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19 juillet 2017

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Par Monsieur Lionel VIVES-DIAZ

LOMBEZ, le 16 juillet 2017

A Monsieur le Président de la République

Palais de l’Élysée

55 rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 Paris

 

Monsieur le Président de la République,

            Ce jour, 16 juillet 2017, vous participiez aux commémorations du 75ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Nécessaire travail de mémoire afin d’éviter les balbutiements de l’Histoire.

            Le 10 juin dernier, vous étiez présent à Oradour-sur-Glane pour le 73ème anniversaire de cette épouvantable tuerie. Là encore, indispensable rappel de ce que peut être la barbarie humaine.

            Et pourtant, entre ces deux dates tragiques, un autre dramatique anniversaire a été passé sous silence, celui de l’effroyable boucherie du 5 juillet 1962 à Oran où des centaines, sans doute même des milliers, de Français d’Algérie ont été sauvagement massacrés sans que l’armée française, pourtant en nombre dans la ville, ne s’interpose, sur ordre du sommet de l’État.

            Nulle commémoration officielle, nul hommage de la Nation à ces innombrables innocentes victimes civiles.

            Qu’avaient donc fait ces pauvres gens pour être ainsi oubliés, niés, effacés de la mémoire collective ? Être Français sur une terre qui, elle, n’était plus française depuis deux jours ? Être la tache sanglante sur un État qui avait refusé de les protéger et de les sauver ? Être des « criminels de guerre » comme vous l’avez suggéré dans votre déclaration à Alger le 13 février dernier ?

            Monsieur le Président de la République, à Oran, mon grand-père paternel était ouvrier typographe, mon grand-père maternel était inspecteur de police. Ma grand-mère paternelle tenait une minuscule épicerie et ma grand-mère maternelle était serveuse au mess des officiers de la base aérienne de La Sénia.

            Les miens s’étaient installés en Algérie, arrivant d’Alsace en 1870 pour rester Français, ou fuyant l’Espagne et l’Italie pour échapper à la misère et ne pas voir leurs enfants mourir de faim. Un siècle plus tard, en 1962, l’État français n’a pas tenu la promesse qu’il leur avait faite, promesse réitérée, et tout aussi vite oubliée, par un certain général De Gaulle le 4 juin 1958 au Forum d’Alger.

            Monsieur le Président de la République, les miens n’étaient pas des « salauds » ni des citoyens de second ordre qu’on pouvait ainsi noyer dans le mouvement de décolonisation des années 1950/60.

            J’ai 52 ans… j’ai toujours vu mes proches souffrir, en silence, tout autant des drames vécus que d’avoir été voués aux gémonies par une opinion publique et un gouvernement qui ne voulaient pas d’eux. Non qu’ils aient fait quelque chose de mal mais parce qu’ils sont le remord vivant d’une ancienne puissance coloniale, les boucs émissaires de la présence française, devenue indésirable, en Algérie. Et pourtant… les miens ont participé au débarquement de Provence en août 1944… ils y ont été accueillis en libérateurs. Dix-huit ans plus tard, sur les mêmes plages, ils ont été reçus aux cris de « Les Pieds-Noirs à la mer »…

            Monsieur le Président de la République, pour en revenir au 5 juillet 1962 à Oran, pouvez-vous imaginer ce que représentent, pour les familles de disparus, 55 ans d’attente, sans savoir ce qu’est devenu un proche, une mère, un frère, une grand-mère, un père, un enfant… ?

            La France, dont vous présidez actuellement aux destinées, sortirait grandie si elle acceptait de faire la lumière sur cette tragédie. Et je parle de vies humaines, d’êtres de chair et de sang qui aimaient, qui rêvaient, qui vivaient, non de chiffres ou de statistiques froides.

            Monsieur le Président de la République, pour plagier Martin Gray, je vous demande « au nom de tous les miens » de faire diligenter une enquête sur les événements du 5 juillet 1962 à Oran afin que tous ces morts, tous ces disparus, martyrisés pour avoir cru en la parole de la France, ne restent pas éternellement des fantômes bafoués de l’Histoire.

            Vous seul avez ce pouvoir. Permettez à tous les rescapés de l’horreur que sont les Français d’Algérie de partir l’esprit en paix. Ils n’ont que trop souffert.

            Car il faudra bien, les faits sont têtus, que ces événements sortent à la lumière. Émile Zola écrivait : « Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. »

            Je sais donc que la chape de plomb sous laquelle est enfouie la tragédie du 5 juillet 1962 à Oran volera un jour en éclats. Mais sans doute trop tard pour que les derniers survivants en soient témoins. N’est-il pas aussi de votre responsabilité de leur offrir le réconfort de cette reconnaissance dès à présent, en toute sérénité, sans acrimonie et sans haine ?

            Veuillez considérer ce courrier comme la bouteille à la mer d’un « gosse de Pieds-Noirs » qui ne supporte plus, au quotidien, de voir la souffrance des siens.

           Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes douloureuses salutations.

Lionel VIVES-DIAZ @ Lvtlse31@aol.com

Retour listes de tous les dossiers 5 juillet 1962 

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14 juillet 2017

EXODUS - IL Y A 70 ANS

Une délégation du Gouvernement Provisoire Pied-Noir en exil s'est joint à ses frères Juifs à l'occasion de la célébration du 70ème anniversaire du départ de l'Exodus pour la terre Promise.

Il y a 70 ans, l'Exodus quittait Sète avec à son bord 4 554 rescapés de la Shoah

Exodus_1947

L’Exodus 1947

Memorial Exodus 1947

A Sète, on commémorait ce dimanche 9 juillet les 70 ans du départ de l'Exodus.

1

            La rencontre avec des témoins directs et indirects de l'époque, organisée en vue de la célébration du 70e anniversaire de l'Exodus, ce bateau parti de Sète avec 4454 juifs à son bord le 11 juillet 1947, aura attiré une foule de journalistes. Preuve qu'il est des pans de l'Histoire qui restent et resteront probablement toujours lancinants.

