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popodoran
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15 novembre 2012

MA REPONSE A …

             Je suis Pieds-Noirs comme mes parents, grands-parents et arrières grands-parents. Née à Oran en 1942, je n'en suis partie qu'en 1972.

            Il me semble qu'avant que nous disparaissions, un important travail est à mener lequel impose à l'Histoire de donner la vraie version de la guerre d'Algérie, de ses origines, causes et conséquences.

            Le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie a fait l'objet de discours politiques français imbibés de repentance envers le peuple algérien et du plus grand silence sur le drame de notre exil, sur nos disparus, sur morts mais surtout sur la réalité des faits et de leur déroulement.

            Les écrits des historiens dits spécialistes de l'Algérie comme Stora et ses émules sont réducteurs et partisans donc erronés. Les prendre comme références serait inadmissible pour notre mémoire et immorale pour la vérité.

            D'aucuns estiment qu'il est encore trop tôt pour construire la vraie histoire de la guerre d'Algérie tant les passions sont encore vivaces et les plaies non refermées. Je crois au contraire qu'il nous faut à nous qui en ont été les acteurs majeurs, tenter de dépasser nos réactions affectives et nous faire entendre avec objectivité , force et courage avant de disparaître.

            Mais pour nous faire entendre il nous faut éviter bien des pièges. Principalement, il nous faut ignorer que le pouvoir politique est parfois contraint à prendre des décisions sous la pression de puissances étrangères, ce que les gouvernants font primer est ce qu'ils croient bien pour la nation au détriment des attentes de certains groupes sociaux, les français n'avaient de l'Algérie qu'une image négative d'un pays lointain où leurs enfants partaient se battre sans qu'ils en comprennent ni admettent les raisons.

            D'autres pièges et non des moindres nous sont aussi tendus. Notre récupération par certains mouvements politiques qui n'ont pour objet que de renforcer leur propre troupe et de se servir de nous pour faire valoir leurs idées, l'utilisation de notre pluralité d'associations de Pieds-Noirs qui affaiblit l'impact de nos propos, nos difficultés à accepter et à savoir argumenter des débats contradictoires.

            Ce n'est pas en poursuivant entre nous des échanges qui reflètent nos souffrances même si ,elles sont toujours bien présentes dans nos pensées, ou ,en incriminant de façon récurrente l'un ou l'autre de nos hommes politiques passés ou présents, ou, en reprenant certains vieux extraits de discours ou d'articles de presse, que nous travaillerons efficacement pour que  l'histoire de la Guerre d'Algérie soit construite avec nous.

            Pourquoi la parole ne nous est jamais donnée ? Ne sommes-nous pas assez éduqués pour savoir traiter des faits et des enjeux politiques comme des sujets complexes ? Nous connaissons le déroulé des relations entre la France et l'Algérie depuis le début de notre arrivé sur cette terre que nous avons faite nôtre. Nous savons qu'elles ne furent qu'indécisions, ordres et contre-ordres, erreurs stratégiques, ignorance réciproque, confusion, mensonges et déni.

            Nous serons entendus si nous savons reconnaître que nous n'avons pas été suffisamment vigilants dans la gestion de notre pays. Notre erreur a été de laisser agir les gouvernements français sans intervenir quand il était temps.

            On ne dirige pas un pays à distance. On ne dirige pas un pays sans conscience des évolutions dans les mentalités et les attentes. On ne dirige pas un pays sans définir un avenir considéré comme le meilleur par tous ses habitants.

            Gérer l'Algérie comme un département français était un leurre et nous n'avons rien dit. Ignorer qu'un jour ou l'autre le partage des responsabilités et des pouvoirs serait demandé par les arabes lesquels progressivement se formaient dans nos écoles, a été notre erreur. Imaginer que les décisions du gouvernement français étaient franco-françaises alors que les américains imposaient leur loi, a été une grave méconnaissance de la situation.

            Mais avions-nous la possibilité d'intervenir encadrés par des fonctionnaires français de passage qui se contentaient d'exécuter les ordres de Paris sans nous demander notre avis ?

            Si l'indépendance de l'Algérie était écrite dans l'évolution du Temps, elle aurait dû et pu se passer autrement. Nous avons notre part de responsabilités avec certains de nos combats inutiles, certains de nos propos inadaptés, certains de nos comportements provocateurs. Nous avons  été crédules. Nous avons été dupés. Notre faiblesse fut de n'avoir pas eu de leaders Pieds-Noirs qui s'entourent d'une équipe unie de responsables locaux compétents et éclairés.

