de lire le récit du Dr Serre, appelé quelques jours après les événements pour relancer l’activité de l’hôpital où tout le personnel soignant avait été massacré, ainsi que plusieurs patients. <br /> <br /> <br /> <br /> Je remercie Mme Jacqueline Serre, veuve du médecin, qui m'a confié ce document.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Par ailleurs, vous pouvez visionner sur :<br /> <br /> <br /> <br /> in http://petitparis.ifrance.com/20Aout1955.htm <br /> <br /> un autre récit des événements, malheureusement assez embrouillé.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=AFE85006323 <br /> <br /> le film paru aux actualités françaises<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> LES MASSACRES D’OUED ZEM<br /> <br /> par le Dr Serre<br /> <br /> (inédit)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> A Oued Zem une ruée sauvage, une xénophobie soudaine déferle sur la ville qui ne disposait pour se défendre que de quelques gendarmes, d’une maigre compagnie de réservistes et des moghaznis du caïd et du contrôleur civil. Sous l’énorme poussée , la moitié est de la ville fut envahie. Les émeutiers incendièrent les maisons de Européens, tuèrent leurs habitants et détruisirent en partie l’hôpital après avoir massacré les hospitalisés européens et le personnel soignant. Les gendarmes réussirent, avec l’aide des survivants, à arrêter les émeutiers au milieu de la vile, où ils tinrent jusqu’à l’arrivée des secours. <br /> <br /> <br /> <br /> Aux mines de fer d’Aït Amar, les ingénieurs, les ouvriers et leurs familles ne disposaient d’aucune protection, aussi leur sort fut-il bien pire. Seuls quelques rescapés purent se réfugier dans le bâtiment administratif où ils soutinrent, avec des moyens de fortune et des explosifs qu’ils fabriquèrent eux-mêmes, un siège de près de trente-six heures. <br /> <br /> <br /> <br /> Un bataillon de la Légion arriva heureusement l’après-midi à Oued Zem, mais seulement le lendemain à Aït Amar. <br /> <br /> <br /> <br /> Cent morts Européens environ (il n’y eut pratiquement pas de blessés européens), sans doute plus de morts marocains, tel fut le bilan de cette journée. <br /> <br /> <br /> <br /> J’étais en congé en France. Un télégramme me rappela d’urgence au Maroc, pour succéder, comme médecin-chef du territoire et de l’hôpital d’Oued Zem, au docteur Fichbacher, assassiné au cours des émeutes. <br /> <br /> <br /> <br /> Comme je traversais le Mont Dore dans une voiture immatriculée MA, un petit bourgeois chafouin, en chapeau mou, leva sa canne dans ma direction en criant : « Sale colonialiste ! »<br /> <br /> <br /> <br /> Je partis seul le lendemain, par avion.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> *** <br /> <br /> <br /> <br /> Quel serrement de cœur à la vue de ce pauvre pays, un mois plus tôt encore si vivant ! Une route déserte, jalonnée de poteaux télégraphiques dépouillés de leurs fils et de leurs isolants, parfois même coupés à ras, sur des kilomètres, et de temps à autre des carcasses d’automobiles calcinées, basculées dans le fossé. A chaque pas, quelque chose rappelait les événements terribles qui venaient de se produire.<br /> <br /> <br /> <br /> A l’approche des lieux où les atrocités avaient été commises, une véritable angoisse m’étreignait, car il faudrait y vivre, s’intégrer à nouveau au pays, toucher du doigt ces plaies béantes et contribuer à les panser. Comment allais-je réagir ? <br /> <br /> <br /> <br /> (…)<br /> <br /> <br /> <br /> Jusqu’au croisement de la route de Camp Marchand à Fquih Ben Salah, tout ce qui a appartenu aux Européens est saccagé et brûlé. Partout des ouvertures béantes, noires de suie, des toits défoncés, des poutres calcinées et dans les cours, des tas d’objets informes, épaves de la vie quotidienne. Nous avancions lentement, à pas feutrés, entre ces murs noircis et ces plâtras, retenant notre souffle, recueillis comme dans la chambre d’un mort. <br /> <br /> <br /> <br /> Celui qui m’accompagne m’explique en détail le drame horrible de chacune de ces maisons. Qu’il se taise, et que arrivions enfin à l’hôpital !