2

VINCENT ANDORRA

            "Je ne suis qu'un simple participant involontaire. à l'époque, on nous avait juste demandé de travailler au plus simple et au plus rapide, sans nous donner de noms ni de but. Ce n'est que plus tard que nous avons compris", raconte André Aversa, charpentier marin, "survivant parmi les survivants", qui avait participé à l'aménagement du bâtiment de croisière avec des couchettes, le faisant alors passer de quelques centaines de places à plusieurs milliers.

Un départ hâtif

            "C'était juste quatre planches et quatre montants, il y en avait partout, mais les gens y ont quand même dormis à plusieurs", se souvient encore l'homme aujourd'hui âgé de 90 ans. "Je ne sais pas si beaucoup de Sétois ont travaillé sur ce chantier, mais ce dont je me souviens c'est que nous n'avions pas eu le temps de terminer le chantier". Preuve que le bateau avait levé l'encre à la hâte ce 11 juillet 1947.

3

VINCENT ANDORRA

            "On ne pouvait pas dormir dans les fameux lits que monsieur a fait, ils étaient trop étroits et sentaient mauvais", commentera par la suite Yossi Bayor, faisant rire toute l'assistance, après avoir raconté, comment lui, Hongrois né en 1931, avait traversé les affres de la guerre et des camps, perdant sa mère trois jours seulement avant la libération pour finalement arriver en France, à Marseille, en 1947. Conduit ensuite à Sète par camions, en juillet, gonflé d'espoirs d'exil qui s'échoueront aux portes de la terre promise.

            Sur l'Exodus, malgré la promiscuité, "aucune dispute majeure n'a éclaté durant les cinq jours de traversée. Tout le monde était organisé et discipliné", se souvient celui qui était alors âgé de 16 ans à peine. "Nous venions de traverser l'enfer, nous étions prêts à tout pour quitter le vieux continent".

L'horreur dans l'horreur

            Daniel Levy, "encore dans le ventre de ma mère à cette époque" et Izac Rozman, né plus tard en Israël, ont également livré leur version de témoins indirects de cette aventure, racontant comment leurs parents avaient également embarqué sur le bateau. Des témoignages qui se sont rejoints au moment d'évoquer les dernières heures de navigation de l'Exodus, arraisonné par des navires britanniques à 27 km seulement des côtes palestiniennes après une bataille rangée de 3 h qui aura fait trois morts et des centaines de blessés. Des familles toutes entière se défendant à coups de jets de bouteilles, boîtes de conserves, pommes de terre et autres projectiles.

4

Ils sont les derniers témoins du début de l'exode sioniste.

VINCENT ANDORRA

            À ce moment-là, "la véritable horreur pour eux n'aura pas été d'échouer si près du but, ni même d'être refoulés vers la France (Port-de-Bouc), alors qu'ils pensaient être envoyés à Chypre. La véritable tragédie fut, après avoir passé plusieurs semaines emprisonnés à quai dans trois bateaux cages à Port-de-Bouc, d'être finalement renvoyés en Allemagne pour être à nouveau internés dans des camps, près de Lübeck", livrera ensuite Michèle Hassoun, assistante-réalisatrice du film Nous étions l'Exodus. Une horreur que certains pourraient croire sans fin si Izac Rozman n'avait pas conclu citant son père, sept petits-enfants et onze arrières petits- enfants à son actif, décédé il y a trois ans. "J'ai fondé un foyer, j'ai gagné !"

Pour consulter le dossier source et les vidéos voir l'article du midi-libre du 9/7/2017

Retour "Tous les articles"

 

14 juillet 2017

HOMMAGE DU 5 JUILLET 2017

Il y a des lieux en France non couvert par des journaux régionaux ainsi dans l'intimité du cimetière saint Augutre de Coulonieix-Chamiers près de Périgueux l'amicale des Pieds Noirs de Dordogne était là aussi pour se recueillir face à la stèle érigée en hommage aux rapatriés d'Algérie.

Juillet 1962 1

Juillet 1962 2

Juillet 1962 3

Guy Regazzacci énonça cet hommage en tant qu'adhérent de l'Amicale des Pieds Noirs de Dordogne. Le président de l’amicale en titre est Georges Bocquel mais Marcel Lopez qui est le co-président actuel le remplacera à la tête de l'amicale l'an prochain.

Chers compatriotes, chers amis.

Nous sommes ici réunis pour commémorer ce jour maudit; le 5 juillet 1962 à Oran.

Nous étions déjà abandonnés à notre sort, lâchés par le pouvoir gaulliste et ses serviles serviteurs. La désinformation avait fait son œuvre et la grande majorité des Français n’accordaient aucune valeur à ces Pieds Noirs qui n’étaient bons qu’à faire tuer de jeunes soldats métropolitains.

Qu’ils aillent au diable et se réadapter ailleurs dixit l’ancien maire de Marseille Gaston Deferre.

Nous savions que le FLN était capable des pires atrocités, cela depuis le début de la fin. Mais nous faisions encore confiance à notre armée. Nous les Pieds Noirs qui avions tant donné à la mère patrie depuis la conquête de l’Algérie. Nous nous sommes battus aux cotés de nos camarades musulmans sur tous les fronts de la Crimée en passant par Verdun, Douaumont puis en Tunisie, Italie et en débarquant en masse en Provence et jusqu’à Strasbourg. Puis ce fut l’Indochine et enfin l’Algérie où cette armée que nous admirions tant a mis à genoux le FLN.

Mais, celui-ci voulait asseoir son pouvoir à tout prix et en ce jour, le 5 juillet 1962, commença la chasse aux blancs, aux européens, hommes, femmes et enfants furent pourchassés, rassemblés et tués dans les conditions abominables qui dépassent l’entendement sans parler des innombrables disparus. Il est préférable de na pas relater leur calvaire tant il est difficile de supporter ces récits.

L’armée Française forte de 12.000 hommes à Oran même et de 6.000 de plus aux environs immédiats avait l’ordre de rester l’arme aux pieds et de n’intervenir sous aucun prétexte. Les demandes des chefs de corps pour demander à l’état-major d’intervenir sont restées vaines. Nous n’avions plus aucune valeur aux yeux du pouvoir, aux yeux d’un général imbu de sa personne et prêt à tout pour lâcher définitivement cette terre qui nous a vus naitre et qui était Française depuis 132 ans.

