Nous appartenions surtout à la classe ouvrière. Nous étions composées de petits fonctionnaires, artisans et commerçants, dont le revenu moyen était bien inférieur à celui des Français métropolitains.
Très peu étaient des agriculteurs propriétaires et les très grandes fortunes se comptaient sur les doigts d’une seule main. Nous avons eu mal en quittant l’Algérie, très mal et nous avons eu encore plus mal en débarquant sur cette terre de France, inconnue pour la plupart d’entre nous. "France" qui se serait bien passée de tous ces "étranger" qui allaient quand même bouleverser un peu leurs habitudes.
Cette terre dont nous ne portions en fait qu’une citoyenneté, une simple carte d’identité Française insuffisante pour dire que nous étions d’abord des "Pieds-noirs" et surtout des Français d’Algérie à part entière.
Il est fort probable que l’on ne connaîtra jamais l’origine exacte du nom Pieds-Noirs et cela n’a finalement pas beaucoup d’importance car c’est surtout ce que les Français d’Algérie en ont fait depuis la fin des années 50 jusqu’à nos jours qui lui donne tout son sens désormais. C’est maintenant une expression profondément ancrée dans le langage et reconnue par les dictionnaires. Certains le regrettent et auraient préféré que le mot Algérien, qui avant les années 50 désignait les Français d’Algérie, continuât de s’appliquer aux « Pieds-Noirs ». Il est vrai que cette appellation a été récupérée par les habitants actuels de l’Algérie et que l’usage général la leur attribue.
Le mot « Algérie » est pourtant bien une création française, tiré du mot arabe « al djezaïr » qui signifie « les îles », et qui a servi à désigner ce territoire délimité en 1830 par la France.
Ils nous haïront jusqu’au dernier...
sept 2017
Question à un professeur enfant de Pied-noir: « Ce n’est pas trop dur d'avoir des parents PN avec tout ce qu'ils ont sur la conscience... ? »
Réponse affiché dans la salle des professeurs du lycée
Aux miens.
On aurait voulu que j'écrive "Famille, je vous hais".
L'école aurait voulu que je vous condamne.
Les politiques auraient voulu que je vous maudisse.
L'opinion, dans sa grande majorité, aurait voulu que je vous rejette.
Les intellectuels auraient voulu que je vous désavoue.
Les historiens auraient voulu que je vous désapprouve.
La France aurait voulu que je vous méprise.
Et nombreux sont malheureusement les enfants de Pieds-Noirs qui se sont laissés convaincre par ces discours culpabilisants.
Moi, je condamne, je maudis, je rejette, je désavoue, je désapprouve et je méprise tout ce joli monde.
Et, au contraire, j'écris en lettres d'or "Famille, je vous aime".
Vous avez été les victimes d'une trahison d’État, d'un abandon honteux, d'un exil douloureux, d'un "accueil" indigne.
Vous avez enduré quotidiennement, durant des années, les massacres, les enlèvements.
Vous avez dû abandonner le peu que vous possédiez pour sauver votre vie en rejoignant une patrie qui ne voulait pas de vous.
On vous a présentés, pour vous dénigrer, comme des nantis, vous dont la seule richesse était l'amour que vous portiez à vos familles.
Et ceux-là mêmes qui vous traitaient de "bougnoules" ou de "rats pas triés" ont essayé de vous faire passer pour des racistes.
Mais vous avez relevé la tête et vous avez construit une nouvelle vie, loin de votre ciel bleu, loin de vos amis, séparés pour toujours de vos disparus, exilés à jamais sur une terre étrangère, blessés depuis 55 ans.
Cette blessure vous me l'avez transmise, sans le vouloir, en essayant au contraire de me préserver de cette douleur indélébile.
Mais je suis fier d'être issu de vous.
Alors, encore une fois, "Famille, je vous aime".
Merci de m'avoir permis d'être un gosse de Pieds-Noirs.
Lionel Vivès-Diaz, fils de parents Oranais
ORIGINES DE LA COMMUNAUTE PIEDS-NOIRS
De René Mancho
Pied-Noir, mon frère...
Si t'as pris la valise et parfois le cercueil
Et que tu marches droit malgré tous ces écueils,
Dans les plis du Drapeau si t'as séché tes larmes
Et que vaincu mais fier t'as déposé les armes,
Si tu regardes devant sans oublier l'histoire
Et que de tes racines tu gardes la mémoire,
Si la vue d'une orange te transporte vers ailleurs
Où la vie était douce et pleine de chaleur,
Si tous ces morts pour rien hantent encore tes nuits
Et que parfois tu hurles pour pas qu'on les oublie,
Si tu penses à tes pères qui traçaient les sillons
Et arrosaient la graine de leur transpiration,
Si le soleil a fui mais qu'il est dans tes yeux
Et transforme ta voix en accent merveilleux,
Alors redresse-toi tu peux en être fier.
Maintenant j'en suis sûr,
T’es un Pied-Noir mon frère.
http://www.oran1954.com/
De Camille Bender décembre 1962
On était simplement des Français d'Algérie,
Balancés n' importe où, dans l’amère patrie
Par un vieux galonné, sénile psychopathe,
On était simplement des Français d'Algérie...
Et durant les 2 guerres, nos morts ont jalonné
Tous les champs de bataille, de France ou d'Italie,
Il a tout oublié, le pédant galonné,
Le trop bouffi d’orgueil et de sombre folie,
On était simplement des Français d'Algérie...
Pour nous, pas de discours et pas d’accueil en France
Nos vieux ont attendu plusieurs jours sur les quais,
Sans aide ni pitié, noyés d’indifférence,
L’ogre de Colombey avait ses préférences
Et il nous méprisait, lui et tous ses laquais
On était simplement des Français d'Algérie...
Mais on s’est relevé à force de courage
Charlot s’en est allé au royaume éternel,
Heureux de son exploit, de son choix criminel,
Il restera pour nous le triste personnage
Qui n’aimait pas du tout les Français d'Algérie !
Les années ont passé sur nos joies et nos peines,
On a refait nos vies sur fond de nostalgie,
Les souvenirs au cœur et sans démagogie,
Insensibles aux appels et au chant des sirènes,
On est sorti vainqueurs du combat des arènes
Pour demeurer toujours. Des FRANÇAIS D’ALGÉRIE !
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