<br /> <br /> <br /> <br /> Là, rien n’a été touché depuis l’enlèvement des cadavres. Des carcasses d’automobiles aux tôles tordues, dont celle d’une ambulance, gisent au pied des grands murs et un peu plus loin, au bas du perron, s’entasse, brisé, informe, le matériel hospitalier jeté par les portes et les fenêtres. <br /> <br /> <br /> <br /> A l’intérieur, le spectacle est pire. Des services techniques et généraux, il ne reste rien. Radio, climatiseur, stérilisateur, microscopes, tout a été détruit. Quand le feu a été insuffisant, la hache et la massue ont achevé le travail. Dans la cour intérieure, encore deux carcasses d’automobiles renversées et incendiées, et pour que rien ne subsiste, non seulement les fleurs avaient été coupés, mais les pigeons du médecin-chef avaient été égorgés ! Il fallait effacer toute trace des Roumis, par le fer et par le feu !<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi cette destruction d’un hôpital qui servait principalement aux Marocains, et où deux cents d’entre eux, en moyenne, se pressaient chaque jour ? Je ne comprends plus. J’avance, comme un somnambule, dans un monde qui n’est plus le mien, celui de la folie destructrice et sanguinaire, celui de la volupté d’anéantir… Tout ce que je vois est incompréhensible, illogique, hors des normes humaines. <br /> <br /> <br /> <br /> Avec un infirmier, nous arrivons devant une porte trouée de balles.<br /> <br /> <br /> <br /> - C’est là, me dit-il, dans ce bureau, qu’en compagnie des la plupart des infirmiers de l’hôpital, Français et Marocains mêlés, j’ai vécu les heures sanglantes. Cinq heures qui m’ont paru un siècle ! Nous avions transporté le corps du médecin-chef. Trois femmes se tenaient debout dans l’angle, cachées par cette armoire métallique. Ah, elles se faisaient petites, les malheureuses ! Pendant cinq heures, nous avons entendu des hurlements, des cris de haine, les youyous, le crépitement des balles, les coups de masse contre les cloisons, les supplications des malheureux qu’on égorgait à quelques mètres de nous, le grondement de l’émeute, tandis que nous nous savions à sa merci. La chaleur était étouffante, car tout brûlait autour de nous, la fumlée s’infiltrait par le plus petit orifice, et nous nous disions que dans quelques minutes, ce serait notre tour… Par quel miracle avons-nous été épargnés ? Nul ne le saura. Mais quand nous entendîmes le crépitement d’une mitrailleuse, puis de deux, puis de trois, à une cadence de plus en plus nourrie, en même temps que des éclatements de grenades, nous comprîmes que quelque chose venait de changer, et chacun d’entre nous, dans son for intérieur, fit une prière d’action de grâce.<br /> <br /> <br /> <br /> Il faut tout dire. Il y avait des malades dans cet hôpital. Il était archi-comble. Dans les chambres des malades européens, hommes, femmes et enfants, à la vue du sang coagulé sous leur lit à la verticale de la tête, on comprenait que là, le comble de l’atrocité avait été atteint. <br /> <br /> <br /> <br /> Comment devant un tel spectacle échapper à l’émotion et à un sentiment de révolte ? On eut dit que tout s’écroulait autour de moi. C’était pour en arriver là que depuis vingt-cinq ans j’avais travaillé et ruiné ma santé, dans ce pays que j’avais tant aimé ? Pour en venir à contempler, à la fin, ce tableau d’une haine injustifiée, d’une xénophobie folle, inhumaine, qui réussissait à détruire jusqu’à la trace des bienfaits. Vingt-cinq ans consacrés à soigner, à aider ceux qui avaient commis ces crimes ! Où était ce grand rêve d’interpénétration, de fusion de deux peuples ? Il fallait fuir, fuir très loin, où rien ne me rappelle le Maroc et mon passé, puisque tout ce que j’avais aimé, tout ce pourquoi j’avais lutté était anéanti, puisque j’avais travaillé toute ma vie pour une œuvre vaine. <br /> <br /> <br /> <br /> ***<br /> <br /> <br /> <br /> Mais l’administration avait entrepris un travail de reconstruction. Manquer de courage, ne pas surmonter sa rancœur et son désespoir, alors que tant d’autres s’étaient dominés et avaient repris la lutte, eut été pire qu’une lâcheté. <br /> <br /> <br /> <br /> Nous nous installâmes au sanatorium pour soigner des blessés, d’ailleurs émeutiers pour la plupart.