Le boucher d’Oran, le général Katz, fidèle serviteur, a tenu bon et a interdit toute intervention alors que les accords d’Évian stipulaient que notre armée pouvait et devait porter assistance à ses ressortissants lorsqu’ils étaient en danger.

Ce jour sombre comme celui du 26 mars 1962 à Alger est marqué à jamais dans notre mémoire comme la date du 12 mai pour les Harkis. Ils furent 1500 à être assassinés ou portés disparus.

Mais, seuls les Pieds Noirs, en France connaissent ces tragédies.

Certains et nous les connaissons, comme pour les Harkis veulent minorer ces chiffres comme si cela allait enlever le sang sur les mains de nos dirigeants de l’époque.

A ce sujet, monsieur René Gehrig, consul général de Suisse à Oran présent dans cette ville jusqu’au 10 juillet, qui a échappé à 3 reprises à la mort en ce 5 juillet, déclare entre autre :

"Ils enlevaient ou tuaient sur place, tous les Européens qu'ils rencontraient. Ce jour-là, entre 11 et 15 heures, il y aurait eu, ainsi, plus de 4000 morts ou disparus. Chiffres avancés, ultérieurement, par diverses sources, généralement bien informées".

Ces massacres auraient pu être plus importants sans certaines initiatives individuelles. Un seul officier Français, le lieutenant Rabah Khélif a osé braver les ordres, il est intervenu avec ses hommes, sauvant ainsi des centaines d’Oranais.

Mis aux arrêts et convoqué par le général Katz, celui-ci lui dit : "Si vous n’étiez pas Arabe, je vous casserais"

Le gouverneur général de l’Algérie jusqu’en 1958, Robert Lacoste, déclare : "De gaulle a fini la guerre d’Algérie comme un charcutier".

Il aurait pu dire comme un boucher, cela aurait été plus juste.

Pour comprendre pourquoi cet homme s’est comporté ainsi, il suffit de citer quelque uns de ses propos qui d’ailleurs, pour certains, relèveraient actuellement des tribunaux.

Je cite :

"L’intérêt de la France a cessé de se confondre avec celui des Pieds Noirs..."

"Les Harkis et les Pieds Noirs font partie du boulet dont il faudrait se délester..."

"Qu’est ce que tous ces Fernandez, ces Lopez et autres Segura qui se voudraient Français..."

"Ils vous intéressent, vous, ces Mohamed et se ces Hernandez..."

"Ces Lopez, Fernandez ne feront jamais de bons Français..."

En parlant du général Edmond Jouhaud : "Ce n’est pas un Français comme vous et moi, c’est un Pieds Noirs..."

Cet homme détestait les Pieds Noirs et les Arabes.

Quand verrons-nous un président de la République Française aller se recueillir sur les tombes des martyrs de l’Algérie Française.

Jusqu’à présent, la plupart ont préféré faire allégeance à nos ex ennemis, toujours au pouvoir en Algérie depuis 55 ans, pourquoi ? Je vous laisse juges.

Les Pieds Noirs et les Harkis ne sont-il pas des Français à part entière, à priori non! Notre sang n’a-t-il pas assez coulé pour la patrie?

C’est pour cela qu’il faut continuer à se battre pour que soit reconnu notre abandon ainsi que les drames subis par notre communauté, Pieds Noirs et Harkis confondus.

Merci.

Guy Regazzacci

Retour COMMEMORATIONS DU 5 JUILLET 1962

10 juillet 2017

ORAN LE 5 JUILLET 1962 PAR GERARD ROSENZWEIG

Pour l'histoire encore et toujours pour l'histoire le massacre censuré

Jeudi 5 juillet 1962, cinq heures du matin.

            Le jour commence à se lever sur Oran. Il devrait faire très chaud. Un souffle de sirocco vient de franchir la barrière des hauts plateaux et se laisse glisser vers la mer. Comme le reste du pays, la ville a voté l’indépendance le dimanche 1er juillet.  Celle-ci est effective depuis le 3. Les festivités populaires sont pour la journée du 5. C’est une rumeur insistante qui l’annonce, de rue en rue, de quartier en quartier. Sur les 200 000 Oranais français d’origine européenne, dont 30 000 de religion juive, sont encore là environ 40 000 personnes, hommes, femmes et enfants mêlés. Peut-être moins. Dans des conditions matérielles inimaginables, les autres ont déjà pris le terrible et définitif chemin de l’exil…

            Quarante mille vivants, mais dont deux-tiers sont pris au piège du manque de moyens de transport. Et pour cause le gouvernement gaulliste n’a pas ajouté la moindre rotation de navire ou d’avion pour répondre à l’immense et prévisible torrent des départs, les pieds-noirs ne sont pas les bienvenus. Mais l’ont-ils jamais été, hors en 1914 -1918  et 1944-1945?

            Les abords de l’aéroport de La Sénia et la zone portuaire sont ainsi devenus des lieux d’entassement, de désordre indescriptible et de désespoir. Le chaos humanitaire s’ajoute au chaos militaire. Paris a choisi de l’ignorer. Restent donc quelques milliers d’Oranais pieds-noirs qui, volontairement, n’ont pas encore quitté leur terre natale. Eux ont choisi d’attendre et voir («Tout va peut-être rapidement s’améliorer… »), par opportunisme personnel, ou craignant pour leur entreprise, leur commerce ou leurs biens.

            Les vieillards isolés aussi, qui n’ont plus la force de partir vers une terre que pour la plupart ils ne connaissent pas. Ou plus volontairement encore pour quelques centaines d’entre eux. Ces derniers sont logiques avec eux-mêmes et le choix politique qui les a conduits à soutenir plus ou moins activement le FLN. Pour eux, bientôt, le mirage d’une carte d’identité algérienne. Ceux que l’on appellera plus tard les « pieds-verts ».  Un pour cent des Français d’Algérie. Officiellement, la guerre est stoppée.

5 juillet 1962.