            Nous n'avons pas su changer notre image auprès des français pour lesquels les Pieds Noirs étaient en majorité des riches colonisateurs oisifs aux capacités intellectuelles étaient peu développées et qui « faisant suer le burnous ».

            Les couplets sur les méfaits de la « colonisation » de l'Algérie tel qu'il est repris dans les sphères politiques françaises actuelles doit être critiqué à la lumière du passé de ce pays tant de fois envahi par diverses civilisations et du travail accompli par nos ancêtres qui ont fait d'une terre pauvre et aride, un pays riche et prospère quand nous l'avons laissé . Il faut être fier de nos colons et faire réhabiliter leur image et leur rôle.

            S'il nous faut laisser des intellectuels français gloser ou certains « faux » Pieds Noirs de gauche battre leur coulpe et faire une repentance idéologique virtuelle, il nous faut trouver les moyens pour que des Pieds Noirs de bonne volonté sans appartenance à un quelconque mouvement politique français  puissent  participer à un travail de vérité historique sur la guerre d'Algérie avant qu'il ne soit trop tard.

            J'appelle donc mes compatriotes Pieds Noirs à une résistance intelligente laquelle dans une démarche objective redonne leurs sens aux faits

            Qui parmi vous souhaitent s'impliquer dans cette tâche ?