<br /> <br /> <br /> <br /> Recommencer, oublier ce carnage, rester médecin, revoir les Marocains avec les mêmes yeux que jadis, retrouver leur confiance, si possible leur amitié, et donner la mienne sans restriction, c’était mon devoir. C’était vers cela que tout ce passé, que j’avais cru détruit, me poussait avec une force invincible et si une vision atroce avait pu, un instant, le masquer, tout mon être le désirait. <br /> <br /> <br /> <br /> A l’hôpital tous m’aidèrent, firent équipe pour aller de l’avant. Je finis par trouver mieux que des assistants, mieux que des collaborateurs : nous finîmes par former une famille unie par les liens d’une sympathie et d’une affection véritable. De temps en temps, nous nous réunissions le soir. Tantôt nous écoutions de la musique, tantôt c’était un dîner improvisé où les boîtes de conserve étaient reines… Ainsi, peu à peu, s’estompèrent les heures noires et, dans notre sphère, Français et Marocains, à nouveau réunis, nous rebâtissions…<br /> <br /> <br /> <br /> Notre première hospitalisée fut une mère de famille nombreuse, transportée chez nous presque clandestinement, entre chien et loup, à la sauvette, « simplement pour que je la voie »… Nous la gardâmes deux mois. Ses enfants, son mari, des parents vinrent la visiter. Tous paraissaient de braves gens, et le contact de cette famille marocaine unie qui ne manifestait que des sentiments simples et humains nous fit un bien immense. Auprès d’eux nous oubliions les émeutiers du vingt août.<br /> <br /> <br /> <br /> Avec le temps, du côté marocain, petit à petit, la confiance en nos soins revenait. Les appels se faisaient de plus en plus fréquents.Lorsque j’allais dans le bled, je partais en jeep, accompagné seulement de celui qui était venu me chercher. Quelle que fût l’heure du jour ou de la nuit, je ne fus jamais inquiété. Chez le malade, l’accueil était le même qu’autrefois, la conversation aussi libre, le verre de thé aussi généreusement offert, et bientôt ceux qu’il était utile d’hospitaliser acceptèrent l’hospitalisation sans résistance. <br /> <br /> <br /> <br /> En trois mois les salles se remplirent, tandis que la moyenne journalière des consultants passait de dix en octobre à deux cents cinquante en mars, et ce fut à nouveau la grande presse des jours de souk…<br /> <br /> <br /> <br /> Bien sûr, dans cette période de transition, certains se faisaient une idée assez baroque de l’indépendance à venir… Un énergumène exigea de choisir lui-même sa piqûre. Comme il avait désigné une ampoule d’hyposulfite de soude, je décidai de laisser l’expérience se poursuivre. <br /> <br /> <br /> <br /> - Arrête ! Arrête ! Tu me fais mourir ! Tu me brûles !<br /> <br /> <br /> <br /> - Ne me reproche rien, c’est toi qui as choisi…<br /> <br /> <br /> <br /> ***<br /> <br /> <br /> <br /> Les conversations avec les Marocains devenaient un peu plus faciles chaque jour, mais par prudence, nous évitions toute allusion aux événements récents. Les plaies étaient trop fraîches. Cependant, parfois, malgré nous, l’obsession revenait, et un mot, une phrase nous ramenait au vingt août…<br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi donc cette émeute sanglante s’était-elle produite ? <br /> <br /> <br /> <br /> Avec le recul, et avec tout ce qu’il faut possible d’apprendre de part et d’autre, on put reconstituer le drame.