BARRAGE DES BENI-BAHDEL
Barrage à voûtes cylindriques multiples et contreforts construit en 1934 sur l'Oued Tafna pour un volume de retenue de 63 millions de m3 fut mis en eau en 1944
Le barrage avait été conçu, à l'origine, pour assurer l'extension des irrigations de la plaine de Marnia, située à quelque 25 km au NW de l'ouvrage, sur la rive gauche de la Tafna.
Mais comme il était impossible de résoudre le problème de l'alimentation en eau de la région Oranaise avec les seules source de Raz-el-Aïn et de la nappe de Brédéah-Misserghin, il fut alors décidé d'assurer cette alimentation à partir du barrage de ce barrage, lequel serait porté de 47 à 54 m de hauteur.
Historique de l’entreprise de l’année 1934 à 1952.
Tout le matériel et tous les matériaux : machines, ciment, fer, etc. arrivaient par la gare de Sidi Médjahed. Un long téléphérique, qui marchait continuellement, les amenait au béni Bahdel et les déchargeait juste à l’endroit du travail en cours. En 1935, complètement isolé par la neige pendant 15 jours, le chantier n’a vécu que par le téléphérique qui lui apportait même la farine. Un autre téléphérique de 2 km seulement, roulait les pierres d’une carrière.
Commencé en 1934, le barrage semblait fini en 1937/1938 ; les voûtes et les contreforts atteignaient la hauteur prévue de 47 m. c’était le projet primitif, qui réservait l’eau à l’irrigation de Maghnia, exclusivement.
C’est alors que la ville d’Oran se décida de réclamer une adduction urbaine. Pour augmenter la retenue d’eau, une surélévation de 7 m devenait nécessaire. Comment relever le barrage en conservant les anciennes voûtes et surtout les anciens contreforts ?
On y parvint que par une élégante innovation technique : la précontrainte (on exerce une forte traction sur l’armature, avant la prise) le grand spécialiste du béton précontraint, M. Freyssinet, vint exprès de France. La surélévation entraîna la construction des butons, des butées, la pose des vérins, des câbles d’ancrage, des contreforts. De plus pour fermer les 2 cols, on avait prévu deux petites digues hautes de 8 m ; sous forme de barrages à poids ; elles n’étaient pas commencées. Nouveaux plans : des voûtes hautes de 15 m. et des becs de canards.
En 1939, le barrage seul existait, à peu près terminé, mais un barrage surélevé à 54 m. Heureusement ! C’était l’essentiel. Il ne coûtait que 300 millions.
Les travaux ne reprirent vraiment qu’en 1946. En 1948, le lac fut vidé pour de nouvelles injections de ciment .L’usine fut achevé en 1947, le tunnel et le grand bassin de compensation de Bou hallou, au début de 1950, puis les autres bassins et la « canalisation « proprement dite, qui a coûté aussi cher que tout le reste ( plus de 4 milliards) Enfin un jour béni du mois de août 1952, l’eau douce et pure des Béni Bahdel coula dans les cuisines oranaises.
Le coût de l’adduction entière est difficile à évaluer et certainement très élevé : 8 milliards peut être 9 ou davantage. Mais son intérêt économique et social est considérable. De plus, c’est un sucés technique.
Chaque barrage offre des difficultés particulières qu’il faut vaincre avec quelque originalité. Ici c’est la surélévation, la précontrainte, les injections, le déversoir aux goulottes, le grand tunnel, les bassins de filtration, enfin la longue canalisation de 163 kms avec commande automatique par l’aval dans 8 brises charges.
Il y a toujours des surprises désagréables.Il ne faut pas oublier les catastrophes dont les oueds sont capables. Ainsi le barrage de l’ex Perrégaux, prévu pour supporter une lame déversante de 1m60 au maximum, voit arriver un mois plus tard,, une lame de 2 m. C’était, il est vrai vers 1880. Mais en novembre 1927 sa retenue d’eau monte en 11 heures de plus 8 mètres à plus 32 m, atteint le déversoir et le déborde par une lame qui s’enfle jusqu’à 3m 85.
La ville d'Oran dont les besoins en eau en 1944 sont de l'ordre du mètre cube à la seconde et bien qu’elle se trouve à 135 km à vol d'oiseau au NE des Beni Bahdel, la longueur de la conduite atteint quand à elle 170 km.
Anisette offerte aux Oranais lors de l’arrivée de l’eau douce dans la ville.
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