 Jacqueline Beaussart-Defaye

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Commentaires
S
le Prophete Mahamed, Antigone et voltaire (je crois) ont dit avant nous: Dieu me protège de bmes amis, mes vennemis je m'en charge.<br /> <br /> Pierre
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C
M.GUILLEM,<br /> <br /> Vous avez malheureusement raison en ce qui concerne les "barons"qui se croient investis d'une espèce de légitimité.
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C
Comme je l'ai déja écrit hier je suis d'accord pour réfléchir à ce projet.
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J
Il y a le travail de Mémoire( s) mené par les associations avec documents et témoignages. Il est indispensable . Il y a le travail de l'historien construit sur les faits et partant des vérités de chacun pour tenter de cerner la Vérité . Il y a le travail de "réhabilitation" de l'oeuvre des Pieds Noirs en Algérie. C'est à travers les manuels scolaires que je crois comme d'autres, intéressant de commencer à affirmer notre volonté de participer à la connaissance et à la diffusion de la Vérité. <br /> <br /> Ceux qui souhaitent travailler à ce projet peuvent me contacter pour élaborer charte et modalités d'actions.<br /> <br /> Nous sommes resté à Oran jusqu'en 1972 par amour pour notre terre et n'en sommes partis que pour des raisons de santé.Ce ne fut pas simple , mais c'était notre choix.
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C
Chère Madame,<br /> <br /> Vos propos m'ont séduit et la tâche est noble et sera longue et semée d'embuches.<br /> <br /> Je suis tout à fait disposé à y travailler et à m'impliquer.<br /> <br /> Mais à une condition,il faut inventer une charte qui fixera les buts,les moyens,les acteurs dans un cadre résolument apolitique garant de notre foi à porter haut et fort <br /> <br /> la gloire de notre pays natal.<br /> <br /> Réunissez les bonnes volontés décidées à fédérer toutes les associations déja existantes car vous ne ferez rien sans elles.
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G
Pied Noir comme Jacqueline, fils et petit fils de Pieds Noirs depuis 1866, je souscrit à ses propos. Il faut remarquer que les historiens comme STORA et bien d'autres n'ont le titre d'historiens que parce qu'ils l'ont pris d'office. Ne s'impose pas historien tout un chacun. Il est dommage que la majorité de médias ne fait référence qu'à travers eux et occultent tous ceux qui soit disant ont la pensée réactionnaire. Et pourtant ces derniers détiennent la vérité qui un jour éclatera et fera mal.
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G
Dans tes propos il y a des réalités; dans ceux de Jacqueline il y a également des réalités, dans ceux de Jean-Paul pareil. Chacun a sa vérité en fonction du contexte dans lequel il a évolué. Certes on s'interroge immédiatement lorsque l'on sait que Jacqueline a quitté l'Algérie en 1972 - 10 ans après l'indépendance; on ne peut pour autant l'affubler de "Pieds-Rouges"; certes si elle a pu rester c'est sans nul doute car ni elle ni vraisemblablement ses proches ne furent impliqués dans des actions qui auraient pu leur porter préjudice après l'indépendance.<br /> <br /> Ce qu'il faut retenir c'est qu'elle recherche, comme tant de nos compatriotes, l'union sacrée qui - ne nous leurrons pas - ne se fera JAMAIS. La meilleure preuve que l'on puisse avoir c'est cet appel unanime ou presque à manifester contre la date funeste du 19 mars dont une infime très infime minorité a suivi le mouvement.<br /> <br /> Quant à l'évocation du combat inutile...soyons objectif et admettons, avec le recul, qu'il le fut. Certes ce combat était nécessaire, indispensable mais cher Andalou combien de Pieds-Noirs y ont-ils été impliqués? Voila la vraie question. Combien de nos compatriotes ont-ils pris le risque de tout perdre pour défendre notre terre?C'est de cela dont il faut parler et il nous faut admettre que ceux qui prirent position pour l'HONNEUR sont en majorité des Officiers Fringaouis dont certains ont laissé leur peau et dont tous ont perdu leur passé et sont occultés par leurs propres frères d'armes.<br /> <br /> A chacun donc sa vérité. Mais la réalité est quelque chose que l'on ne peut déformer sans risque de déformation de la vérité.<br /> <br /> En outre et je le redis, au risque de déplaire, le contexte algérois était différent de celui de l'Oranais, celui de Constantine par rapport à celui de Bône; la vie ne se déroulauit en aucune manière de la même façon au centre d'Oran qu'à sidi-chami ou Aïn-Séfra; le contexte des habitants de Médioni était diamétrallement opposé à celui de la Place des Victoires. Tout ceci explique que chacun porte jugement justement par rapport au contexte dans lequel il a évolué. Mais c'est sa vérité.<br /> <br /> Il faudrai évoquer également la perception des évènements par quelqu'un qui a été touché dans sa chair et celui qui a eu la chance de passer au travers. Les données sont également totalement différentes et les points de vue aussi.<br /> <br /> Enfin je te rejoins quant au film de Charly bien que les interwiewés d'Alicante m'aient quelque peu choqué par leurs propos. A écouter et à analyser!.<br /> <br /> Je concluerai en maintenant que nous avons été un Peuple dans sa globalité tel que l'on nous a décrit:"Hableur, tchacheur". N'oublions pas qu'en 1962 nombre de Pieds-Noirs ont raconté n'importe quoi sur la vie qu'ils menaient en Algérie; n'oublions pas que les Enrico, Hanin et toute la clique nous ont desservi et qui s'est opposé à ce que ce soit eux qui se veulent les représentants des Pieds-Noirs? Personne.<br /> <br /> Si nous en sommes là aujourd'hui c'estr justement à cause de toutes ces carences auxquelles nous n'avons pas été foutu de faire face.<br /> <br /> Le Peuple Arménien deux fois moins nombreux que nous a su, lui, s'imposer.<br /> <br /> regis.guillem@hotmail.fr