<br /> <br /> <br /> <br /> Depuis quinze jours, des émissaires venus des grandes villes répandaient dans la ville leur bonne parole. Le vingt août serait dans tout le Maroc le jour du grand soulèvement, disaient-ils. Oued Zem ne pouvait pas rester spectatrice ! <br /> <br /> <br /> <br /> Des propagandistes visitèrent les tribus environnantes, afin de rassembler ce jour-là le plus de monde possible à Oued-Zem. Ils dirent aux fellahs que tout bon Marocain devait s’y rendre, qu’il pouvait être dangereux de s’abstenir. Aussi, le vingt août, ce fut une ruée des campagne vers la ville. Lequel d’entre eux aurait pu deviner ce qui allait des passer ? Ils allaient au « raout », rassemblement où l’on crierait. <br /> <br /> <br /> <br /> Et dans cette foule où chacun, par crainte de passer pour tiède, cherche à paraître plus violent que les autres, les mots exercent leur magie, et plus ils sont durs, plus ils portent. Aux quatre coins de la ville, les meneurs haranguent, et disent l’infâmie pour une terre d’Islam de tolérer les Chrétiens… « Le jour de la grande purification est venu, disent-ils, celui de leur extermination. On va aujourd’hui reconnaître les vrais musulmans ! » Qui oserait rester passif ? Les poignards sont brandis, les canons des fusils se lèvent… « On saura bien démasquer les félons qui ont partie liée avec les chrétiens, poursuivent les orateurs. D’eux aussi nous purifierons notre sol ! » La force aveugle est alors déchaînée. La foule compacte, surexcitée, est grisée de mots qui ne permettent plus de reculer.Premiers cris des victimes, vue du sang, ronflement des incendies. Il est si facile de tuer et de détruire. Seul le premier pas coûte. Peut-être, après tout, est-il bien de massacrer les chrétiens puisqu’on le proclame ? Peut-être gagne-t-on ainsi le ciel ? Et l’on massacre.<br /> <br /> <br /> <br /> - Oh, Ahmed, toi qui étais toujours avec les Chrétiens et leur léchais les bottes, ton compte est bon. Tu as beau t’égosiller avec nous, ce soir ta gorge sera comme celle d’un mouton le jour de l’Aïd !<br /> <br /> <br /> <br /> Et Ahmed, fou de terreur, saisit ce petit Français, son voisin, qui essayait de fuir, qu’il aurait pu sauver, et l’égorge.<br /> <br /> <br /> <br /> - Au nom de Dieu, dit-il en levant son poignard, regarde comme je les aime, les Chrétiens !<br /> <br /> <br /> <br /> La veille, ou le lendemain, Ahmed se serait peut-être fait tuer pour protéger sa victime... <br /> <br /> <br /> <br /> On a été étonné de trouver à la tête des bandes, vociférant plus que les autres, des Marocains ou des Marocaines dont les relations avec les Français étaient les plus cordiales. Ne parlez pas de perfidie, ni de trahison. L’explication, c’est la peur, poussée à son paroxysme. Qui n’a pas été lâche une fois dans sa vie ? <br /> <br /> <br /> <br /> Un jour, les policiers amenèrent un fellah d’une quarantaine d’années, sur qui pesaient les plus graves soupçons. Accusé de l’assassinat d’une famille, dénoncé, sur le point d’être pris, il s’était jeté dans un puits. Il avait une fracture du rachis et fut immobilisé trois mois et demi dans une coquille. <br /> <br /> <br /> <br /> - Ce type a tué plusieurs Français, m’affirma le commissaire.Il nous tarde que vous le fassiez sortir de l’hôpital. <br /> <br /> <br /> <br /> Etait-ce possible ? Il avait une physionomie placide et débonnaire, et tout son comportement respirait le brave homme. <br /> <br /> <br /> <br /> Les mois passèrent, les policiers partirent, et du jour au lendemain, les terroristes devinrent des héros, les victimes des martyrs. Le fracturé du rachis se leva, et s’en alla bientôt dans sa famille. Nous le perdîmes de vue. Peu de jours avant mon départ définitif, on m’avertit qu’il voulait me parler. Il s’avança appuyé sur deux cannes.<br /> <br /> <br /> <br /> - Je veux te remercier, dit-il. C’est grâce à toi si je suis encore vivant. Tu sais, on a quelquefois dans sa vie un jour de folie, mais Dieu est grand, c’est Lui qui nous juge.<br /> <br /> <br /> <br /> La phrase de ce fellah m’éclairait plus sur le drame d’Oued Zem que les enquêtes ou rapports que j’avais pu lire ou entendre. Le jour de folie, le jour où l’on tue, où toutes les forces du mal sont déchaînées, où l’on ne sait plus ce qu’on fait. <br /> <br /> <br /> <br /> Les responsables, les vrais, ce sont ceux qui ont rassemblé cette foule, lancé des mots d’ordre, qui l’ont haranguée, excitée, sachant qu’une foule déchaînée est capable de tout.