            Depuis plus de trois mois, et contre toute évidence, la guerre est officiellement terminée. L’armée française qui a stoppé unilatéralement toute action militaire depuis le 19 mars à midi, ne protège plus la population civile européenne. Encore plus qu’avant, les pieds-noirs sont ainsi livrés depuis ce jour de défaite et de deuil, aux innombrables attentats aveugles du FLN  et aux enlèvements qui augmentent en flèche. Désormais seule, face aux tueurs FLN et l’inflexibilité du parjure, l’OAS fondée à la mi-1961. Ses commandos ont poursuivi le combat contre l’inéluctable. A un contre dix. Contre le FLN et les forces françaises devenus désormais alliés contre nature.  Le gigantesque incendie du port pétrolier est le point final de cette guerre dans la guerre. "Collines" et "Autonomes" ont quitté Oran pour l’Espagne dès le 26 juin. L’Organisation Armée Secrète n’est plus, et avec elle son rêve de conserver l’Algérie à la France. Il ne reste plus un seul de ses quelques centaines de jeunes hommes survivants d’une année d’ultra-violences, et durant laquelle comme à Alger ils se sont battus contre le sanglant terrorisme FLN, et l’impitoyable répression d’une armée française dirigée contre un million de civils français désarmés. Ces Français dits « d’Algérie »…

Revue

            De ces commandos oranais,  la moitié d’entre eux est tombée les armes à la main en moins de douze mois. Et majoritairement face aux balles de l’armée française et de la terrible et tortionnaire gendarmerie mobile. Impitoyable et aveugle répression dirigée contre ces petits blancs coupables d’avoir cru  jusqu’au bout au « Vive l’Algérie française » crié devant 100 000 personnes le 4 juin 1958 à Mostaganem à 90 km à l’est d’Oran, et par le Général de Gaulle lui-même. Le Général-parjure. Le chaos a tout dévoré.

            Entre un monde qui vient de mourir et celui qui ne lui a pas encore succédé, vient de s’ouvrir une béance d’apocalypse où le pire et l’impossible deviennent ordinaires. Malgré l’apparence, plus aucune structure officielle ne fonctionne. Bien à l’abri dans ses cantonnements urbains, l’armée française observe et ne bouge plus. Pour la seule ville, 16 000 hommes en armes et leurs officiers, réduits sur ordre au déshonneur.

            Oran-la-Française, Oran-la-Rebelle finit de mourir.

            Sept heures. Le soleil est déjà haut. Santa-Cruz, son fort et sa basilique vont tenter une dernière fois de veiller sur les survivants. La nuit n’a pas été calme malgré les rues désertées. Pas de fusillades, pas d’explosions, et pourtant peu nombreux sont ceux qui ont pu dormir. Les bruits les plus contradictoires se font entendre partout. Une tension de plus en plus palpable a précédé le progressif envahissement des avenues et des boulevards par une foule déchaînée. Même les murs ont peur.

            Cette tension qui monte, peu à peu se fait tintamarre. Tandis que le centre-ville tarde à s’ouvrir au présent, les faubourgs surpeuplés se répandent dans les rues étroites. Direction le centre. Depuis deux jours le bled a investi Oran pour y célébrer l’indépendance et matérialiser la victoire sur la France.

            La ville entre en ébullition. La couronne de quartiers périphériques entre progressivement en ébullition. Ébullition de joies et de triomphe politique, modérée d’incertitudes soigneusement provoquées et entretenues par des meneurs du FLN.

            Comme l’annonce l’une de leurs banderoles : « L’indépendance n’est qu’une étape »… Mais pour qui œuvrent-ils ? Pour le clan Ben Bella ou celui du seul Boumediene et son armée des frontières? Pour l’un des multiples courants d’un gouvernement provisoire de la République algérienne déjà dépassé ? Pour l’un ou l’autre des nombreux clans avides de pouvoir ? Nul ne le sait. Et cela n’a pas d’importance, le peuple algérien triomphe pour quelques jours encore tandis que chaque faction veut démontrer l’incompétence de l’autre et confisquer à son bénéfice les rênes du pouvoir naissant.

            Le Maroc n’est pas loin, et «Radio Trottoir» assure que l’armée des frontières fonce depuis cette nuit dans la direction de cette capitale de l’Ouest algérien… Capitale dont le contrôle lui ouvrira ensuite la route d’Alger et d’un pouvoir à prendre.

            Huit heures. Une chaleur qui s’annonce étouffante et lourde va s’infiltrer partout. Le soleil déjà écrase la ville. Les faubourgs commencent leur lente descente vers le centre-ville. Médioni, Lamur, Victor-Hugo, Ville-Nouvelle, le Village-Nègre, le sanguinaire quartier des Planteurs, Eckmühl… Des dizaines de milliers d’Algériens, ivres de joie et de vengeance, déferlent vers le centre. Dans toutes les bouches, les cris, les slogans révolutionnaires et les chants de mort se mêlent en un charivari de violence et de transe. Cette marée humaine se retrouve progressivement aux portes des quartiers à dominante européenne.

            Entre neuf heures et dix heures, trois points névralgiques sont investis : par la rue d’Oujda, la rue de Tlemcen et le boulevard du 2ème Zouaves, dix mille manifestants surexcités convergent vers la place Karguentah. Le lieu est devenu politiquement symbolique  même si les pieds-noirs l’ignorent, la vaste place ovale est dominée par l’étrange bâtiment nommé «Maison du colon». En Algérie, jusqu’en 1962, «colon» est le titre de noblesse de celui qui travaille une terre difficile. Après 1962, ce sera autre chose… C’est donc l’équivalent d’une Maison des agriculteurs…

            Dans Le Minotaure  ou la halte d’Oran,  Albert Camus a longuement brocardé ce bâtiment très original et de belle taille, mais à l’architecture inclassable et surprenante. Son faîte en forme de coupe renversée domine la cohue vociférante. A quelques centaines de mètres, au terme du boulevard de Mascara et du boulevard Joffre, la place d’Armes vaste espace arboré bordé de bâtiments officiels est maintenant noyée elle aussi d’une masse humaine maintenant déchaînée, hurlant et gesticulant. De rares meneurs en civil commissaires politiques s’y sont infiltrés, et tentent là aussi d’amplifier et diriger cette puissance que plus rien ne pourra bientôt contenir.