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J
Chère Jacqueline . Des centaines , des milliers de compatriotes se sont impliqués dans cette tache si lourde comme une chape de plomb. Que faire de plus !! <br /> <br /> je disais à un ami que nous avons manqué de prises de positions claires mais surtout , nous n'avons pas été fermes ni déterminés. <br /> <br /> Les cimetières, les indemnisations, le devoir de mémoire, Notre Histoire, le sauvetage de notre culture.... tout ces beaux thèmes de réflexion ont été aneantis par l'égoisme et le m'a tu vu de certaines assos et certains compatriotes. Peu de gens ont travaillé pour le bien commun.Nous en payons l'addition aujourd'hui!!!!!
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S
Je voudrais renchérir sur les propos de Jacqueline.<br /> <br /> Nous arrivons enfin à une curiosité des Français et viendra ensuite les autres peuples sur le drame de ce conflit d'Algérie, qui reste encore après 50 ans, une profonde blessure. Les historiens ont enfin accès aux archives qui sont nombreuses. Les contre-vérités commencent à tomber, les mensonges sont dénoncés. Les méchants pieds-noirs et l'horrible armée Française, se révèlent ne pas mériter leurs réputations.<br /> <br /> Des mots forts tombent : génocide, élimination ethnique envers les européens d'Algérie, et les musulmans fidèles à la France. Le tribunal de l'histoire est peut-être en marche. Les assassins du FLN et consort, manipulateurs avec la collaboration des traîtres français, vont avoir de plus en plus de mal à faire passer leurs ignominies, la vérité est en marche. Ils s'agitent, et seuls les collabos y croient encore.<br /> <br /> L'histoire a été tronquée pendant 50 ans, il faut rétablir la vérité complète, maintenant ! .... pour l'honneur des pieds-noirs, pour nos frères musulmans fidèles à la France qui ont sacrifiés, pour notre Armée. <br /> <br /> Les livres d'histoire des élèves français doivent retrouver leur neutralité laïque. De nombreuses générations ont appris des mensonges horribles sur l'Algérie dite colonialiste. Il leur a été caché les raisons du débarquement de 1930 pour arrêter le marché des esclaves chrétiens depuis trois siècles, l'incroyable développement des infrastructures qui n'existaient pas, en 130 ans, la générosité de ces colons et de la France envers les autochtones qui a multiplié par dix leur population grâce aux soins médicaux, et à l'éducation. Cette période de la France en Algérie a été incroyablement bénéfique, comme rarement dans l'histoire de ce monde. <br /> <br /> Aussi, je renie toute repentance en mon nom, et j'invite tous les pieds noirs et les soldats de France, qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans à le faire<br /> <br /> Jacqueline a raison, quelque soit les tendances politiques des uns et des autres, ne laissons pas récupérer par un camp politique notre histoire, dont les derniers survivants vont devoir tourner la dernière page. <br /> <br /> Encourageons les historiens à faire leur travail. <br /> <br /> Dénonçons les mensonges des collabos et des mafieux, qui veulent encore récupérer l'histoire pour en tirer abusivement des avantages, et y entretenir chez les jeunes générations de Français, la culpabilité et chez les jeunes musulmans la rancune sur des mensonges.<br /> <br /> Il faut dénoncer l'ignominie du pouvoir français en place à l' époque, dont le dédain de leurs compatriotes et des fidèles à France, les ont laissés massacrer au nom d'un égocentrisme démesuré, et de leurs intérêts électoraux. Si Pétain a été un grand homme lors de la 1ère guerre mondiale, il s'est déshonoré à la seconde, si le grand charles par la taille s'est distingué durant la deuxième guerre mondiale (et encore, à l'abri), il s'est déshonoré avec l'Algérie.<br /> <br /> Tant de pieds noirs n'ont pas écrit leurs témoignages, qu'ils vont faire défaut après leur départ. Ecrivez, relatez, réunissez les preuves, documents, photos, classez, le travail de regroupement des preuves n'est pas terminé.<br /> <br /> L'honneur des martyrs et des sacrifiés doit être inscrit dans le marbre de l'histoire.<br /> <br /> Starter
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M
Il me semble que vous avez raison de vouloir réaliser cette tache , je suis navré de ne voir personne s'impliquer dedans ! Avez-vous une idée pour la réaliser ? que faut-il faire ou entreprendre d'après vous pour réaliser cela ?
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T
Je suis un appelé...1956-1958...;Notre seule faute c'est de n'avoir pas laisser ce pays dans l'état ou nous l'avions trouvé en 1830............
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G
Madame, j'adhère pleinement en votre analyse car, bien que nous soyons nombreux à vouloir nous convaincre que là-bas "tout le monde il était beau, tout le monde il était gentil" est un leurre. Certes nous avons des responsabilités, ne serait-ce que par le fait que nous n'avons pas été capables d'être suffisamment soudés pour aider ceux qui, en perdant leur identité ont tout perdu pour notre Algérie. L'Algérie a été un pays plein de contradictions , l'Algérie du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest a été un pays aux multiples facettes. Les citadins n'ont en aucune manière vécu comme les ruraux et ceci se ressentait dans la vie commune entre les trois Communautés.<br /> <br /> Vous citez quelque historien (sic)dont je ne veux même pas écrire ses initiales qui narre l'histoire à sa façon. Nous aurions pu en un demi-siècle faire en sorte de nous faire connaitre sous notre véritable jour, mais voila notre unité n'a jamais été faite; je n'en évoquerais pas les raisons vous les avez partiellement évoquées.<br /> <br /> Il ne nous reste plus que "les yeux pour pleurer" à moins que nous ayons comme nos bons légionnaires à Camerone, un sursaut de combativité. Je vous salue madame. Régis Guillem
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