Répondre
M
Souvenir d'enfance à propos d'un film . La Charge Héroïque .<br /> <br /> En 1867 , après la mort du Général Custer , 10000 Indiens fondent sur 100 villages et 1000 fermes . Sioux , Apaches , Kiowas , Cheyennes etc... fanatisés massacrent les colons .<br /> <br /> Ils ne sont pas sur le chemin de Dieu , mais font la guerre sainte ( dixit le film ) sur le sentier de la guerre .<br /> <br /> La cavalerie américaine se portera au secours des colons , et en 1949 John Ford immortalisera cette cavalerie dans un film joué par John Wayne ( je dis bien en 1949 ), " la Charge Héroïque " , les Américains ayant trouvé au début 9 à 10 millions d'Indiens , en laisseront 500000 en 1900 , dans des réserves .<br /> <br /> Je préfère être P.N , qu'être Américain dans ce cas - là .
Répondre
O
Je lis votre article qui m'ouvre d'autres horizons sur les lectures glanées ça et là sur le Net. Dans cet ordre d'idées il y était question des évènements de Sétif et la perpétration des crimes abominables commis par les musulmans sur leurs propres voisins européens, mais sans faire référence à ce que vous avancez.<br /> <br /> Il est certain que le petit peuple Pied-Noir a été manipulé de A à Z par nos politiques de France l'ayant utilisé à leur convenance, sans parler de de Gaulle qui avait son idée sur la question et préparait son retour dans l'échiquier politique.<br /> <br /> Nous connaissons la suite et entrevoyons pour certains ce qu'il adviendra de la France vouée à une islamisation certaine d'ici peu de temps, les musulmans connaissant les faiblesse et lâcheté de nos hommes politiques.<br /> <br /> Je reste persuadé que ce que nous avons subi là-bas n'est qu'un avant goût de ce que connaîtront nos petits-enfants d'ici peu et me reporte en cela à ce qu'avait déclaré Maître Tixier Vignancour : <br /> <br /> "Nous n'avons pas voulu d'une Algérie Française, nous aurons une France Algérienne ! ". <br /> <br /> Les exemples quotidiens sont là pour le démontrer !... La France s'enlise dans une guerre civile à brève échéance ! <br /> <br /> Plaise Dieu que je me trompe lourdement !...<br /> <br /> Onimert
Répondre
T
cher ami Chaffik Wahdou.....La prochaine fois que vous viendra l'idée d'écrire de telles aneries...prévenez!!! L'algérie en tant que telle n'existait pas avant 1830....relisez et apprenez son histoire....ce n'était meme pas un pays...mais un ramassis de tribues ou clans, qui se faisaient la guerre perpétuellement. Je vous rappelle qu'au tout début il y a eu les Romains...les Ottomans...les Espagnols...puis les Francais....qui ont construit les belles villes que vous connaissez...Un exemple parmis tant d'autres....Sidi Bel Abbès..construit sur un immense marécage infecté de moustiques....Meme a l'heure actuelle vous n'etes pas foutus de faire quoi que ce soit...ce sont les Chinois qui construisent....Mais patience avec eux ca ne sera pas la meme musique...car ne croyez pas qu'ils font ca pour vos beaux yeux....a Bientot...Bien a vous!!!!
Répondre
L
Oui, moi aussi, j'ai lu jusqu'au bout et je vous remercie de votre récit qui nous éclaire un peu plus sur notre histoire.<br /> <br /> Ah ! la haine reste toujours présente en ce bas monde !
Répondre
P
Votre adresse semble éronée, le courrier qui vous est envoyé me revient?..
Répondre
S
suite a une altercation avec un français d origine algériennes sur l utilisation de four crématoire par les français en algerie et du massacre 1.2 millions d algeriens par les méchants français selon lui , je suppose qu il faisait mention des fours a chaux utiliser après les évènements de setif pouvait vous m apporter quelques éclaircissement svp sur leur utilisation merci d avance ( la vérité me suffit )
Répondre
E
Merci de cette page d'histoire très importante. Nous savions tous qu'un massacre systématique de la population ne pouvait avoir été organisé sans raison. Comme toujours aujourd'hui la mémoire sélective enfonce le clou. "Le français sont des racistes et des assassins".<br /> Les gouvernements qui se succèdent sont complices et devront un jour s'expliquer sur la trahison des patriotes.
Répondre
L
oui j'ai lu ecoeure
Répondre
S
Ecoeuré contre tous ceux qui nous dénigrent, même des PN( socialo-communistes) etc... La VRAIE FRANCE se perd peu à peu.
Répondre
L
oui, j'ai lu, et je suis en révolte... en révolte contre tous ceux qui veulent nous détruire...
Répondre
Publicité