            Là aussi, deux ou trois dizaines de milliers d’hommes jeunes surtout, excités par les you-you stridents des femmes. Cette mer humaine se répartit entre la mairie et sa façade de mini-Versailles, le remarquable et gracieux théâtre municipal construit au début du siècle,  et enfin le Cercle militaire,  mess des officiers où des centaines de soldats français sont retranchés sur ordre. Ils savent qu’ils ne bougeront pas. « Quoi qu’il arrive », comme cela a été décidé à l’Élysée. Et puis, dernier lieu symbolique un peu plus bas vers cette avenue du Général-Leclerc qui mène vers le cœur urbain de la place des Victoires, le square Jeanne d’Arc au pied des escaliers de la cathédrale, à la façade de style néo-mauresque.

            Là aussi enfin, une foule gigantesque occupe tout ce qui peut l’être et entoure la statue équestre de la Pucelle. Celle-ci, toute dorée des sabots jusqu’à l’épée inclinée vers le sol, élève depuis trente et un ans son visage vers le ciel.  Encore quelques instants, puis escaladée par les plus agiles, elle va se retrouver porteuse d’un immense drapeau vert et blanc.

            Le triangle de la mort prend forme. Le triangle de la mort est ainsi tracé et scellé. Le décor est en place. Il ne manque plus que les trois coups d’une prévisible et inévitable tragédie…  Trois coups bientôt frappés à la porte du malheur… Le rideau va se lever sur le plus grand massacre de civils de toute la guerre d’Algérie. Et dont pourtant celle-ci ne fut pas avare.

            Aussi étrange que cela puisse paraître aujourd’hui, de nombreux pieds-noirs marchent sans crainte au milieu de cette foule. Oran la populaire se maintient fidèle à sa vieille tradition cosmopolite. Depuis toujours, dans l’Oran populaire, on cohabitait, on était voisin, la pauvreté partagée était le meilleur lien… Les derniers Oranais français observent, certains se réjouissent, d’autres tentent de rejoindre leur lieu de travail par volonté ou habitude.

            Avec le temps, ils se sont habitués aux attentats aveugles, aux grenades, aux brusques fusillades, aux bombes du FLN, aux attaques brutales des groupes OAS, aux mitrailleuses 12,7 et aux canons de 37 de l’armée française. La guerre et la mort n’ont pas réussi à empêcher ce peuple d’âme espagnole à continuer de vivre. Et puis, cette guerre qui n’a jamais dit son nom, n’est-elle pas finie depuis plus de trois mois ?

L’armée française l’a placardé partout ; ce doit donc être vrai puisqu’elle l’affirme. Et puis, et puis elle est bien toujours là, c’est donc bien que tout va rentrer dans l’ordre. L’Oranais n’est pas avare de contradictions…

Une détonation et la ville s’embrase.


Onze heures.

Ou quelques minutes avant. Place Karguentah. Soudain un coup de feu, parti d’on ne sait où, suivi de plusieurs autres. Quelqu’un est tombé. La panique. Des cris, des hurlements, des doigts se tendent selon un automatisme parfait. «La Maison du colon! C’est là! C’est là! L’OAS! C’est l’OAS!»


Presque à la même seconde, devant la cathédrale, même tir, mêmes doigts qui se tendent, eux, vers les balcons des immeubles proches, mêmes cris, «C’est l’OAS! C’est l’OAS!» Le massacre peut enfin commencer. En quelques secondes, c’est la chasse à l’homme blanc. D’abord vont mourir ces Européens présents parmi la foule. Les couteaux jaillissent des poches, des pistolets, des cordes, des haches, des ongles de femmes, de lourdes et tranchantes pierres toutes bien préparées… Le double abattoir qui vient simultanément de s’ouvrir va engloutir en quelques minutes les premières dizaines de victimes. L’horreur ne peut se décrire… Place de la cathédrale, place Karguentah, on tue. On tue comme on chante, on tue comme on respire. Malheur au blanc et à tout ce qui s’en rapproche. Place d’Armes,  les manifestants, après de multiples égorgements, font maintenant des prisonniers. Tout ce qui montre allure européenne, vêtements, visages, langage, tout est capturé, dépouillé, roué de coups, blessé.  Malheur au blanc et à tout ce qui s’en rapproche. Là aussi, des dizaines et des dizaines d’hommes, de femmes ou d’enfants  touchent à leur dernier jour.  La ville n’est plus qu’une clameur multiple de cris de mourants, de pogroms et de haine brutale.

            La contagion est instantanée : en moins d’une heure le massacre pousse ses métastases partout et s’organise selon d’épouvantables modes. Ici, on tue à la chaîne. Là, c’est à l’unité, à la famille.  En quelques lieux, le sang a envahi les caniveaux. Ailleurs, on assassine, on démembre, on violente, on blesse pour faire plus longtemps souffrir, le parent meurt devant le parent provisoirement épargné.

Douze heures trente.

             La place d’Armes est devenue maintenant un lieu de détention et de transit. Tandis qu’à cinquante mètres, à l’abri du Cercle militaire et des arbres qui le dissimulent, les soldats français ne peuvent pas ne pas entendre l’affreux concert de mort qui va durer jusqu’à dix-sept heures. Plus connu sous le nom de «Boucher d’Oran», le général Katz  nommé à cette fonction par un autre général-président, effectuera même à cette heure-là un rapide survol en hélicoptère. Sans rien repérer de particulier certifiera-t-il, sinon quelques attroupements et défilés de manifestants joyeux. «Ne craignez rien, mon Général, aucun imprévu notable dans cette ville où vous avez prononcé l’un de vos meilleurs discours, et qui vous a tant acclamé… » ! «Mort aux Roumis!», «Mort aux Youdis!»

Treize heures.

              Place d’Armes toujours. Des camions militaires se présentent et s’alignent. Dans les premiers, on entasse ceux des prisonniers qui tiennent encore debout. Les autres sont chargés de cadavres. De dizaines et de dizaines de cadavres jetés les uns sur les autres. Ces camions proviennent des Établissements du Matériel de l’armée française. Camions que celle-ci a remis depuis le 19 mars au FLN  pour la logistique de la force locale chargée d’effectuer la transition et le maintien de l’ordre. Tous se dirigent vers le sinistre quartier du Petit Lac. Où les vivants sont atrocement massacrés, et tous les corps enfouis dans d’innommables charniers rapidement ouverts à la pelleteuse, ou au fond de ces marigots d’eau salée et putride qui lui ont donné son nom.

