USDIFRA COMMUNIQUE
"LE BATEAU DE L'EXIL"
Solliès-Pont, le 3 octobre 2011
Chers compatriotes déracinés,
Notre projet soulève des polémiques et provoque des observations quant au « Bateau de l'Exil ».
La lecture de vos observations, ainsi que d’autres remarques que nous avons reçue, nous laissent penser que le Bateau de l'Exil a besoin d’explications complémentaires et nous souhaitons vous les donner.
Rappelons-nous tout d’abord que cette manifestation est organisée dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de notre exode. Il s’agit là d’une date extrêmement importante qui peut signifier pour le monde extérieur, soit que notre communauté est en voie d'extinction avec la disparition prochaine des dernières victimes de l’exode (c’est bien sûr, ce sur quoi comptent nos adversaires) soit qu’elle est toujours présente avec ses revendications insatisfaites et ses droits bafoués.
Nous ne pouvons pas, nous en sommes persuadés, nous contenter de quelques manifestations locales qui ressembleront à toutes celles qui sont faites chaque année depuis cinquante ans, pour commémorer le cinquantenaire.
C’est pourquoi nous avons proposé a toutes nos associations de s’unir en vue de célébrer dignement le cinquantenaire de notre exode d’Algérie et avons fait alors un appel à propositions.
Devant le manque d’initiatives, nous avons donc décidé à l’USDIFRA de prendre seuls le risque et de lancer cette opération ambitieuse. Son but est à la fois de rassembler notre communauté en lui rappelant ce que la nation lui doit et d’alerter le monde extérieur sur nos problèmes moraux et matériels en créant une exposition médiatique importante.
Le Bateau de l'Exil nous a semblé une opération qui comportait ces caractéristiques.Y avait-il d’autres manifestations possibles ?
C’est possible mais en ce qui nous concerne, nous ne voyons rien en préparation et 2012 commence dans maintenant trois mois ce qui laisse très peu de temps aux hésitations et aux tergiversations car une manifestation d’ampleur nationale et internationale demande une organisation considérable!
Nous avons tous une blessure encore béante depuis notre exode de la terre que nous aimions. C’est pourquoi nous souhaitons tous trouver la manifestation parfaite qui démontrera au monde la justesse de notre combat; mais cette recherche de la perfection ne doit pas nous conduire à l’inaction.
Si nous devons en permanence reprendre à zéro les projets que les uns ou les autres peuvent avoir pour arriver à des manifestations qui plaisent à tout le monde, le risque est grand et nous sommes persuadés que 2012 passe sans que rien d’important ne soit organisé. Ceci donnerait raison à nos détracteurs enterrant ainsi les derniers espoirs de notre communauté.
Ce risque là nous parait beaucoup plus grand que les quelques réticences que nous pourrions avoir sur tel ou tel point d’une manifestation telle que « le Bateau de l'Exil »
« le Bateau de l'Exil » n’est pas une reconstitution d’opérette mais une opération symbolique forte qui permettra de montrer que notre communauté est toujours là, qu’elle est toujours souffrante et que ses droits n’ont pas été et ne sont toujours pas respectés. Quand nous parlons de droits cela inclut évidemment tous les droits matériels et moraux, droits à l’indemnisation, droits à une vie dans la dignité, droits à la vérité concernant l’histoire de notre communauté, reconnaissance de la responsabilité des états dans nos souffrances, pieds noirs de toutes confessions.
Les droits matériels et moraux sont pour nous Pieds-noirs, un tout indivisible sinon nous serions des citoyens de seconde zone n’ayant pas bénéficié et ne bénéficiant toujours pas de tous les droits dont jouissent les français d’origine métropolitaine.
Le Bateau de l'Exil n’est pas une croisière d’agrément mais un voyage symbolique et de recueillement au cours duquel nous rendrons hommage à tous nos morts laissés sur la terre d’Afrique et à toutes les réalisations qui y ont été les leurs. L’état de nos cimetières y est déplorable comme certains le soulignent très justement, notre moment de recueillement au cimetière de Saint Eugène sera donc l’occasion pour nous d’une pensée vers ceux des nôtres qui reposent ailleurs dans des conditions pires que celles du cimetière de Saint Eugène et nous soulignerons pour la presse française et étrangère ce scandale qu’est l’état d’abandon des cimetières que nous avons laissés.
Aller en Algérie nous a paru indispensable, car nous avons tous, toujours, ce pays dans le cœur puisqu’il était le notre. Il est aussi indispensable de montrer avec notre attachement à ce pays, que nous avons été déracinés contre notre gré.
Nous ferons tout, et nous nous y préparons déjà, pour que cette opération reçoive un éclairage médiatique maximum en France mais aussi à l’étranger. Les pays étrangers doivent savoir le sort qui nous a été fait dans un pays qui se veut la patrie des Droits de l’Homme.
Si les autres pays s’intéressent à notre histoire, les choses bougeront pour nous en France !
Nous utilisons des termes qui peuvent vous choquer c’est celui de réconciliation en précisant bien qu’elle ne pourrait avoir lieu que précédée par la réparation, morale et matérielle pour notre communauté.
Nous concevons que ce terme puisse choquer quelques-uns d’entre nous. La chose sera, nous le savons, difficile pour nous tous, elle est néanmoins dans l’esprit de beaucoup, pour que cette réconciliation n’ait pas lieu dans le mensonge et dans le déni de nos droits. Il faut donc que nous nous y préparions et que nous y mettions nos conditions.
Dans le cas contraire, nous courrons le risque d’être laissés de coté une fois de plus, d’apparaître comme une communauté revancharde et passéiste et que les choses se fassent sans nous et sans la satisfaction de nos revendications matérielles et morales.
Voilà , chers compatriotes, ce que nous voulions vous dire.
A moins qu’il y ait en préparation une manifestation formidable, mais nous n’en avons pas connaissance, le « Bateau de l'Exil » nous parait être la seule manifestation qui doit permettre en 2012 de témoigner, de montrer au monde que nous sommes toujours là et de maintenir en vie notre communauté.
Nous sommes persuadés que notre communauté, comprendra mieux la portée symbolique (sans couscous, merguez ou paellas) de ces quelques lignes décrivant notre manifestation et ses objectifs.
Avec nos amitiés,
Gabriel Mène et les 53 membres de son comité de soutien
Spoliés en 1962 Union Syndicale de Défense Toujours spoliés en 2011
des Intérêts des Français Repliés d'Algérie
Populations déplacées contre leur gré
Association loi 1901 – J.O. n° 6894 du 3 août 1965 – SIRET 424 348 514 00011
U.S.D.I.F.R.A.
Membre fondateur et animateur du C.N.S.U.R. (Conseil National Supérieur de l'Union des Rapatriés)
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Le Président
Les Renaudes 83210 SOLLIES-PONT
Tél.: 04 94 33 68 38
Fax : 04 94 33 35 25
Port : 06.09.78.58.92
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