LES FIGUES DE BARBARIE OU CHUMBOS

     La figue de Barbarie a la peau pleine d'épines

     Et malgré les pépins, sa chair est appréciée.

     Par de nombreux friands qui se lèchent les babines.

     J'aime à croire que ce fruit, seuls de vrais initiés.

     Aiment à le déguster et ceux qui le mangent pas

     Ignorent combien il est suave et bien sucré.

     Nous Français d'Algérie, l'avions adopté là-bas

     Et depuis notre exode, pour nous il est sacré.

     Bien sûr, il nous rappelle notre pays perdu.

     Gravé dans ma mémoire, le marchand ambulant,

     Avec son bourricot, était le bienvenu.

     Cet Arabe pas bien jeune annonçait en hurlant :

     Chumbos, higos de pala! vendus à l'unité.

     On se précipitait pour acheter ces fruits

     Que le vendeur pelait avec dextérité.

     Le chumbo, je l'adore, c'est mon fruit favori.

     Ici dans l'Hexagone, j'en mange assez souvent

     Quand arrive la saison mais ce n'est pas pareil.

     Ce qu'il me manque surtout, c'est le milieu ambiant.

     Ma "madeleine de Proust", ce cadeau du soleil.

     Qui me fait traverser la Méditerranée,

     Me renvoie en pensée à ma tendre enfance.

     Celui que je mange ici n'est qu'un succédané,

     Mais immanquablement c'est à là-bas que je pense.

 Jean-Paul Ruiz 14/03/2018  

Retour Poèmes de Jean-Paul.

Comments

[aspro2]

salut monsieur RUIZ , le figue barbarie ou le chumbos comme vous dites est comme les algériens ,en dedans ils sont très sucrés mais en dehors pleins d'épines qui se défendent dès que quelqu'un veut les spolier ou prendre leur dignité , mais bon sans rancune avec ceux qui aiment encore l'algérie ,je t'enverrai moi personnellement de très bons chumbos si vous le souhaitez et des meilleures ceux de dernière saison comme on appelle ici le chatoui, salut algérien

[Robert ANDRES]

Mes figues de Barbarie.



Oui, tôt le matin lorsque la rosée s’étale en cristal,

Je m’en vais furtivement avec mon panier de sisal.

Sans bruit, j’évite que nul ne me surprenne de si bonne heure

Partant à la cueillette de ces figues barbares gonflées de liqueur.



Je vais livrer une vraie bataille au sein de ces plantes bizarres,

Toutes biscornues, aux ombres de la peur et du cauchemar.

Il faut jouer de contorsions pour se faufiler entre elles.

Ne pas se piquer sur ces milliers d’épines en est la règle.



Je suis entouré de fantômes immobiles gardiens de fruits,

Prêts à m’égratigner au moindre petit mouvement fortuit.

Leurs fleurs d’un jaune sublime cherchent déjà les rayons du soleil,

Et offrent leurs cœurs poilus aux longues trompes suceuses des abeilles.



Mes yeux remplis de mille lumières d’un lever oriental,

Se plissent pour distinguer les bourgeons de mon futur régal.

Minutieusement, je les cueille un à un sans moindre excuse,

Mon égoïsme de gourmand me pousse simplement à la ruse.



Mon récipient tressé, repus de ces intrus piquants

Embaume le sillage du retour d’un parfum prenant.

Je vole sur ce chemin de caillasse protégeant mon butin,

Pressé de déguster cette chair graineuse sans les pépins.



Robert ANDRES

[Lucie]

Merci M. Jean Paul Ruiz pour votre magnifique poème qui nous transporte dans notre beau pays natal à travers ces fameuses figues de barbarie ou chumbos.

Sans oublier la délicieuse calentica encore chaude que le marchand ambulant assailli par mes cousins et moi même nous enveloppait dans un papier.

Eh oui, nous garderons toujours en nous ces merveilleux souvenirs.

Cordialement.

[Catherine]

Oui c'est vrai, la figue de barbarie que les amis Algériens appellent "karmouss", en plus qu'il soit suave a des avantages pour le bon fonctionnement de notre estomac.

Mais, que l'auteur de cette merveilleuse poésie qui rappelle le bon vieux temps quand nous étions là-bas, Qu'il nous parle d'autres attirances quand nous étions jeunes: Le beignet appelé là-bas "Sfendj" (sucré ou naturel) que nous achetions avec une simple pièce de 5 centimes, ou alors : les poids chiches enrobés appelés "lablabi" ...

Tout çà était merveilleux.

C'était le temps du jasmin qui parfumait la cour ou la ruelle et...de tant d'autres choses encore et encore.

Tous ces plaisirs nous ont glissés des mains si nous n'avions pas été blousés par les nôtres qui croyaient si bien faire.

Je préfère clore ce que j'ai à dire alors que ma mémoire est bourrée de souvenirs de jeunesse. Mon coeur bat plus vite quand je m'en souviens.



Une vieille mamie qui vous embrasse

[LUBRANO]

Les " tchoumbos " et les " margaillons " étaient pour moi un délice.

[Serpelaï Gila]

Magnifique cette ode au fruit préféré des Oranais.