Treize heures.

            L’horreur couvre maintenant toute la ville. Partout des chasses à l’homme menées aux cris de «Mort aux Roumis!», «Mort aux Youdis!». Les tueurs sont innombrables. Ici, on égorge une famille. Un peu plus loin, une autre est fusillée contre un mur déjà balafré de sang.  Là, on arrête les voitures, les occupants blancs meurent ou prennent la direction du Petit Lac tandis que la voiture est volée ou incendiée.  Ailleurs, des groupes déchaînés pénètrent dans les immeubles, éventrent les portes et tuent tout ce qui est pied-noir.  Ailleurs encore, un vieil homme est jeté du haut de son balcon. Plus loin une femme court et tente inutilement d’échapper à ses poursuivants. Des groupes indistincts d’hommes et de femmes, les mains en l’air,  sont conduits à pied vers le commissariat central, ou un autre lieu de détention qui deviendra vite lieu de mort. Peu de coups de feu. Beaucoup de cris d’agonie. Des hurlements, des ordres encore. Des poursuites. Des hangars, des gymnases, des dépôts commerciaux deviennent lieux de détention. Détention très provisoire.  Et durant ces heures maudites,  les mêmes camions poursuivent leur lent travail de noria et d’effacement des traces. C’est ainsi qu’au quartier de la Marine proche de la Calère, plus d’une centaine de «suspects» sont regroupés dans un vaste local duquel ils seront libérés, leur a-t-on dit, après vérification de leur identité. Il n’y aura pas un survivant. Tous disparaissent à jamais.

Quinze heures.

             Un bref accrochage a lieu sur l’esplanade de la gare, tandis que finit de se consumer à même le sol  le corps d’un homme jeune qui a longtemps hurlé. L’accrochage est le fait d’une section de soldats français menée par un jeune officier qui sans le savoir va tenter à lui seul de sauver l’honneur d’une armée déshonorée. Sa section reprend ainsi un petit groupe de prisonniers conduit à pied vers leur destin. De la même façon, plus bas vers le centre, un lieutenant courageux va ravir plus d’une dizaine d’otages européens en passe de disparaître dans les sous-sols du commissariat central.

Une bouteille à la mer.

Quinze heures encore.

            Place de la Bastille. Dans le bâtiment de la Grande Poste, plus précisément dans la partie occupée par le central téléphonique relié à la métropole, se trouvent encore des téléphonistes dont une majorité de jeunes femmes.  Celles-ci ont lancé un appel au secours sur les fréquences internationales.  Comme on lance une dernière bouteille à la mer. Cet appel aurait été capté par un navire anglais qui l’aurait amplifié et transmis vers le Nord-Méditerranée.  Mais cet appel a aussi été capté  par les radios de l’armée FLN des frontières. Ses hommes viennent d’encercler le bâtiment et l’investissent. La plupart des occupants sont tués sur place. Les survivants chargés sur leurs véhicules pour disparaître à jamais. Là aussi, nul ne sera jamais retrouvé. Même le dieu des chrétiens abandonne les siens. Les églises n’ont su protéger les quelques fuyards éperdus qui espéraient y trouver refuge. La grande synagogue du boulevard Joffre n’a pu faire mieux. «Mort aux Youdis!» « Mort aux Roumis! ». Çà et là, cependant, de très rares prisonniers échappent au massacre. Le hasard, autre nom du destin, fait passer un Algérien musulman près d’un groupe de vivants provisoires. Celui-ci y reconnaît un voisin, un ami, un employeur, une femme, quelqu’un qu’il connaît peut-être depuis l’enfance. Si l’homme a réussi à convaincre exécuteurs ou garde-chiourmes, un homme est épargné, une femme revit. Ces retours de l’enfer restent hélas rarissimes.

Dix-sept heures. Ou un peu avant.

            Les rumeurs internationales commencent à se faire trop insistantes. Les questions des capitales affluent vers Paris. « Que se passe-t-il à Oran? »   Est-ce là la seule cause du changement d’attitude? Soudain, de plusieurs casernes simultanément, surgissent des patrouilles armées  et quelques blindés. Un corps militaire FLN se joint à elles. Le secret politique ne livrera rien des rapides accrochages, des rares échanges de feu. Le calme est rétabli dans l’heure qui suit. Même les bourreaux ont besoin de repos. Mais si cette réaction reste bien timide, elle suffit pourtant à stopper les massacres et ses tragédies. L’ALN publie aussitôt un communiqué affirmant que l’ordre est rétabli dans Oran et que les ennemis de la révolution algérienne ne sont pas parvenus à leurs fins. « Des meneurs, disent-ils, ont été arrêtés et seront jugés et punis par les tribunaux de la République algérienne démocratique et populaire.  Le couvre-feu est instauré à partir du coucher du soleil à 19h 55. Mais pas pour tout le monde. Pendant la nuit, les mêmes camions  nettoient la ville de ses derniers cadavres et effacent les traces et les preuves du carnage. La gendarmerie mobile française prend quelques photos des derniers entassements de cadavres. Ces photos sont introuvables. Le 6 juillet, rien n’y paraît plus.

            Le 6 juillet, la ville est propre. Même si  ça et là, quelques tueurs sont encore à l’œuvre. Les journalistes français présents sortent des bâtiments militaires où la France a assuré leur protection. Mais il n’y a plus rien à voir, ils peuvent circuler… Dans les jours qui suivent, des hélicoptères français ramèneront d’indiscutables clichés, pris au-dessus du Petit Lac, et montrant de multiples et longues fosses parallèles en passe d’être refermées.  L’Algérie nouvelle vient de naître. Son acte de naissance est paraphé des sept cents noms des victimes françaises, sacrifiées sur l’autel du Vent de l’Histoire et celui de l’anticolonialisme. 55 ans après, un bilan reste difficile à établir. Sans doute entre sept cents et mille deux cents morts. L’administration française, la civile aussi bien que la militaire a tout fait pour que la vérité ne puisse sortir du puits qu’elle a contribué à fermer avec l’aide active des différents pouvoirs algériens.

            Le pouvoir gaulliste ne peut être coupable...  Le pouvoir algérien non plus...  L’amitié franco-algérienne est intouchable. Cette perversion du silence fonctionne toujours aujourd’hui, ardemment soutenue par la gauche française.  D’abord, il fut question de 25 morts (Général Katz).  Puis d’une petite centaine, un an plus tard  et dans la presse parisienne. Ce nombre a plafonné ensuite à 325, pendant quarante ans, de 1970 à 2010. Sans listes nominatives précises ni recherches réelles. Il a fallu la volonté et l’obstination d’un chercheur historien pour pouvoir rompre « à titre exceptionnel» le secret des archives officielles françaises, et découvrir dans l’épouvante et l’horreur, la réalité de la tragédie du 5 juillet 1962 à Oran.

            Raison d’État... un millier de morts au minimum. A 95% les corps n’ont jamais été retrouvés. C’est à dire qu’ils n’ont jamais été recherchés. La France et son allié l’Algérie ne pouvant être soupçonnées d’assassinats collectifs et de complicité. Cela se nomme «raison d’État». Aujourd’hui encore et pour le nombre, rien n’est sûr, rien n’est prouvé. Seuls savent les pieds-noirs d’Oran et les vieux Algériens qui se souviennent et en parlent discrètement encore entre eux. Le sujet est devenu une bombe à retardement politique  qui finira inéluctablement par exploser. Mais les neufs cents du 5 juillet 1962 ne sont qu’une partie d’un bilan encore plus lourd. Après la signature des accords dits d’Évian, et ne pouvant poursuivre les assassinats de pieds-noirs avec la même liberté qu’auparavant, le FLN a développé une terrible politique d’enlèvements. Pour briser, chez ce peuple, la volonté de se maintenir. Et lui imposer la seule alternative,  celle de « la valise ou du cercueil…». De ce funeste mois de mars 1962 jusqu’à mars 1963, il y a eu plus de 2 000 enlèvements effectués sur cette part de la population française. Des blédards surtout, des petits blancs qui refusaient de perdre cette terre qu’ils aimaient et qui avait été leur patrie. Parmi eux, quelques centaines ont été libérés vivants, quelques dizaines de corps retrouvés. Les autres avec ceux du 5 juillet 1962, ont désormais leurs noms gravés sur le Mur des Disparus à Perpignan.  Tel qu’il est écrit à l’entrée du monument : «C’est ici leur premier et ultime tombeau»… Combien de temps va-t-il encore falloir attendre  pour que ce jour affreux trouvent enfin la page toujours blanche qui l’attend dans les livres d’histoire? Combien de temps va-t-il encore falloir attendre pour que soient sondés les charniers du Petit Lac? Combien de temps va-t-il encore falloir attendre  pour que s’ouvrent toutes les archives, et que la France ait la grandeur de reconnaître sa complicité  dans ce crime d’abandon de son propre peuple? Et, comme pour ceux d’Oradour-sur-Glane, recevoir en son sein la mémoire de ces Disparus qui n’avaient cessé de croire en elle. Oui, combien de temps encore?

Gérard Rosenzweig

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10 juillet 2017

ORAN… 5 JUILLET 1962 - LE GÉNOCIDE

ORAN… 5 JUILLET 1962
LE GÉNOCIDE

VF-185 Oran, le 5 juillet 1962

 

« J’écris dans ce pays que le sang défigure qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies, une halle à tous vents que la grêle inaugure, une ruine où la mort s’exerce aux osselets. » (Louis Aragon – « François la Terreur »)

TOUS LES DOSSIERS

RÉVÉLATION DU PERE BOZ SUR LA PROVOCATION DU 5 JUILLET 62

VOULOIR PACIFIER LES MÉMOIRES (L’HISTORIEN Bernard LUGAN)

APRÈS LA RECONNAISSANCE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

LE PRÉSIDENT MACRON NE SE DÉNIE PAS

OUVERTURE DES ARCHIVES JUDICIAIRES D'ALGÉRIE

NATURE DE LA GUERRE D'ALGÉRIE

ALGÉRIE 1962 SUR LA FORCE LOCALE EN GÉNÉRAL

RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE SUR LA JOURNÉE DU 5 JUILLET 62 à ORAN

OFFENSIVE DÉCOLONIALISTE DE l'ALGÉRIE

EN MARGE DU RAPPORT STORA SUR LE CONTENTIEUX FRANCO-ALGÉRIEN

Remarques sur les travaux de B.Stora remis au président de la république Emmanuel MACRON

CE QUE L'ON OUBLIE SOUVENT SUR L 'ORIGINE DE LA COLONISATION DE L'ALGÉRIE

DÉCOLONISATIONS DU SANG ET DES LARMES

DE GAULLE ET LE PROBLÈME ALGÉRIEN

PROPOSITION DE LOI DU 27 SEPTEMBRE 2017

VIDÉOS à propos du 5 juillet 1962

ENQUETES DE JEAN-FRANCOIS PAYA

CE QUE L'ON OUBLIE SOUVENT SUR L'ORIGINE DE LA COLONISATION DE L'ALGÉRIE

SYNTHESE DU MASSACRE D'ORAN DU 5 JUILLET 1962

ORAN 5 JUILLET 1962 - DERNIER TEMOIGNAGE

ORAN LE 5 JUILLET 1962 PAR GERARD ROSENZWEIG

 

PROPOSITION DE LOI DU 16 JUILLET 2013

ORAN LE 5 JUILLET 62 - CONCLUSIONS DU GROUPE DE RECHERCHES

ORAN JEUDI 5 JUILLET 1962 - ADDITIFS

LA MATANZA DE ORAN - 5 DE JULIO DE 1962

PÉTITION INTERNATIONALE

TEMOIGNAGES 5 juillet 1962

JUILLET 2017 - LETTRE OUVERTE A MONSIEUR MACRON PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

COMMEMORATIONS DU 5 JUILLET 1962

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6 juillet 2017

JEAN-JACQUES SUSINI

Les uns après les autres nous quittent. iL s'en est allé ce lundi 3 juillet, Jean-Jacques Susini, créateur en février 1961 à Madrid de l'OAS, avec Salan (†), Lagaillarde (†) et Ortiz (†). Ses obsèques auront lieu demain vendredi à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

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Par Manuel Gomez du 5 juillet 2017

            Jean-Jacques SUSINI, l’un des derniers « patriotes » de l’Algérie Française, membre fondateur de l’OAS, nous a quittés ce 3 juillet 2017.

            Je l’ai rencontré pour la première fois derrière les barricades d’Alger, en janvier 1960, elles avaient été organisées par lui-même en compagnie de Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz.

            Né à Alger le 30 juillet 1933, son père, qui était cheminot, fut le fondateur de Force Ouvrière Algérie et ne cachait pas son attachement à l’indépendance du pays.

            Jean-Jacques était alors président de l’Association Générale des Étudiants d’Algérie.

            Arrêté après la reddition des barricades et transféré à la prison de la Santé, à Paris, il profitera d’une permission de sortie pour s’évader et rejoindre l’Espagne.

            Je l’ai retrouvé à Madrid, en mars 1961, lorsque je me suis rendu, sur ordre de M. Georges Bidault, afin de lui rendre compte de la création de l’OAS (Organisation Armée Secrète), à laquelle Susini participait avec le général Raoul Salan, Pierre Lagaillarde, Joseph Ortiz, le capitaine Ferrandi et quelques autres.

            Jean-Jacques Susini rejoindra Alger, en compagnie du général Salan et du capitaine Ferrandi, le lendemain de la naissance du « putsch des généraux », donc le 23 avril 1961.

SusiniOAS

            Il sera membre du Conseil Supérieur de l’OAS avec le général Gardy, le colonel Godart, le colonel Gardes et le docteur Jean-Claude Pérez.

            Susini sera chargé de diriger le service d’action psychologique. Il ne démentira pas ses contacts au plus haut niveau de l’Etat français et la complicité des services de contre-espionnage.

            Il jouera un rôle très important lors des derniers jours de l’OAS, et de l’Algérie française, en rencontrant les principaux représentants du FLN, Abderrahmane Farès et Chawki Mostefaï, missionnés par le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, qui acceptaient de reconnaître l’OAS comme unique « porte-parole » des Européens d’Algérie et cela contre l’avis des autres membres du Conseil qui estimaient, à juste titre, qu’il s’agissait de négociations sans avenir.

            Manipulé très certainement par Jacques Chevalier, le très libéral maire d’Alger (qui se convertira à la religion musulmane, après l’indépendance) « sous-marin » de la CIA et de Washington qui refusaient de voir l’Algérie indépendante tombée immédiatement sous le joug des Russes.

            Une trêve des attentats est instaurée dès le 1er juin 1962, après un accord total mais elle est sans lendemain car ces deux responsables du FLN sont mis sur la touche par Ben Bella et l’état-major de l’ALN qui prend les commandes et c’est la reprise de la « terre brûlée » jusqu’à la dernière heure.

            Jean-Jacques Susini fuit alors en Italie, le 20 juillet 1962, où il se « cachera » durant 5 années sous une fausse identité. Il est présumé être l’organisateur, avec Gilles Buscia, de l’attentat manqué contre de Gaulle, en août 1964 au Mont-Faron, près de Toulon.

            Par deux fois il sera condamné à mort par contumace par la Cour de sûreté de l’état.

            Quand on lui posa la question, lors de son procès : pourquoi vouloir attenter à la vie du général, vous qui avez été un fervent gaulliste et membre du RPF ? Susini répondit : « parce qu’il a été le responsable de tout ce qui nous est arrivé car nous avons cru en sa parole ».

            Amnistié une première fois, en 1968, par de Gaulle, Susini est arrêté en mars 1970, pour une affaire assez trouble d’attaque dans le but de récupérer une partie du « trésor » de l’OAS, il sera acquitté par la Cour d’Assises des Bouches-du-Rhône, après 16 mois de détention provisoire.

Dès sa libération, il est de nouveau interpellé en octobre 1972 car suspecté d’avoir enlevé le colonel Raymond Gorel, ex-trésorier de l’OAS, il sera une nouvelle fois acquitté après une détention provisoire de deux années.

            Et définitivement amnistié, en 1981, par François Mitterrand.

Manuel Gomez

Voir aussi "Les États-Unis auraient apporté leur soutien à l'OAS en 1962" (Documents déclassifiés)

Réponse à une lectrice de Riposte Laïque sur la réalité de l’OAS

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2 juillet 2017

GERYVILLE

Ville d'altitude culmine à 1376 mètres, poste militaire fondé en 1852 sur ordre du Général Pelissier avec la construction d'un fort. La 1ère pierre fut posée le 25 novembre 1852.

En décembre 1853 le Général Pelissier dans une lettre au lieutenant Segretain, ordonnait que le poste s'appellera Géryville du nom du Colonel Gery qui avait fait une incursion en 1843 à El-Bayadh qui fut un Ksar et la Tour détachée se nommera Deligny.

Après avoir été Poste, Annexe, Commune Mixte, Commune et sous préfecture en 1962.

Commune de 32 000 km² s'étendait du Chott Ech Chergui à l'Erg occidental avec 46 000 nomades d'origine arabe, 7 000 ksouriens berbères et de 7 500 à 10 000 à Géryville centre dont beaucoup de militaires.

L'alfa a fait la prospérité de la cité entre les deux guerres elle en fit le centre alfatier le plus important d'Afrique du Nord. Cette plante unique donnait un papier de qualité de renommée mondiale.

Le premier directeur des écoles communales de filles et de garçons a eu son fils, enseignant comme lui, tué au champ d'honneur en 1916. Son portrait existait encore en 1962, accroché au mur au-dessus de la chaire du maître. Source encyclopedie-afn

La région est aussi riche en sites préhistoriques. Les figurations y sont essentiellement animalières (bubales, panthères, antilopes) mais plusieurs représentations humaines y sont associées. Elles ont été recensées et étudiées par notamment Henri Lhote et d'autres nombreux préhistoriens depuis la fin du XIXe siècle, .

Situation Geryville

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1 juillet 2017

GEORGES CLEMENCEAU

Le centre est créé en 1846 sous le nom de La Stidia (nom de la source Aïn Stidia) dans le département Oran arrondissement de Mostaganem

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